FAIT DU JOUR 1er REG : pour les légionnaires, après la préparation, le terrain...
Dès cette semaine, plusieurs légionnaires du 1er régiment étranger de génie (REG), basé à Laudun-l'Ardoise, partiront en opérations extérieures (Opex). Les départs se poursuivront jusqu'en février-mars et une compagnie partira en décalé en mai, en Guyane. Les autres se rendront principalement sur les théâtres d'opération de l'Armée française : le Mali, le Liban et la Côte-d'Ivoire. Les mêmes où ils avaient déjà été mobilisés en 2018.
Les deux tiers du régiment vont être envoyés en "Opex". Une telle mobilisation a lieu tous les deux ans en moyenne. Pendant l'année 2019, ces hommes se sont préparés à être projetés entre 4 et 6 mois à l'étranger. Un entraînement intense adapté selon les spécialités des six unités représentées dans le régiment, comme l'explique le lieutenant-colonel Rémy, chef du bureau opérations d'instruction : "On a quatre compagnies de combat qui ont comme mission d'ouvrir des itinéraires aux autres unités ou contrer la mobilité. Leur rôle est aussi d'aménager les bases où sont déployées les troupes. En font aussi partie les sapeurs légionnaires capables de lutter contre les engins explosifs ou de procéder à des opérations de fouille. On a la compagnie d'appui qui déploie des moyens spéciaux pour le régiment. On y trouve des plongeurs combattants et démineurs. Enfin, il y a la compagnie de commandement et de logistique qui apporte un soutien pour tout ce qui est administratif, maintenance de véhicules, informations..." Le 1er REG oeuvre au côté des autres régiments de la 6e BLB (brigade légère blindée).
Pour que les hommes soient opérationnels, un an de préparation est nécessaire. "Au premier semestre, on les a entraînés au combat générique dans des camps en Champagne", explique le lieutenant-colonel Rémy. Au second semestre, les légionnaires sont répartis dans différents camps selon la destination où ils vont se rendre. Par exemple, certains se préparent à Almeria, en Espagne, où le désert offre des conditions similaires à certains théâtres d'opération de l'Armée française.
Ainsi, les militaires acquièrent un maximum de savoir-faire. Par savoir-faire au génie, on entend "ouvrir un itinéraire grâce à un détecteur magnétique capable de détecter les explosifs ou pour les véhicules blindés, apprendre à conduire dans le sable", poursuit-il. En parallèle, la vie au régiment continue. Des effectifs sont déployés, par cycles, à Paris, Marseille, Montpellier ou Avignon pour assurer l'opération Sentinelle.
Autre étape importante de la préparation, les entraînements interarmes. Les légionnaires du génie se retrouvent en situation d'exercice avec l'infanterie, les blindés... Comme dans une situation réelle où tous les corps doivent coopérer pour mener à bien la mission. "On essaie de coller le plus possible à la réalité en donnant un scénario. L'exercice peut durer 1, 2 ou 3 semaines", précise le lieutenant-colonel Rémy, qui poursuit : "On insiste beaucoup sur le fait que chacun ait sa place dans l'unité, qu'il maîtrise ses savoir-faire individuels. C'est la meilleure assurance qu'il a pour lui et pour les autres. Il n'y a pas de réussite individuelle, tout le monde dépend les uns des autres."
Les familles inclues dans la préparation aux missions
Mais la clé de la réussite ne réside pas dans "l'addition de compétence", il faut une vraie entente au sein de chaque groupe. Les cadres y veillent : "La cohésion se construit en entraînement mais aussi dans le quartier. La vingtaine de semaines d'exercices que passe ensemble chaque compagnie forge la cohésion."
Par exemple, les hommes fêtent tous Noël ensemble. Jamais des personnes qui ne se connaissent pas partent en mission ensemble. D'ailleurs, après chaque entraînement, les groupes sont évalués sur leur travail et aussi sur leur façon d'être. C'est durant cette période de préparation que les cadres apprennent à connaître les légionnaires sur le plan professionnel mais aussi personnel "pour détecter d'éventuels problèmes avant qu'ils ne surgissent". Le tout étant d'éviter des cas de syndrome de stress post-traumatique, une fois sur le terrain.
Et la préparation ne concerne pas seulement les soldats. Leurs familles sont aussi impliquées. Une cellule d'aide spéciale accompagne leurs femmes : "Beaucoup d'épouses de légionnaires sont d'origine étrangère alors quand leur homme part en mission, c'est le double choc", atteste le lieutenant-colonel.
La cellule explique aux épouses ce que leur conjoint va faire en "Opex". Elle fait le lien durant la durée de la mission et peut aider dans les démarches administratives ou en cas de problème. D'autant que tous les soldats mobilisés n'ont pas accès à Internet ou la possibilité d'envoyer du courrier à l'étranger: "Ça permet de mieux supporter l'absence."
Dès la fin du mois de juin, auront lieu les premiers retours de mission. La plupart des militaires engagés reviendront du Mali, du Liban et de la Côte-d'Ivoire où avaient déjà été mobilisés des unités en 2018. Mais le lieutenant-colonel Rémy insiste: "On fait varier les unités pour qu'elles n'aillent pas dans des endroits où elles sont déjà intervenues. Sinon, cela peut donner un sentiment de confort. C'est quand on pense connaître les choses que le risque s'accroît." Et changer permet d'augmenter "le niveau opérationnel de l'unité". Donc faire face en toute situation...
Marie Meunier