CLARENSAC Pour installer la fibre optique, Orange doit sortir l'artillerie lourde
Pour amener la fibre optique aux 2 000 logements de la commune Clarensac, Orange est contraint d'installer les réseaux en aérien dans les lotissements les plus anciens. Une opération qui oblige souvent à planter un nouveau poteau. Pour y parvenir et percer la roche, régulièrement présente dans nos sols, les techniciens peuvent compter sur des outils performants même si parfois seule l'huile de coude fonctionne.
L'installation de la fibre optique est le plus gros chantier industriel qui se déroule actuellement en France. Dans le Gard, Orange se charge d'équiper Nîmes et 28 communes de Nîmes métropole d'ici fin 2022 ainsi qu'Alès et quelques villes du bassin alésien. Le reste du déploiement du réseau WiGard Fibre a été confié par le Département à SFR. À Clarensac, qui fait partie de l'Agglomération de Nîmes, ce sont 2 000 logements qui seront éligibles à la fibre optique d'ici fin 2021 ou plutôt début 2022 à cause d'un petit retard engendré par la crise sanitaire.
Même si les équipes d'Orange veulent accélérer le mouvement dans cette commune de 4 300 habitants où en deux ans déjà 60% du travail a été effectué. Si les premiers branchements ont surtout été effectués en souterrain, les agents s'attaquent désormais à la partie la plus complexe dans des lotissements plus anciens. Sans possibilité de passer sous la terre, ils doivent passer par les airs. Ce qui entraîne un chantier plus long. Malgré le poids très léger de la fibre, les poteaux actuels supportant les câbles électriques sont déjà surchargés et ne permettent pas d'accueillir de charges supplémentaires.
Des sols rocheux à percer
Alors quand il s'agit d'un poteau qui lui appartient, Orange le change pour en planter un plus solide ou tout simplement le doubler notamment quand le propriétaire se nomme Enedis. Des travaux qui nécessitent une préparation minutieuse pour ne rien endommager avec des poteaux situés près des habitations. Une étude précise des sols est également indispensable pour éviter d'abîmer un réseau souterrain car les pylônes sont plantés à environ un mètre cinquante de profondeur.
Si ce jeudi, la manœuvre a été relativement rapide pour percer le bitume grâce à la tarière mécanique - une foreuse -, ce n'est pas toujours le cas. Dans certains coins de garrigue, comme pour la moitié du chantier à Clarensac, les techniciens tombent souvent sur un sol rocheux et utilisent un marteau fond-de-trou qui permet de casser le calcaire en petits flocons de poussière grâce à de l'air comprimé à haute pression produit par un compresseur. Mais dans les situations les plus extrêmes, les lieux ne permettent pas aux véhicules d'avancer et l'artillerie lourde reste dans le camion.
"15 à 20% des techniciens sont absents à cause de la covid-19"
"On y va à la barre à mine, à l'ancienne", explique un des agents. Une configuration particulière qui ralentit la cadence puisqu'à la main les équipes vont installer un seul poteau à la journée contre deux en moyenne. Au total sur Clarensac, près de 200 piliers vont être installés dont une centaine en remplacement. "On a quand même pu travailler en période de confinement mais aujourd'hui 15 à 20% des techniciens sont absents à cause de la covid-19", confie Véronique Fontaine, directrice des relations avec les collectivités locales du Gard chez Orange.
Un manque de bras qui retarde le calendrier initialement prévu. En tout cas, Patrick Gervais, maire de Clarensac, se réjouit de recevoir ce nouveau réseau sur son territoire : "On a eu très souvent des demandes pendant le confinement car désormais les gens veulent tout, tout de suite. En plus au sud du village, il y a très peu de débit. On ne peut pas avoir de télévision connectée donc c'est une vraie révolution." Une révolution numérique !
Corentin Corger