NÎMES EN FERIA Antonio Ferrera gracie un toro de Robert Margé
Antonio Ferrera avait décidé de s'envoyer seul six toros de la ganaderia de Robert Margé afin de préparer sa prochaine lubie, un autre solo mais à Madrid cette fois. Indulto d'un excellent toro, Gamus, de Margé et deux oreilles symboliques pour Antonio Ferrera.
Une corrida de clôture est toujours compliquée à monter. Les gradins sont souvent parsemés, les intérêts diffèrent et le public n'est pas toujours là. Pour l'occasion, l'empresa a voulu créer un événement purement destiné aux aficionados les plus consciencieux, une corrida en solitaire.
Seul face à six toros, dans les têtes résonne le solo de Jose Tomas. Avec Antonio Ferrera, l'or brille moins mais le panache est aussi important. Spécialiste de la chose, le natif des îles Baléares e'st un peu fada. Ici, il a déjà fait tout mais jamais n'importe quoi. Ferrera est un passionné, il vit pour les toros et il nous l'a encore prouvé avec ce geste. n'oublions pas qu'il s'est présenté en France, à Nîmes en 1997 !
Il a tenu à toréer des toros français, en hommage au travail des ganaderos locaux. C'est Robert Margé et les siens qui ont été choisi. D'origines variées, Cebeda Gago, Nuñez del Cuvillo ou Santiago Domecq, les cornus de Fleury d'Aude transmettent et sont de nobles braves.
Six toros à affronter c'est une chose, six Margé c'en est une autre. Premier duel face à un bon petit exemplaire de la ganaderia. Bien au cheval comme à la muleta, il permet à Ferrera de se lancer et de commencer à dévoiler son jeu. Une main gauche en forme, des jambes bien positionnées mais pas plus, silence.
Le deuxième qui entre en piste est une peinture. Un toro sculpté, dessiné et bien armé. Du coup, le piquero se régale et le toro ne s'échappe pas sous le fer. Un bien joli combat dans le combat. En plus, Antonio Ferrera veut que les six toros soient piqués sous le palco, dans la longueur de la piste et avec un seul et unique picador sur scène. Antonio Ferrera ne trouve pas la faille, tente des bricole mais reste en-dessous du cornu. Quelques épars applaudissements tombent des gradins.
C'est maintenant que la course débute. Gamus, un toro mal "étiqueté" au panneau (N°62 au lieu de 162), va se venger et rentrera en vie dans les chiqueros. Mais avant cela, il se passera bien des choses ! Le toro déboule en piste, l'assemblée est séduite, Robert Margé, qui traînait non loin de là depuis le début de la course, se montre réellement pour la première fois. Il sent la chose arriver. Antonio Ferrera aussi. Il comprend qu'il a dans les mains un petit bijou de noblesse avec un réel fond de bravoure. C'est d'ailleurs le piquero local, Jean-Loup Aillet qui se charge de châtier Gamus qui répète ses assauts avec panache et vigueur. Sa charge est claire, ses intentions aussi. Aux banderilles comme lidiando, El Merenciano (Julien Breton), Nîmois, se fait une belle frayeur. Marc Antoine Romero assure un travail parfait. Ferrera, une fois qu'il entend des murmures s'élever des gradins, espère y arriver. Arriver à gracier un toro à Nîmes. Certains diront que cet indulto est du grand n'importe quoi... Pas ici ! Surtout quand on voit la suite des événements. Ferrera torée simplement, sans fioritures, il ne triche pas, il embarque Gamus dans quelques belles séries jusqu'à ce que le palco, composé de Frédéric Pastor, Sylvette Fayet et Antoine Roger, sorte le mouchoir orange synonyme d'indulto. Le toro répète, sa charge est inlassable, belle, allègre. Ferrera poursuit son effort mais se fait prendre alors qu'il réalise quelques sauts de grenouille. L'extravagant torero ne peut pas s'empêcher d'être lui-même et c'est tant mieux. El Merenciano raccompagne Gamus au toril, Ferrera est ému, Robert Margé en larmes. Les deux font le tour de piste et Ferrera reçoit deux oreilles symboliques.
Puis la course retombe d'un cran, non, de deux. Antonio Ferrera entendra le silence après un duel compliqué mais pour lequel il n'a pas trop forcé. Peut-être était-il encore sur son petit nuage ? Peut-être n'avait-il pas envie ? Il faut dire que le toro a reçu trois grosses piques dont une deuxième quasi assassine qui l'a éteint.
À nouveau le silence pour Ferrera qui n'en fera pas beaucoup plus que sur le toro précédent. L'Espagnol a les ressources physiques, la technique bien évidemment mais c'est l'inspiration qui lui échappe. Il tourne, il vire, il change de sitio, il regarde ailleurs, il revient pour repartir... Pire, son épée sera des plus détestables et le public qui, a vu, l'a sifflé.
Dernier de la course (après le changement d'un toro de Margé qui avait donc embarqué seulement six toros), un toro né le 24 décembre 2015... de chez Domingo Hernandez. On aurait pu croire qu'avec ce fer Ferrera oserait quelque chose de spectaculaire. Monter sur le cheval et piquer axe toro ? Même pas ! Il le banderillera tout de même après une demande expresse du public. Il propose à El Merenciano de partager les paires. Lui, le jeune qui fait partie de la cuadrilla des son idole pour la première fois. Lui, le Nîmois qui torée sa première corrida dans ses arènes. Quel beau moment de partage, quel souvenir ! Et quelle belle pose de banderilles ! Olé ! Silence pour un Antonio Ferrera qui ne fera pas plus et qui ne coupera pas la troisième oreille qui lui aurait permis de sortir a hombros par la Porte des Consuls.
Il sortir tout de même a hombros par celle des cuadrillas mais forcé par le banderillero Fernando Sanchez Martin qui l'embarque sur ses épaules. Ferrera est un peu gêné mais l'accepte. Un solo de six toros, un idulto avec les deux oreilles symboliques de ce seul bicho, c'est un peu court pour une telle sortie mais comment le reprocher ?