Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 17.02.2022 - corentin-corger - 3 min  - vu 304 fois

ARMÉE Retrait des troupes françaises au Mali : la réaction de Françoise Dumas

Françoise Dumas (Photo Objectif Gard)

En très étroite concertation, la France, ses partenaires africains, européens et les canadiens ont annoncé le retrait coordonné du Mali des opérations militaires anti djihadistes Barkhane et Takuba du fait de la dégradation des relations avec la junte malienne au pouvoir depuis quelques semaine.

"Une réorganisation qui n’entame en rien la détermination de la France et de ses partenaires à poursuivre la lutte contre le terrorisme au Sahel", confie la gardoise Françoise Dumas, présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale. Découvrez sa réaction complète ci-dessous :

"Je soutiens cette réorganisation importante qui n’est, pour la France, les États européens et nos principaux partenaires africains, qu’une étape dans la lutte contre le terrorisme djihadiste qui tente de faire de l’Afrique son nouveau lieu d’expansion. À la demande des dirigeants du Mali, dont l’ensemble du territoire menaçait de tomber sous l’emprise de groupes terroristes, la France est engagée dans ce pays depuis plus de neuf années. Avec de très nombreux partenaires internationaux, elle y a conduit des opérations d’ampleur pour empêcher que des groupes armés affiliés à Daesh et à Al Qaïda ne fassent du Sahel un sanctuaire de la violence débridée contre les populations africaines, à partir duquel ils n’auraient pas manqué de viser ultérieurement les États européens. Ce fut la mission des plus de 125 000 militaires français qui, aux côtés de nos alliés africains et européens, se sont engagés dans les pays sahéliens depuis 2013.

La décision de redéploiement est une décision difficile. La France n’oublie pas qu’elle a payé le prix du sang : 48 de nos militaires sont morts pour la France au Mali afin d’empêcher la constitution d’un proto-État djihadiste. J'exprime sa profonde reconnaissance envers ceux qui ont laissé leur vie au Sahel et envers ceux qui portent dans leur chair et dans leur âme les séquelles des blessures reçues au combat. Cette reconnaissance est celle de la représentation nationale et de la France entière. Cette décision était nécessaire au regard des évolutions de ces derniers mois, alors qu’une junte militaire a pris le pouvoir et a renié pas à pas tous les engagements internationaux pris par le Mali, allant jusqu’à contrarier l’action de la mission des Nations-Unies qui était à son chevet et celle de la large coalition internationale que dirigeait la France avec l’opération Barkhane. 25 000 soldats internationaux aidaient quotidiennement le Mali à faire face aux menaces et à renforcer ses capacités d’action.

"La France est respectueuse de la souveraineté des États"

Le choix de la junte malienne de recourir aux mercenaires de la nébuleuse Wagner pour constituer une garde prétorienne à son profit est malheureusement le signe ultime de sa volonté de rompre les dynamiques mises en œuvre depuis 2013. La France est respectueuse de la souveraineté des États : elle ne se substitue jamais aux autorités politiques, administratives et militaires des États avec lesquels elle conduit des partenariats. Dans le cas malien, force est de constater la rupture que la junte souhaite consommer avec l’ensemble des partenaires opérationnels engagés au Mali depuis 2013. Cette décision a longuement été concertée. Je salue le travail étroit réalisé avec nos partenaires européens, à commencer par les 11 États qui ont rejoint la task force Takuba, mais aussi ceux qui ont été au cœur de la mission européenne de formation EUTM-Mali et de la MINUSMA. Elle célèbre aussi le dialogue approfondi conduit avec les États du G5 Sahel, les États de l’initiative d’Accra comme avec l’Union africaine et la Cédéao.

Le retrait coordonné du Mali démontre la convergence de vues de tous ces acteurs internationaux et conforte la pertinence d’une approche multilatérale qui n’est pas remise en cause par la défaillance d’un seul État. Cette décision n’entame en rien notre détermination partagée à lutter contre le terrorisme au Sahel, où des groupes terroristes djihadistes cherchent à faire de l’Afrique le lieu de leur régénération après leur relatif échec au Levant. À la demande des Etats africains concernés, la France et ses alliés européens maintiendront leur présence dans la zone selon des modalités qui seront définies dans les semaines à venir pour répondre précisément aux enjeux de chaque État. La protection des pays du Golfe de Guinée apparaît prioritaire pour faire échec aux groupes terroristes sahéliens et à leur stratégie de descente vers le Sud et d’appropriation des flux de trafics illicites. Face à l’évolution de cette menace, il ne faut pas rester statique.

Consciente du tournant que représente notre départ du Mali, j'assure de son entier soutien les forces armées qui vont procéder à un délicat désengagement tout en poursuivant l’action antiterroriste dans la région. Elle salue les décisions courageuses qui viennent d’être prises par la France, l’Union européenne et les États africains impliqués avec le soutien de l’Union africaine et de la Cédéao."

Corentin Corger

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