UZÈS Communication, produits dérivés... la Fédération française des trufficulteurs discute avenir
Ces 14 et 15 septembre, plus d'une soixantaine de présidents régionaux de syndicats français de la truffe et autres représentants sont réunis aux Truffières d'Uzès. C'est la première fois que la ville accueille l'assemblée générale de la Fédération française des trufficulteurs (FFT). Au coeur des discussions : l'avenir et les enjeux autour de la trufficulture.
"Accueillir cette assemblée générale est une marque de reconnaissance du travail mené depuis des années pour la profession", se réjouit Louis Teulle, président du syndicat des trufficulteurs gardois. D'autant que le siège de la fédération se situe à Uzès même. Des représentants des sept régions trufficoles de France adhérant à la FFT sont présents. Dans le Gard, c'est principalement la Tuber Melanosporum qui pousse. L'année dernière, le département frôlait les cinq tonnes en production, dont une tonne vendue sur le marché de gros. Cela représente une petite partie de la production nationale qui pour cette variété tourne autour de 50 tonnes.
Reste à savoir si cette année sera aussi bonne que l'an passé, car toutes les régions ont été touchées par la sécheresse. "Ici, à Uzès, on a passé 110 jours sans pluie du 24 avril au 14 août. C'est plus qu'en 2003", pointe Michel Tournayre, producteur à la tête des Truffières d'Uzès et représentant au Groupement européen truffe et trufficulture. Les trufficulteurs gardois ont dû commencer à arroser très tôt leurs plants cette année, soit au mois de mai. Ils ajustent l'irrigation en fonction des données recueillies par les sondes qui mesurent l'humidité et la température dans le sol. En raison de la forte sécheresse, ils ont été contraints de stopper l'arrosage le 1er août sur décision de la préfecture. "Heureusement qu'il a plu le 14 août", rapporte Michel Tournayre.
Communiquer pour sortir de la confidentialité et faire face aux produits dérivés
Au-delà du Gard, les représentants de la trufficulture française sont là pour parler enjeux et avenir. Selon Alain Ambialet, actuel président de la FFT, "on estime à 4 000 le nombre de trufficulteurs en France". Le but de la fédération, qui existe depuis les années 70, est donc "de créer et structurer une véritable filière" et de faire en sorte que "la profession soit reconnue". Plus globalement, la FFT et les nombreux syndicats cherchent à sortir de la confidentialité, de l'image de produit de luxe souvent associées à la truffe. "On essaie de beaucoup la démocratiser. En France, il y a plus de 150 événements associés à la truffe organisés dans les départements", indique Michel Tournayre. Cela fonctionne puisque l'appétence du public pour le diamant noir est grandissant et la France, en plus de sa production, est même obligée d'importer des champignons pour répondre à la demande.
Dans la cité ducale, on mise sur un partenariat permanent avec les vins AOP Duché d'Uzès pour conquérir les papilles des consommateurs sur les manifestations. Un gros effort est aussi fait sur la communication : "Quinze ans en arrière, on ne savait pas où en acheter. Maintenant le marché de gros est déclaré. On distribue des fascicules au public sur la truffe produit de terroir...", détaille Louis Teulle. Comme d'autres syndicats français, il mène un combat contre certains produits dérivés qui ne contiennent pas de champignon, mais des arômes de synthèse. "Les fabricants surfent sur la poésie commerciale, la magie de la truffe, et font payer les consommateurs très cher", rebondit Michel Tournayre, qui rappelle que la truffe véritable comporte en réalité plus de 50 composés aromatiques.
Durant l'assemblée générale, la FFT va donc prendre une décision commune à l'échelle de tous les syndicats sur "comment communiquer face à ces produits dérivés ?". "À Uzès, ils sont interdits sur nos manifestations. On est face à des géants alors plutôt que de se battre contre eux, on veut informer", poursuit Louis Teulle. À chaque événement, le syndicat gardois distribue déjà des tracts avertissant les consommateurs. Pour que, s'ils achètent ces produits à base d'arômes chimiques, ils le fassent en connaissance de cause. Il ne faudrait pas les prendre pour des truffes.
Marie Meunier