AGGLO SPHÈRE Laurence Marlangue : "J'adore conduire un bus"
Il est 13h14, le bus Tango 758 embarque ses passagers. Terminus Citadelle. Pour Laurence, c'est le dernier trajet d'une journée commencée à l'aube et pour nous l'occasion d'une rencontre. Tout sourire, elle veille à la montée, délivre les titres de transport, surveille la descente, répond aux saluts amicaux des habitués, ferme les portes et continue son trajet, sans se départir de son sourire. Mais comment devient-on un jour conductrice de bus?
"C'est une longue histoire" s'amuse Laurence lorsqu'on lui pose la question. Et comme toutes les longues histoires, celle-là commence lorsqu'elle est toute petite. Adolescente, la jeune fille n'a qu'un rêve, conduire de gros camions sur les lignes internationales. Et puis voilà, il y a la vie et ses méandres inexplicables. "J'ai tout fait sauf ça", confie Laurence. Un jour pourtant, cette même vie qui l'a éloignée de son rêve, va lui offrir une deuxième chance. "À la quarantaine, je me suis retrouvée divorcée avec deux filles mineures à élever. Je me suis dit, ça va être compliqué…" Oui mais c'est aussi l'occasion, puisqu'il faut repartir de zéro, de changer de situation, et pourquoi pas de se rapprocher de ses ambitions de jeunesse. "Je connaissais un chauffeur de bus, il était le père d'un élève à l'école de mes filles, se souvient Laurence, "et quand je lui ai fait part de mon envie de conduire un bus, il m'a pris le bras, m'a regardée dans les yeux et m'a dit : "Il va falloir de la persévérance ma petite".
Ne rien lâcher …
Le conseil ne tombe pas dans l'oreille d'une sourde mais ne décourage pas la jeune femme. Sa décision est prise et elle ne lâchera pas le morceau. J'ai appelé au numéro que m'avait donné le chauffeur de bus. On m'a dit d'envoyer un CV et que s'il était retenu, je passerais des tests dévaluations psychotechniques. J'ai envoyé le CV et ensuite, j'ai appelé tous les mois. Il fallait être persévérante, alors Laurence insiste prouvant ainsi en plus ténacité et motivation. Deux mois après, elle est convoquée pour passe les fameux tests. "C'était des tests en trois étapes, explique-t-elle. Ensuite, elle intègre Tango, non pas comme chauffeur mais comme médiatrice. C'est-à-dire, une personne, qui gère les conflits, les litiges de toutes sortes, calme les collégiens parfois turbulents, renseignent les passagers, se trouve aux endroits dits sensibles ou stratégiques… "Au début, j'étais très stressée parce que je me suis rendue compte que je ne connaissais pas ma ville, j'étais en CDD…" Une période difficile mais Laurence s'accroche, persévérance toujours. Embauchée, elle exercera cette fonction pendant quatre années dont elle garde un bon souvenir. Puis vient enfin, le moment de passer aux choses sérieuses.
Quand le rêve se réalise
Un contrat aidé lui permet d'effectuer une formation de plusieurs mois à Lunel Viel. Elle en sort prête à perdre le volant. "j'adore conduire, se réjouit-elle "mais depuis deux ans et demi, je fais aussi de la saisie informatique pour soulager le service méthode." Pas de routine donc et une vie professionnelle qui l'épanouit. Quand on lui demande si ce n'est pas trop difficile d'être une femme à un poste où l'on attend plutôt des hommes, elle répond dans un sourie, "C'est sûr que ce n'est pas la parité. Il faut s'imposer, gérer les réflexions et les moqueries du début. Et puis ça passe", conclue-t-elle philosophe. Et avec les passagers ? "Je n'ai pas de problèmes mon expérience à la médiation me sert beaucoup. Il faut savoir s'adapter aux personnes que l'on a en face de soi. La politesse et la courtoisie sont aussi des armes efficaces. Il faut savoir débloquer les tensions."
Et cela fait plus de cinq ans que ça dure et que Laurence est heureuse d'avoir enfin un métier qui lui correspond, fière aussi de n'avoir rien lâché, sûre que sa ténacité allait payer. Et vous, de quoi rêvez-vous ?
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