CÉVENNES Bon élève, Le Martinet reçoit les encouragements du professeur Rampon
Ce mercredi après-midi, la commune du Martinet située au nord d'Alès a reçu la visite du sous-préfet, Jean Rampon. L'occasion pour le représentant de l'État d'entendre les doléances du maire, Michel Mercier, et de s'assurer que "l'argent public soit bien investi."
Accueilli par un soleil de plomb alors que la pluie l'avait accompagné lors de sa dernière visite au Martinet, le sous-préfet de l'arrondissement d'Alès, Jean Rampon, avait bien révisé : "Dans 143 jours, la commune fêtera ses 100 ans", a-t-il d'emblée annoncé à l'édile martinetien qui s'apprêtait à lui déballer l'historique de la commune qu'il administre depuis 2008.
100 ans d'existence depuis sa création en 1921 après avoir longtemps été un hameau de Saint-Florent-sur-Auzonnet, mais aussi et surtout 100 ans de communisme puisque jamais un élu d'un autre bord n'a été élu maire du Martinet. Un cas de figure faisant la singularité de cette commune qui "s'est enrichie grâce à la mine et a hélas périclité à cause de la mine", a indiqué Michel Mercier, lui-même fils de mineur, en préambule d'une présentation, diaporama à l'appui.
Pendant une grosse demi-heure, le maire et cinq de ses conseillers ont eu l'occasion de vanter les mérites d'une commune qu'ils ne quitteraient pour rien au monde malgré "les difficultés pour lesquelles il faut constamment se battre." Notamment lorsqu'il a fallu batailler il y a une dizaine d'années pour maintenir le collège, "menacé de fusion avec celui de Saint-Ambroix", mais qui aujourd'hui "se porte bien avec plus d'une centaine d'élèves."
Une gestion rigoureuse et vertueuse
"On n'a pas de centre de santé mais petit à petit on est arrivé à avoir plusieurs personnels de santé avec la présence d'un kiné, d'un ostéopathe, de six infirmiers et d'un docteur qui vient une fois par semaine", s'est aussi réjoui Michel Mercier, qui a rappelé l'exposition du Martinet, "un petit peu en bout de vallée." Le skate-park à l'entrée du village construit sur un espace qui abritait jadis l'ancienne gare donne lui aussi "pleinement satisfaction", "est aménagé au fur et à mesure" et pourra peut-être devenir le point de départ ou d'arrivée d'une voie verte qui est en prévision sur la vallée de l'Auzonnet.
Ces points abordés, l'édile martinetien a témoigné au sous-préfet son inquiétude quant à la perte de logements sociaux, passés de 140 à l'époque des mines lorsque la commune a compté jusqu'à 2 500 habitants, à une quarantaine aujourd'hui pour 745 martinetiens. Des logements qui seraient bien utiles pour "maintenir l'attractivité de la commune en attirant de nouveaux jeunes foyers."
Autre grief soulevé, la perte des dotations de l'État, "jusqu'à 60 000 euros par an" d'après le maire, qui est obligé de "travailler comme un promoteur" en achetant des bâtiments pour les louer. "C'est logique monsieur le maire", lui a alors rétorqué Jean Rampon, qui a mis en exergue "les recettes exceptionnelles" de la commune, fruit d'une "gestion rigoureuse et vertueuse" de l'équipe municipale. Et le sous-préfet d'insister : "Vous avez su rebondir après le départ des mines en vous montrant dynamique !"
"Le jour où il y aura le feu, vous êtes mal"
Un joli bilan comptable qui permet à l'État "de continuer à accompagner en toute confiance" les projets martinetiens. Cela a récemment été le cas pour la rénovation de la traversée du village dont le coût est proche des 3 millions d'euros, et pour laquelle l'État a attribué 200 000 euros en trois tranches. Ce dernier vient d'être sollicité dans le cadre d'une subvention espérée à hauteur de 180 000 euros pour le financement de l'un des "deux grands projets du mandat à venir", celui de la réhabilitation de la salle polyvalente (coût total avoisinant les 600 000 euros). Un projet qui s'inscrit dans celui plus global de création d'un "cœur de village" destiné à rendre plus attractive une commune aujourd'hui construite "en longueur."
Alors que le diaporama a continué de défiler jusqu'à la diffusion d'un petit film en 3D offrant au sous-préfet une projection fidèle du futur projet, une vue aérienne du Martinet donnant à constater son caractère végétalisé a occasionné une remontrance : "Le jour où il y aura le feu, vous êtes mal monsieur le maire. Il faut à tout prix débroussailler au niveau des habitations !" "Au Martinet, on n'aime pas sanctionner", s'est défendu Michel Mercier. "Oui mais il le faut, quitte à dresser des contraventions ! Il y a une densité de bois très forte tout autour, c'est une forêt subie", a admonesté Jean Rampon. Un petit coup de fouet reçu par le bon élève qu'est Le Martinet afin qu'il se ne repose pas sur ses lauriers.
Corentin Migoule