VILLAGE DE CARACTÈRE Barjac, le charme et le dynamisme loin du "village musée"
Connaissez-vous les "Villages de caractère" du Gard ? Ce label distingue les communes de moins de 2 000 habitants au charme parfois méconnu et regorgeant de richesse patrimoniales et culturelles. Objectif Gard vous emmène balader dans les ruelles pittoresques de ces petits joyaux. Nouvel arrêt à Barjac, commune de 1 500 âmes, à l'orée de l'Ardèche.
À Barjac, on arbore fièrement ce label depuis près de 10 ans. Mais hors de question de céder à la tentation du "village musée". L'histoire, le patrimoine, les traditions, on les met en valeur, tout en les entremêlant avec des activités culturelles et festives tout au long de l'année. Cette dynamique à cheval entre les époques qui caractérise le village se retrouve à l'intérieur-même du château, véritable centre culturel de la commune. On suit notre guide : Laurent Delauzun, archiviste et incollable sur le patrimoine de Barjac.
Le château a été construit entre 1634 et 1639 après la paix d'Alès, par Jacques de Grimoard de Beauvoir du Roure et son fils. Il a été ensuite propriété des autorités ecclésiastiques. Il a été racheté en 1982 par la municipalité, qui, après de longs travaux, y a intégré ses locaux en 2008. Mais le lieu n'est pas qu'une simple mairie. Au rez-de-chaussée, on a aussi une bibliothèque fournie de 15 000 ouvrages et documents. Sur un pan de mur, vous pourrez aussi admirer la toile "Le Dormeur du val" d'Anselm Kiefer. En 2018 le peintre néo-expressionniste a fait parler de lui en honorant une commande du président de la République pour l'entrée au Panthéon de la dépouille de Maurice Genevoix. Il vit aujourd'hui entre la région parisienne et son atelier à Barjac. À terme, il souhaite créer une fondation dans le Gard où seront visibles ses oeuvres aux dimensions monumentales.
En bas toujours, dans les anciennes cuisines du château, a été aménagé le cinéma du village. Une salle de 90 places entièrement dédiée à l'art et essai, où sont projetés cinq films par semaine. Au-dessus, au premier étage, il y a les salles des tentures où sont installées plusieurs expositions par an.
La place et la halle : le centre névralgique de la commune
pendant des siècles
On ressort du château pour atterrir dans la cour pavée intérieure. D'un côté, nous avons le porche, de l'autre le donjon. Nous avons eu le privilège de monter en haut de la tour et de découvrir une vue imprenable sur les toits du village. Quelques marches sur notre gauche vont jusqu'au clocher communal édifié en 1649.
Nous redescendons l'escalier en colimaçon et nous dirigeons vers la place de la fontaine. Un des monuments les plus photographiés de Barjac. C'est aussi la première fontaine du village qui, dès le XVe siècle, était alimentée par la source de Font Malliague, à 1km de là. En face, se dresse la halle, lieu privilégié à l'époque pour protéger les activités commerçantes de la pluie. C'était là qu'étaient disposées les pierres à mesure qui permettaient le pesage des farines, châtaignes et blés. Elle est bordée par la place de la halle, qui fût le vrai centre névralgique de la ville du XIVe au XIXe siècle.
Dès le XVe siècle, Barjac prospérait avec ses petits commerces, ses tanneries et ses marchés. La commune constituait aussi une étape sur des routes commerciales majeures, notamment pour le sel. La commune s'enrichit et de nombreux hôtels particuliers fleurissent leur tour, surtout pendant la Renaissance. Aussi appelée place Charles-Guynet, la place de l'office de tourisme a été construite dans cette même veine pour permettre l'extension des foires de Barjac. Il y en a eu jusqu'à 19 dans l'année ! Encore aujourd'hui, cette place accueille à l'ombre des platanes centenaires les marchés et les deux fameuses foires aux antiquités et à la brocante.
Dans les rues, de nombreux petits commerces et restaurants sont ouverts. Nous nous arrêtons un moment visiter les pépites de la Grand'rue. Depuis toujours, elle a été l'artère principale de Barjac. Trente ans en arrière pourtant, elle s'était vidée de ses commerces. Un grand plan pour rénover les façades et pour redynamiser l'activité a été lancé pour enrayer ce phénomène de désertification. Avec succès.
Un panorama s'ouvrant sur les racines du village et sur les monts d'Ardèche
Après une bonne glace à la châtaigne à "l'Instant présent", nous reprenons notre visite direction la chapelle des Capucins. Généralement, quand une commune dispose de ce bâtiment c'est parce qu'elle a eu une population en majorité protestante. Ces édifices ont été bâtis dans une démarche de recatholicisation des habitants. À Barjac, cela a bien marché puisqu'à la Révolution, il n'y avait plus aucun protestant parmi les villageois.
Nous remontons les petites rues. On repère quelques encadrements de fenêtres en T, qui matérialisent d'anciennes échoppes. Les maisons sont en pierre de Barjac. Une pierre très malléable mais aussi gélive. C'est-à-dire qu'elle craint le gel et peut vite s'abîmer. Ce qui donne des reliefs assez particuliers lézardant les murs.
Nous terminons notre balade au pied du château. De l'autre côté, un sublime panorama vert s'offre à nos yeux. Les plaines et les monts ardéchois culminent. Encore plus loin, on distingue même le Mont Lozère et l'Aigoual. Au creux de la vallée, se niche le hameau de Malhac. C'est à cet endroit que l'histoire de Barjac a débuté. C'est là, dans une villa gallo-romaine qu'ont vécu les premiers habitants. Les Romains ont ensuite été bâti le prieuré Saint-Laurent.
Tout a été détruit pendant les guerres de religion et c'est après cela que les Barjacois se sont réfugiés sur le plateau qui accueille l'actuel village. Il ne reste rien de ce passé. Rien ou presque. Des habitants se sont appropriés des sculptures de l'ancienne villa et certains les ont encastrées dans les murs extérieurs de leur maison. Il y en a une dizaine visibles encore aujourd'hui dans le vieux village. Les repérerez-vous toutes ?
Marie Meunier
Pour les amateurs de randonnées, nous vous conseillons d'aller marcher du côté des dolmens. Ils datent du Néolithique et sont classés au titre des monuments historiques depuis 1889. Plus d'informations à l'office de tourisme.