Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 11.05.2021 - corentin-migoule - 3 min  - vu 30255 fois

LES PLANTIERS Journée de terreur en Cévennes

Le pont de Bourgnolles entre Saumane et Les Plantiers fermé à la circulation tout au long de la journée. (Photo C.M)

À l'occasion d'une conférence de presse donnée en fin d'après-midi, le procureur de la République d’Alès, François Schneider, accompagné par le colonel Bertrand Michel notamment, a fait le point sur la situation au village des Plantiers suite au double homicide survenu ce jour dans la matinée. L'individu qui a tué son patron et un autre employé de la scierie Teissonnière est toujours en fuite.

C'est une journée d'horreur qui s'est déroulée aux Plantiers ce mardi 11 mai. Paisible commune de 250 âmes, jamais la localité n'aurait pu s'imaginer connaître pareil fait divers. Après plusieurs heures sans donner de nouvelles concernant l'avancée des recherches du fugitif, prétendument retranché dans la forêt, le procureur de la République d'Alès, François Schneider, a retracé les faits devant la presse en fin d'après-midi, à partir des dires du seul témoin direct du double homicide.

"Ce mardi, vers 8 heures du matin, trois employés d'une scierie sont arrivés sur leur lieu de travail, a d'abord introduit François Schneider. L'un d'entre eux n'a pas salué son patron. Ce dernier le lui a fait remarquer, gentiment, sans difficulté particulière. À ce moment-là, le mis en cause a sorti une arme de poing et a ouvert le feu, tuant son patron directement de plusieurs balles dans la tête."  Et le magistrat de préciser dans la foulée : "Un des employés a tenté de s'interposer, il lui a aussi tiré dessus." 

C'est un second employé présent sur les lieux, auquel l'assaillant a choisi de laisser la vie sauve, qui a pu s'enfuir et donner l'alerter à la police nationale aux alentours de 8 heures 30. "Dans le même temps, le mis en cause s'est rendu chez lui en voiture où il aurait récupéré une arme et serait reparti à pied dans la forêt muni du pistolet automatique qui a servi au double meurtre ainsi qu'une autre arme à déterminer", a développé le procureur de la République d'Alès.

Un déploiement massif pour l'instant vain

Le tireur présumé est "un tireur sportif qui disposait d'un permis de détention d'arme pour l'arme utilisée". L'individu "est connu par le parquet essentiellement pour une série de plaintes déposées pour des différends l'opposant à l'ancien maire des Plantiers". Des plaintes classées sans suite alors que dans le même temps, le mis en cause "devait faire l'objet prochainement de poursuites devant le tribunal correctionnel pour des faits d'atteinte à la vie privée", ce dernier ayant enregistré à leur insu des auditions réalisées par les gendarmes.

S'il n'était pas connu pour des faits de violence, François Schneider a tout de même relevé chez l'assaillant "un comportement assez inquiétant ces derniers temps, de type paranoïaque". Alors que les recherches se poursuivent dans cette zone boisée située au flanc du Mont Aigoual, la gendarmerie nationale "a d'abord mis d'importants moyens pour protéger la population", a quant à lui indiqué le colonel Bertrand Michel, qui commande la section de recherches de Nîmes.

Un déploiement massif a été mis en œuvre - des véhicules blindés, l'antenne GIGN d'Orange, le GIGN national et des moyens aériens conséquents - pour tenter de retrouver l'auteur de ce double meurtre, qui pourrait être requalifié ultérieurement en assassinat si la préméditation venait à être retenue, avant la nuit. "On est sur une phase beaucoup plus opérationnelle que judiciaire car les faits sont relativement limpides", voulait croire le colonel Michel, justifiant la difficulté des recherches par les spécificités des Cévennes où "les étendues boisées et assez escarpées sont nombreuses". Ainsi, les effectifs de gendarmerie se sont attachés en premier lieu à délimiter une zone de manière à "cerner" le mis en cause.

L'émotion avant la reconstruction

Élu maire des Plantiers au printemps dernier, Bernard Mounier, éreinté à l'issue d'une journée de terreur émotionnellement particulièrement éprouvante, a été le dernier à s'adresser à la presse. L'édile peinait à dissimuler son émoi à l'heure d'indiquer qu'il avait croisé le mis en cause ce matin, quelques minutes avant qu'il ne commette l'irréparable : "Il est passé en voiture devant la mairie et m'a fait un signe de la main pour me saluer", s'est-il notamment souvenu. Aussi, Bernard Mounier, qui ne "connaissait pas particulièrement" l'individu, a rappelé qu'il a été un employé de mairie. "Je sais qu'il est l'époux de l'une de mes salariées puisqu'en plus d'être maire je suis président d'un CCAS", a enfin commenté le premier magistrat des Plantiers.

Ému, ce dernier, qui a passé une partie de la journée aux côtés des proches des victimes, leur annonçant notamment "la terrible nouvelle", se dit "responsable du jour d'après" aux Plantiers et s'inquiète "de la reconstitution du tissu social" au sein d'une commune réputée pour son caractère paisible marqué par une forte proximité entre ses habitants. À l'heure où nous écrivons ces lignes, et alors que la nuit est en train de tomber, la chasse à l'homme se poursuit.

Corentin Migoule

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