OCCITANIE À Vauvert, le rouge passe au vert !
Même si la mise en service de ce bus propre est prévue pour le 1er avril, ce n'est pas une plaisanterie et c'est tant mieux ! À partir de lundi, ce bus tout neuf du réseau liO assurera deux aller-retour reliant Vauvert et Vergèze en desservant Aimargues et le Cailar. Une première positive à tous points de vue.
D'abord ça va être pratique puisque comme le fait remarquer le maire de Vauvert, Jean Denat, lors de son allocution, "on dit que Vauvert vaut le détour mais il faut y venir". Certes La gare TER de la commune relie les Vauverdois à Nîmes, mais comme le souligne Jean-Luc Gibelin, vice-président aux transports en Occitanie, "il manque tout de même au moins un aller/retour", pour que la ligne soit vraiment pratique à utiliser pour les 760 habitants de la commune qui travaillent à Nîmes.
Et pourtant, une convention TER a été signée entre la région et la SNCF pour aider au désenclavent des campagnes et permettre, avec la réouverture où l'augmentation des trajets, aux gens qui travaillent dans les grandes villes de vivre et de se loger à la campagne où devenir propriétaire est plus facile.
"La SNCF ne répond pas", se fâche Jean-Luc Gibelin "et nous avons des motifs d'insatisfaction à ce sujet". Dont Acte. Alors, "à la demande de Jean Denat", précise l'élu régional chargé des transports, s'ouvre la ligne C37 qui partira de la gare de Vauvert, avec des arrêts sur la commune, puis se rendra à Aimargues et au Cailar pour finir à la gare de Vergèze.
Ceux qui y travaillent (ils sont 220 à Vauvert) pourront oublier leur voiture comme ceux qui se rendent à Montpellier (150) et trouveront là une correspondance. Sachant que le ticket coûte un euro acheté en gare et 1,60 en dehors, ça fait du bien au pouvoir d'achat et c'est plus reposant.
Un bus propre et du carburant fabriqué sur place !
Mais comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule (parfois), ce bus confortable est aussi vraiment propre. Il roule au bioéthanol de marc de raisin, un carburant qui dégage de 70% à 80% de CO2 en moins que le gasoil et n'émet pas de particules ! Il est d'un coût équivalent puisqu'il revient moins cher au litre mais consomme un peu plus à performance équivalente et en toute sécurité.
Une victoire sur la pollution mais la belle histoire n'est pas terminée puisque ce carburant propre est fabriqué à Vauvert à 300 mètres du dépôt des Transports Gardois dans la distillerie UDM Vauvert, une des 12 distilleries d'Occitanie, affiliée à Raisinor France. Cette distillerie recueille 45 000 tonnes de marc de raisins par an dans les caves privées et coopératives du territoire et offre des débouchés à la filière vinicole.
Pour rappel, le marc est ce qui reste après la conception du vin. Cette matière résiduelle est transformée en alcool, (carburant ED95), la distillerie en extrait aussi des couleurs (colorants alimentaires) et enfin des engrais. Lorsque le carburant est prêt, UDM le livre au dépôt des transports Gardois dans une cuve amovible à 300 mètres de là. Une application stricte de la définition de "circuit court".
Le transport doit se réinventer
"Les modes de transports entrent dans une phase de métamorphose nécessaire", affirme Patrick Gaillard, responsable des Transports Gardois. "Il va falloir réussir ce virage et pour cela réfléchir de manière globale". Une connexion des modes de transport (train, car, auto-partage), des services comme le parking sécurisé, la location vélo, la livraison de courses ou le lavage de voiture dans les pôles de transport multimodale, mais aussi l'aménagement du "dernier kilomètre" qui permet de rejoindre son domicile, avec la création de chemins piétons et de pistes cyclables, devraient préfigurer un futur proche…
Tout est à inventer et comme l'union fait la force, 21 transporteurs gardois se sont réunis en une coopérative la Coop voyageurs, pour réfléchir et agir ensemble afin de proposer des solutions innovantes aux collectivités et négocier avec succès le virage imposé par des impératifs économiques et écologiques urgents.
Expérimentations en cours de carburant verts alternatifs
Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, a dit vouloir "placer son mandat sous le signe de l'innovation", rappelle Jean-Luc Gibelin qui se réjouit de cette mise en service et déclare l'intention de l'institution ne pas s'arrêter en si bon chemin. La région Occitanie, qui mobilise un budget annuel de 53 000 € pour le fonctionnement de cette nouvelle ligne, travaille également sur le car au GNV (Gaz naturel véhicule, un carburant alternatif durable), par exemple entre Castres et Toulouse où une phase de test est en cours ou encore sur le train à hydrogène pour lequel une expérimentation devrait être engagée sur la ligne Montréjeau/Luchon.
Véronique Palomar Camplan