LE 7H50 d'Olivier Jalaguier : L'audit sur les ferias de la ville de Nîmes, "ça fait un peu pétard mouillé à 25 000 euros"
Dans le cadre de leur projet de territoire, Olivier Jalaguier et son groupe de réflexion ManiaNîmes ont dévoilé ces derniers mois seize propositions pour donner une nouvelle impulsion économique aux ferias de Nîmes. Après avoir analysé les résultats de l'audit commandé par la ville de Nîmes, le représentant de ManiaNîmes a souhaité réagir dans notre 7h50. Interview.
Objectif Gard : Quelle est votre première réaction après avoir découvert l'audit de la Ville ?
Olivier Jalaguier : Quand on voit que ManiaNîmes est cité, on ne peut qu'avoir une réaction de fierté. Le travail que nous avons accompli a été observé et c'est positif. Malheureusement, quand on rentre dans le détail, on tombe de notre chaise.
Qu'est-ce qui vous chagrine dans cet audit ?
Dans les 11 propositions mises en avant par ce cabinet conseil - et ce n'est pas M. Jalaguier qui vous parle mais ManiaNîmes -, il n'y a rien de nature à relancer économiquement la feria.
Mais ce n'était peut-être pas la volonté de la mairie ?
Peut-être pas. Mais quand on nous cite et quand on a le sentiment que l'on s'est inspiré de nos propositions pour, au final, ne même pas nous avoir appelé, c'est gênant. Et qu'est-ce que c'est que ces chiffres de 1,040 000 millions de visiteurs ? Tout cela n'existe pas ! On parle de visiteurs ou de flux de visiteurs ? Apparemment, l'audit s'est appuyé sur des données informatiques de l'Écusson élargi de Nîmes. Si je comprends bien, si j'habite Courbessac ou Caveirac et que je me déplace chaque jour sur les cinq jours de Feria, je vais être compté cinq fois ? C'est déjà cela qui mérite précision.
Pour vous, les chiffres sont faux ?
Faut m'expliquer, c'est tout ! Sur les 1 040 000 millions de visiteurs, on nous dit qu'il y a 400 000 visiteurs hors région. Faut donc bien loger toutes ces personnes. Sur le département du Gard, il y a à l'heure actuelle environ 5 000 chambres d'hôtels. À deux personnes par chambre, cela représente 10 000 personnes. Il y a 300 Airbnb à Nîmes. Donc, sur le même principe, cela fait 600 personnes de plus. Enfin, si je pars du postulat que 10 000 nîmois vont loger des amis ou de la famille, je peux tirer jusqu'à 20 000 visiteurs. Mais on est très loin des 400 000. Y'a donc un problème.
Ce que vous reprochez surtout c'est l'absence de concertation pour mener cet audit ?
La Chambre de commerce m'a mandaté pour réaliser un observatoire économique de la Feria. Nous avons donc un instrument fiable. Personne ne nous a consulté, je le regrette. Idem pour ManiaNîmes. On a l'impression qu'ils veulent jouer projet contre projet sauf que ne leur ne propose rien de révolutionnaire. Ça fait un peu pétard mouillé à 25 000 euros (prix payé par la Ville au cabinet d'audit, NDLR). De notre côté, l'étude a coûté zéro euro.
Pour vous, finalement, tout est a jeter dans cet audit ?
Je ne dit pas qu'il n'y a rien à garder mais soyons honnête. On veut débriefer les corridas du jour au Musée des cultures taurines. Les clubs taurins le font déjà. En plus le lieu porte à confusion car tu es juge et partie. Les codes couleurs vestimentaires, pourquoi pas ? Je ne suis pas sûr que cela rencontre le succès d'autant que ce n'est pas leur idée mais celle de l'association Les Gens de Nîmes qui ne sont même pas cités. Pour réussir ce pari vestimentaire, il faut d'abord réussir l'unité de la population Nîmoise et ce n'est pas le cas. Dans le Sud-Ouest, le peuple est engagé dans les traditions car c'est culturel. Les gamins apprennent la musique dès leur plus jeune âge comme ils apprennent le rugby ou le Toro. À Nîmes, on est loin de cette démarche. Cet audit pose donc un problème fondamental de méthode.
Propos recueillis par Abdel Samari