ALÈS "C'est du mitage, de l'étalement urbain" : le Printemps alésien réactive sa lutte contre le PLU
Quelques mois après une salve de forums citoyens, le groupe d'opposition de Gauche de la mairie d'Alès reprend sa lutte qui vise à réclamer la suspension de la révision d'un plan local d'urbanisme (PLU) jugé "insincère, incohérent et irréaliste".
Les points d'anicroches entre la majorité municipale et le groupe d'opposition de la ville d'Alès ne sont pas si nombreux si l'on s'en tient à la teneur des débats lors des différentes séances du conseil municipal ces derniers mois. Mais il y en a un plutôt tenace qui concerne la mise en révision du plan local d'urbanisme (PLU) contre laquelle le Printemps alésien s'est déjà mobilisé en début d'année à l'occasion d'une salve de rendez-vous avec la presse et des habitants (lire ici).
Tandis qu'au terme de la nécessaire enquête publique, le commissaire enquêteur a émis un avis favorable assorti d'un certain nombre de réserves sur plusieurs projets envisagés par la municipalité, cette dernière a revu sa copie pour présenter un PLU légèrement modifié qui, si l'on en croit la dernière commission d'urbanisme qui s'est tenue ce mardi soir, devrait être soumis au vote lors du prochain conseil municipal prévu le lundi 20 décembre.
Les conclusions de la COP 26 "insuffisamment intégrées"
Suffisant pour donner envie au groupe d'opposition de Gauche de reprendre sa marche en avant pour réclamer une marche arrière de la majorité. "C'est un PLU d'un autre temps et pas avec un temps d'avance comme le camp d'en face a l'habitude de dire", a embrayé Paul Planque, chef de file du Printemps alésien.
Et ce dernier de développer : "C'est un PLU en contradiction avec ce qu'on peut attendre d'un urbanisme qui prendrait en compte les enjeux majeurs de la société, en intégrant par exemple les conclusions de la COP 26 au cours de laquelle la France s'est engagée à stopper la déforestation et la dégradation des terres d'ici 2030." En effet, la révision du plan local d'urbanisme prévoirait au contraire un accroissement de 270 hectares de la zone urbanisable, dans la mesure où "entre 2013 et 2020, 199 hectares ont basculé de "à urbaniser" à "immédiatement urbanisables", et 89 autres hectares vont sûrement connaître le même sort".
Car ce n'est certainement pas le terme "bloqué" adossé à celui de "à urbaniser" qui rassure le groupe d'opposition selon lequel une récente évolution du droit français, rejoignant le modèle anglo-saxon, permettrait à la Ville d'avoir recours à des dispositifs qui "ôtent facilement ces supposés blocages". Le jugeant dépassé, l'urbaniste qu'est Paul Planque qualifie par ailleurs ce PLU "insincère, incohérent et irréaliste", car basé sur un schéma de cohérence territoriale (SCOT) "obsolète et démenti par la réalité".
Un taux de logements sociaux jugé trop bas par le Printemps alésien
L'estimation de l'évolution démographique de la ville d'Alès établie à hauteur d'1,5 point de pourcentage, sur laquelle serait fondée la révision du plan local d'urbanisme, aurait été contestée par le bureau d'études Urbanis engagé par la municipalité, qui a relevé qu'entre 2007 et 2017, la communauté d'agglomération a gagné 7 453 habitants, correspondant donc à un taux de croissance annuel moyen de 0,6 point. "À Alès, il y avait 41 032 habitants en 2012, il y en a aujourd'hui 40 219. On est loin des projections qui prévoient une augmentation de la population de 15 000 habitants d'ici 2035", complète quant à elle Béatrice Ladrange, qui ne croit guère à une arrivée soudaine et massive de nouveaux administrés.
Visiblement bien décidé à le dessouder, Paul Planque a également pointé "l'incohérence" du projet municipal qui "ne correspond pas aux besoins des Alésiens", lesquels seraient éligibles "à plus de 80%" aux logements sociaux alors que ces derniers, qui représentent 32% des logements actuels que compte la ville, ne représenteront "que 12,6%" des futurs logements potentiels générés par la révision du PLU.
"On usera de tous les recours"
S'il admet que la municipalité alésienne répond aux exigences d'une loi qui l'oblige à présenter au moins 25% de logements sociaux, l'élu d'opposition - s'il était aux manettes - irait plus loin en réhaussant ce taux "autour de 40%" via la rénovation de "près de 2 000 logements inoccupés" dans le centre-ville. Enfin, "l'insincérité" de la démarche municipale serait démontrée par les deux opérations emblématiques du nouveau PLU que sont le projet des Hauts d'Alès (395 logements) et l'écoquartier de la gare (800 logements).
Pour le premier, "le commissaire enquêteur a conseillé à la mairie de réfléchir à l'éventualité d'aller construire ailleurs au regard du réquisitoire de la Mission régionale d'autorité environnementale (MRAE) qui n'approuve pas le projet en raison de la présence sur site de plusieurs espèces protégées", a entre autres expliqué la militante écologiste Béatrice Ladrange, qualifiant les intentions locales de "mitage, d'étalement urbain". Pour ce qui à trait au second, celui de la gare, il y a un propriétaire, en l'occurrence la SNCF qui, à en croire Paul Planque, n'est "absolument pas vendeur".
Pour toutes ces raisons, le dernier nommé demande au maire d'Alès, comme il l'avait fait au printemps dernier, de retirer cette délibération du prochain conseil municipal. Une requête qui a toutes les chances de rester vaine, tandis que le nouveau plan local d'urbanisme sera "à n'en pas douter" voté par la majorité municipale et donc adopté. Après quoi le Printemps alésien promet d'user de "tous les recours" pour tenter de le faire capoter.
Corentin Migoule
À l'issue d'une conférence de presse organisée ce mercredi matin, le Printemps alésien a invité la population alésienne à "s'emparer du sujet" ce vendredi 10 décembre à 15 heures, à la Maison du peuple de Tamaris. Les élus de Gauche seront "à la disposition du public" pour échanger, avant un débat prévu à 18 heures