NÎMES Suicide au tribunal : "l'incroyable sang-froid" d'une agent de sécurité
"Maître, mettez-vous à l'abri et dites à vos confrères de ne pas sortir dans la salle des pas perdus". Cette phrase prononcée par une agent de sécurité résonne encore dans la tête de maître Arnaud Lemoine, un avocat du barreau de Nîmes.
Dans le rôle d'avertisseur et de vigie du palais de justice, une dame, agent de sécurité, qui gardait l'accès à la cour d'appel le vendredi 12 juin dernier. Il est un peu plus de 8h ce matin là lorsqu'un homme est parvenu à pénétrer par une entrée du personnel avec une arme et des munitions. Il cherche des "magistrats mafieux", et plus particulièrement un d'entre-eux. Cet homme qui a les diplômes de notaire mais qui n'est pas parvenu à prendre la suite de son père décédé, a multiplié les recours devant la justice et les a tous perdus. C'est en désespéré qu'il a accédé par les coulisses à la cour d'appel à la recherche d'un juge.
Lorsqu'il fait irruption dans les lieux, il croise un huissier, des greffières, mais c'est avec l'employée de sécurité qu'il va rester le plus longtemps. "Vous êtes qui", lui demande cette dame surprise par l'irruption de cet homme. "Je ne suis personne. Je me suis fais escroquer", lui répond-il.
"Cette agent de sécurité m'a impressionné par son incroyable sang-froid. Elle faisait face à un homme armé d'un fusil à pompe, muni d'une cartouchière et de nombreuses balles, et elle est venue m'avertir du danger extrême avec calme avant de repartir prendre son poste et faire face toute seule à cet homme", poursuit l'avocat Nîmois, qui avertira ensuite ses confrères de rester dans les bureaux de l'ordre.
"On ne savait pas à qui on avait à faire, et si d'autres individus étaient armés dans le palais. Quelques instants plus tard, on a entendu une détonation sans savoir sur qui il avait tiré. J'ai immédiatement pensé à cette dame de la sécurité. Lorsque je la reverrai, j'irai la féliciter et lui témoigner mon respect total. Elle a eu une attitude exemplaire, grâce à elle on a évité un carnage", complète l'avocat dithyrambique sur l'attitude et le calme permanent de cette femme chargée de la surveillance du palais pour une société privée.
"Elle prévenait et pensait aux autres dans un moment de confusion extrême. Elle demandait de se mettre à l'abri mais elle elle retournait près de cet individu", glisse encore maître Arnaud Lemoine encore ému à l'évocation de ces quelques minutes qui ont fait trembler le palais de justice ce 12 juin.
"Cette même agent de sécurité a également pensé à aller fermer les grilles d'accès à la cour d'appel, pour que des personnes venant de l'extérieur ne se retrouvent pas en tête à tête avec cet homme armé et ainsi les protéger", indique une autre source au tribunal de Nîmes.
D'autres ont également loué le comportement de cette salariée et nous demandant de bien vouloir lui rendre hommage pour "son comportement héroïque", poursuit un autre témoin. "On parle toujours des magistrats et des policiers, mais il faut aussi penser à ceux qui sont les premiers confrontés à des situations dangereuses et qui n'ont jamais droit à une ligne dans les journaux", complète-t-il.
Boris De la Cruz