CODOLET Cisbio célèbre les 20 ans de sa "technologie de rupture pour faire les médicaments de demain"
HTRF : quatre lettres qui ont changé les processus de découverte des nouveaux médicaments ainsi que le destin de l’entreprise Cisbio, implantée à Codolet, sur le PRAE Marcel-Boîteux.
Acronyme de Homogeneous Time-Resolved Fluorescence, la technologie HTRF a été « la technologie de rupture que les chercheurs attendaient pour faire les médicaments de demain », dixit le directeur marketing de Cisbio François Degorce.
HTRF, késaco ?
D’accord, mais tout cela ne nous dit pas ce qu’est cette fameuse technologie. Sans trop entrer dans les détails et en simplifiant un maximum, il faut savoir que pour trouver de nouvelles thérapies, les chercheurs décryptent les mécanismes biologiques et identifient ceux qui pourraient être potentiellement impliqués dans la genèse d’une maladie. On appelle ces mécanismes suspects les cibles thérapeutiques. Ces cibles sont ensuite confrontées à une très grande variété de composés chimiques et biologiques lors de tests appelés criblages, qui visent tout simplement à détecter les composés qui ont un effet sur le mécanisme biologique, bref les potentiels médicaments de demain.
C’est dans l’étape du criblage qu’HTRF intervient. Basée sur les découvertes en chimie supramoléculaire du Pr. Jean-Marie Lehn, Prix Nobel de Chimie 1987, la technologie HTRF utilise des cryptates de terres rares, des composés fluorescents uniques. Un procédé optimisé et industrialisés par le Pr. Gérard Mathis, et commercialisés en 1996 et qui, combinée aux progrès de la robotique, a fait passer la phase de criblage de plusieurs mois à deux à trois semaines aujourd’hui. Depuis, les chercheurs de Cisbio ont produit plus de 600 essais et réactifs qui sont utilisés dans les labos du monde entier, puisque l’entreprise basée à Codolet exporte pas moins de 90 % de sa production.
Une technologie 100 % française
Une innovation qui a fortement participé au développement de l’entreprise (que nous vous présentions ici), et « qui contribue à plus des deux tiers de notre chiffre d’affaires » a affirmé le président de Cisbio Berthold Baldus, soit 25 des 39 millions d’euros réalisés en 2015. Si Cisbio compte désormais 207 salariés à Codolet et dans ses filiales américaine, japonaise et chinoise, la technologie HTRF n’y est donc pas étrangère.
Une technologie qui a fait ses preuves et qui — cocorico ! — est « 100 % française, mise au point à Cisbio » a rappelé Gérard Mathis, en retraite depuis jeudi soir, en présence du Prix Nobel Jean-Marie Lehn, qui avait fait le déplacement à Codolet vendredi.
Et si le succès de Cisbio est mondial, les retombées sont également locales, avec « de nombreux jeunes talents qui nous rejoignent, a souligné Berthold Baldus. Nous avons créé 30 nouveaux postes en quatre ans. »
Et aussi :
« Nous nous sentons un peu seuls » : si l’ambiance était à la fête vendredi chez Cisbio, le président Berthold Baldus a profité de la présence des élus locaux et du député Patrice Prat pour pousser un coup de gueule sur la situation du PRAE Marcel-Boîteux. « Nous nous sentons un peu seuls. Où sont donc les autres entreprises de high-tech autour de nous ? Le PRAE manque encore de substance », a ainsi lancé le patron de nationalité Allemande avant de poursuivre en s’adressant aux élus : « il est de votre responsabilité de lancer des projets concrets soutenus par des leaders industriels. Nous n’avons ni la vocation, ni l’envie de rester seuls sur ce PRAE. Il faut faire de cette région un écosystème de choix pour les sciences. » Un appel entendu par le député Patrice Prat : « j’ose espérer que pour ce PRAE, au delà de l’affichage, il y ait des choses très concrètes qui se réalisent. » A suivre.
Thierry ALLARD