BAGNOLS/CÈZE Trois ans de prison pour des sévices sur une petite fille de deux ans et demi
Hamza, 26 ans est condamné à 3 ans d'emprisonnement, dont 2 avec sursis, pour des sévices sur la fillette de sa compagne, Alison, 24 ans, en 2018, à Bagnols/Cèze. La mère de la petite fille de 2 ans et demi est relaxée.
Le 4 décembre 2018, la petite Kellya, 2 ans et demi, est conduite en urgence à l’hôpital par sa grand-mère. Après l’avoir auscultée, le docteur procède à un signalement après avoir relevé sur la petite un hématome sur tout le pubis, des plaies sur les organes génitaux, ainsi qu’une cicatrice de brûlure au second degré de 10 centimètres de diamètre sur son dos. La petite est immédiatement placée.
« J’étais naïve et amoureuse »
À la barre, Hamza prétend que ces blessures aux pubis et à la vulve proviennent d’une chute de la petite sur le rebord de la baignoire. Mais un mois auparavant, le 7 novembre, la fillette avait déjà été brûlée, griffée au cou et blessée aux deux oreilles. « Il m’a dit qu’elle était tombée du lit en faisant l’avion. Je l’ai cru, j’étais naïve et amoureuse. Je n’ai jamais pensé qu’il ferait du mal à ma fille », réagit la blonde, carré court et boucle d’oreilles dorée, jeudi 23 juin. Le juge se montre sceptique. « Mais malgré tout ça, malgré la large brûlure au second degré sur son dos, vous lui confiez encore votre fille ? », l’interroge le président Jérôme Reynes.
La jeune maman, qui vient d’accoucher de jumelles, opine de la tête, avant de revenir sur les faits du 4 décembre. « Là, j’étais au travail. Il m’a dit qu’elle était tombée dans la baignoire. Je lui ai demandé de m’envoyer les photos puis j’ai appelé ma mère pour qu’elle aille la chercher immédiatement pour l’emmener à l’hôpital, explique-t-elle. Aujourd’hui, je ne m’imagine toujours pas ce qu’il lui a fait ce jour-là... »
Le rapport de l’expert médical conteste absolument que les brûlures sur le dos aient pu être causées par une douche un peu trop chaude, ou que ses blessures aux oreilles aient pu survenir en chutant au cours d’un jeu, comme Hamza l’a expliqué à Alison. Le juge lui demande qui a brûlé la fillette. « C’est elle qui l’a brûlée, accuse le jeune homme. Puis elle a rejeté la faute sur moi pour se disculper. » Devant les policiers, il a d’abord prétendu être au café, puis à la salle de sport. « C’est en rentrant qu’Alisson m’a montré les brûlures, alors je lui ai mis quelque chose de froid dessus, pendant qu’elle partait au McDonald’s chercher quelque chose à manger », soutient-il.
Punching-ball
L’avocate du père et du grand-père de Kellya prend la parole. « À les entendre, on se demande s’il ne faudrait pas un permis pour avoir des enfants. La pauvre petite Kellya était devenue le punching-ball de ce couple ! Pour eux, cet enfant n’est pas un cadeau du ciel mais un cauchemar vivant, car ils n’étaient pas prêts à en assumer les contraintes, pointe Valérie Devèze. Ce qu’ils lui ont fait, c’est quasiment de la torture, leur acharnement est terrifiant ! La brûlure au second degré sur l’ensemble de son dos ne peut avoir été provoquée que par un jet bouillant maintenu sur son dos pendant plusieurs minutes. Elle a dû hurler jusqu’à Montpellier ! Et que sa mère réagit en allant au McDo, au lieu de courir au service des grands brûlés ? C’est insensé ! »
Le Parquet rappelle qu’au départ, les enquêteurs ont redouté des violences sexuelles, devant les blessures constatées sur la fillette. « Chacun se renvoie la balle aujourd’hui. Lui soutient qu’il s’agît de maltraitance accidentelle, mais on n’aucun doute sur le fait qu’elles sont volontaires. Quant aux brûlures, ses mensonges à lui et sa réaction à elle - qui finira tout de même par l’emmener à l’hôpital -, font plutôt penser que c’est lui qui les a commises, justifie Arnaud Massip, demandant 3 ans de prison dont deux avec sursis contre Hamza. En revanche, elle pourrait être sanctionnée pour non-assistance à personne en danger »
Service des grands brûlés
L’avocat d’Alisson plaide la relaxe pour sa cliente, réfutant la non-assistance à personne en danger. « Dès qu’elle a vu les brûlures, elle court à l’hôpital, en pleine nuit, à Bagnols et le lendemain, elle se précipite au service des grands brûlés de Montpellier. Elle a fait tout ce qu’elle pouvait », justifie Jean-Faustin Kamdem.
Alors que tout le monde rejette la faute sur Hamza, son avocate défend son client avec ferveur. « Cet enfant, ce n’était certainement pas sa première chute ! Quelques jours plus tôt, elle était déjà tombée dans la cage d’escalier et sa mère n’avait même pas vu ses blessures. Elle a également constaté un premier petit hématome à l’entrejambe sans savoir non plus d’où il pouvait provenir. Et elle a encore pu encore tomber bien d’autres fois, entre-temps, sans qu’elle s’en aperçoive, contre-attaque Chaïma El Mabrouk. Quant à cette brûlure, aucun élément ne permet de prouver que c’est lui qui l'a commise. Ces explications sont aussi crédibles que les siennes. Je rappelle qu’il a été placé en garde à vue pour des faits de viol. Alors, s’il l’avait brûlée, il l’aurait au moins admis à ce moment-là. Mais non, il maintient qu’il n’était pas là ! Il est prêt à assumer sa responsabilité pour défaut de surveillance mais aucun cas pour de la maltraitance… » Hamza écope de 3 ans d'emprisonnement, dont 2 avec sursis, la partie ferme sera aménageable sous la forme d'un bracelet électronique.
Pierre Havez