NÎMES Un marché plus ou moins politisé qui fait le bilan de la Présidentielle
Une semaine après l'élection ou plutôt la réélection d'Emmanuel Macron à la tête de l'État français, sur les allées du marché des producteurs du Jean-Jaurès, les analyses vont bon train.
Le printemps se prête tout particulièrement aux confidences. Sur le marché, le chuchotement prend vite des allures de discussion enflammée. Le soleil perce, les effluves se diffusent, consommateurs et commerçants font le bilan de cette campagne électorale. Une de plus. Une de plus en moins. Une de trop ?
"Je vote depuis 1974, je n'aime plus vraiment cet exercice. On parle trop de politique, on nous bassine toute la journée avec ça. Parlons de politique quand le moment est venu, sinon, le discours, précieux, qui doit être entendu, est dissimulé par les parasites. Une campagne ne devrait se faire que sur deux mois, maximum. En local, encore moins !" lance Pierre. L'étalier qui lui fait face n'est pas d'accord. Pour Stéphane, "Je pense au contraire qu'on ne parle pas assez de la chose publique. Enfin, on en parle trop mais mal. Forcément, quand on fait parler des pipes et qu'on passe en boucle ce que ces gens disent... Les Français s'en désintéressent mais au fond du fond, tout le monde est passionné par la politique."
Il est certain que la politique ne laisse personne indifférent. Pas même les abstentionnistes. "Je ne vais plus voter depuis 2002 et bizarrement je sens que j'ai eu raison avant tout le monde. Tout devient inaudible et sur ce que l'on entend, il faut tout prendre avec des pincettes car la majorité des choses sont des promesses qui ne seront pas tenues. Je suis un déçu de la politique et ça ne s'arrange pas avec le temps..." constate Manu. Sa femme Marie est d'accord. "On nous ment constamment, comment voulez-vous que nous votions ? Pourquoi faire ? Ils se ressemblent tous une fois qu'ils sont en fonction. Personne ne se soucie réellement de nous. Un jour, ça va péter."
Même les jeunes consommateurs se sont sentis rejeter. Les compromissions des uns face aux désirs des autres ne plaisent pas plus qu'avant. "On nous prend pour des billes regardez ce qui se passe... Mélenchon veut parachuter son gendre aux Législatives du côté de Villeurbanne. On voit revenir les vieux de la vieille pour intégrer le Gouvernement. Tout le monde est en perpétuel placement de produit. On parle des jeunes qui font n'importe quoi, peut-être, mais le monde politique ne tourne vraiment pas rond ! C'est incroyable de dire tout et son contraire d'un bout à l'autre d'une campagne."
"Je sens que pour les Législatives, qui habituellement ne connaissent pas un fort taux d'abstention, ça va être un four. Autour de moi je vois bien que les gens vont de moins en moins voter et que quand ils y vont c'est de plus en plus par défaut. Les débats d'idées n'ont plus le temps de se poser, on passe d'un sujet à l'autre sans même avoir débattu dans les règles de l'art des choses essentielles. L'essentiel est variable d'un individu à l'autre mais ne me dites pas que l'on ne peut pas trouver des problématiques communes ! Les gens ne savent plus échanger sans se battre..." conclut Amandine, Lyonnaise et venue au marché avec sa petite tribu en vacances.