NÎMES Soirée électorale : entre rires et larmes, entre bonnes surprises et cruelles désillusions
Nîmes est une terre où la politique vit sa vie. Une vie différente ici qu'ailleurs mais les soirées électorales y sont souvent électriques et "chambreuses." Ça, c'était avant. Pour ce dimanche soir d'élection, peu de monde, peu d'ambiance, même chez les "vainqueurs."
Les résultats nîmois ? 90 232 inscrits, 62 675 votants, 705 votes blancs (1,12 %), 331 nuls (0,53 %). Dans l'ordre d'arrivée, Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise) est en tête et obtient 17 677 voix (28,68 %) devant Emmanuel Macron (LREM) avec 14 306 (20,14 %). Marine Le Pen (Rassemblement National), troisième, glane quant à elle 12 414 voix. Éric Zemmour (Reconquête) a rallié 6 078 (9,86 %) électeurs nîmois quand Valérie Pécresse (Les Républicains) n'en a séduit que 2 702 (4,38 %).
Après, la longue litanie se poursuit avec Yannick Jadot (Europe Ecologie Les Verts) à 2 659 électeurs (4,31 %), Fabien Roussel (Parti Communiste Français) à 1 781 (2,89 %), Jean Lassalle, lui, fait moins bien à Nîmes qu'en national car il n'a eu que 1 435 (2,33 %) électeurs dans la cité des Antonin mais c'est toujours mieux que les 1 022 (1,66 %) d'Anne Hidalgo (Parti Socialiste). Pour finir, Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) 986 (1,6 %), Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste) 338 (0,55%) et Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) 241 (0,39%).
Mélenchon fait encore mieux qu'en 2017 en récupérant dans son escarcelle plus de 2 000 électeurs. Macron grappille 200 électeurs de plus quand, dans le même temps, Le Pen en perd plus d'un millier. Pour les LR, quand François Fillon, en 2017, flirtait avec les 13 000 voici nîmoises, Pécresse chute radicalement à moins de 3 000.
Les partisans de Mélenchon... cocus mais contents
Ils se réunissaient au Café Olive, sur le boulevard Victor-Hugo, face au lycée Daudet. Ils sont heureux de la campagne que vient de faire leur candidat. Ils savourent l'instant mais s'inquiètent pour demain. Les partisans de Jean-Luc Mélenchon reviennent sur le score du leader de la France Insoumise.
"Je suis heureuse d'avoir voté Mélenchon ! Le vote utile aurait pu fonctionner, il aurait dû fonctionner. En tout cas et même si les chiffres sont encore à affiner, la première impression est bonne." La foule, présente, célèbre quand même la belle dynamique de campagne. "On s'est régalés ! On a fait du porte à porte, du tractage sur les marchés, on a fait tout ce que l'on a pu. Ça me rappelle ce que nous faisions avant avec les communistes mais maintenant, ils sont derrière nous !" plaisante sans plaisanter Nadine, admiratrice de Jean-Luc Mélenchon.
Zemmour part de rien mais chute de haut
Sophie, la vingtaine est en larmes. Des proches la consolent mais rien à faire, elle pleure. Non d'elle, une autre recrue est enveloppée dans un drapeau tricolore. Plus loin, un petit groupe réfléchit à la suite. "Il partait de rien et pourtant il fait mieux que Pécresse ou Jadot ! Je suis fière d'avoir choisi Éric, c'est un homme incroyable, un homme habité par quelque chose. Les Français ne s'en rendent pas encore compte mais il va changer notre pays. Ok, pas immédiatement mais dans cinq ans j'en suis sûre."
Ils sont encore une trentaine, à 21h, à être rassemblés au W, un restaurant situé au square de la Couronne. Pour un autre Éric, "On peut avoir des regrets. Si la campagne n'avait pas été déstabilisée par la guerre en Ukraine et si Macron était descendu dans l'arène, Zemmour l'aurait dévoré tout cru. Honnêtement je m'attendais à ce qu'il soit au second tour avec nous et qu'on l'oblige au débat ! Hélas, ça ne sera pas pour cette fois."
Le PCF et Fabien Roussel résistent
C'est au bar Le Prolé que les communistes se réunissaient fort logiquement pour parler de la campagne de leur Fabien Roussel national. Malgré la défaite et un score plus que décevant, le PCF se réjouit de ce premier tour et de cette campagne rondement menée par "la bonne personne."
"C'est la bonne personne. Je trouve que Fabien a fait une super campagne mais il est loin derrière... Si les Français se concentraient un peu sur les choses importantes, le pays changerait mais au point où nous en sommes cela me paraît impossible. Pourtant, j'y ai cru avec Fabien" avoue Maryline. Et quand on lui demande si l'union de la Gauche aurait pu l'emporter, sa réponse est double. "Bien sûr ! Il n'y a qu'à voir le bordel qu'il y a à Droite... D'Hidalgo à Poutou ou Arthaud en passant par Roussel et Mélenchon, c'est difficile d'avoir une seule et même ligne, un seul vrai grand projet. Je ne regrette rien car Mélenchon n'est pas l'homme providentiel, Hidalgo fait des choses bien pour un Paris qui n'existera que dans 20 ans, Arthaud et Poutou sont assez inaudibles et nous servent toujours leur lutte anticapitaliste... Je suis surprise par le joli score de Jean Lassalle et les bides de Pécresse et Jadot. Roussel était, pour moi, le candidat le plus juste, le plus logique, le plus naturel à Gauche."
Caché, Macron sort du bois et passe la ligne
Peu de monde au bar La Grande Bourse. Pourtant, c'est ici qu'il fallait être car le cheval Macron est arrivé loin devant au bout de la ligne droite. "Vous savez, je vais vous dire un secret... Nous, les militants macronistes, on ne nous entend pas mais nous sommes là, nous votons et nous gagnons. Pas besoin de gueuler ou de batailler dans tous les sens, il faut juste être dans le bon sillage, celui que les Français veulent."
Pour un jeune qui était en terrasse sans savoir qu'il partageait, en plus de son demi avec sa copine, le QG du vainqueur du premier tour, "Oui, ça me paraît logique que Macron arrive en tête. Je note quelque chose, les candidats qui ne parlent pas ne font pas d'erreur. Les français préfèrent les candidats calmes même si les extrêmes les attirent. Je suis persuadé que Macron va gagner contre Le Pen."
Pécresse laisse les siens dans la détresse
Autant dire que c'est la soupe à la grimace du côté des Républicains. En Mairie, dégun ou presque. Les rares personnes présentes sont là pour assurer la sécurité, pour finir le dépouillement ou pour être au plus proche des élus réunis en conciliabule non loin du bureau du maire.
Aux abords de la Mairie Émilie est claire. "Je pensais que Valérie Pécresse allait être la première femme présidente de la république française, tranquille. Après son premier meeting, je me suis étonnée de la voir partie en lambeaux. Mais j'y croyais encore. Le mois dernier a été plutôt intéressant pour sa campagne, elle a donné un autre visage à voir mais je pense que les gens sont restés sur leur première impression..." Face à elle Ludovic reprend, "C'est exactement ça, habituellement je vote LR mais là, je n'ai même pas pu alors que j'ai dit à tout le monde que j'allais le faire... Je n'y croyais pas un instant, elle n'a jamais incarné la personne qu'elle aurait dû être. Si nous, militants, nous ne l'imaginions pas à ce poste, comment le Français lambda aurait pu ?"