FAIT DU JOUR Coronavirus : quand les enseignants se réinventent !
Depuis le lundi 16 mars et la fermeture de l’ensemble des établissements scolaires, le quotidien des enseignants a considérablement changé. L’école à la maison est subitement devenue la norme, contraignant les professeurs à réorganiser leur emploi du temps, à adapter leurs cours et à se réinventer. Deux d’entre eux, Vincent Bury, instituteur en classe de CM2 aux Prés-Saint-Jean à Alès, et Agnès le Corre, professeur d’allemand en prépa au lycée Daudet à Nîmes, reviennent sur leur première semaine d’école en mode confinement.
La précipitation et l’urgence. Ce sont les sentiments qui relient Vincent Bury et Agnès le Corre, deux enseignants gardois qui ont dû trouver rapidement une solution pour poursuivre leur mission d’apprentissage. Dans son école élémentaire des Prés-Saint-Jean à Alès, Vincent Bury, instituteur en classe de CM2, a appris la nouvelle de la fermeture des établissements scolaires comme beaucoup de Français, lors de la prise de parole présidentielle. « C’était un jeudi soir : il ne restait plus que le vendredi pour se réorganiser puisque tout fermait le lundi », se souvient-il.
Il décide donc de préparer des fiches qu’il distribue à ses 22 élèves âgés de 10-11 ans, essentiellement des révisions en mathématique et en français. « Je ne voulais pas aborder de nouvelles notions car c’est parfois compliqué pour les parents qui ne peuvent pas toujours intervenir ou aider », explique-t-il. En milieu de semaine dernière, le professeur est retourné à l’école pour appeler un à un les parents de ses élèves afin de récupérer leur adresse mail. Ainsi, Vincent Bury peut continuer à envoyer ses fiches : « Mais je ne veux pas donner trop de travail aux élèves. Je leur ai demandé de travailler une heure le matin et une heure l’après-midi pour essayer de garder le rythme. »
Est-il inquiet pour la scolarité de ses élèves et leur passage en classe de sixième ? Pas vraiment. « Oui, il y aura du retard et on saura que l’année 2020 est une promo particulière. Mais en CM2, ça ne change pas grand-chose. En mars, on a déjà fait une grosse partie de l’année et on a une idée de qui est capable de passer en classe supérieure. »
« Adapter les exercices »
Agnès le Corre, elle, enseigne l’allemand à deux classes de prépa littéraire au lycée Daudet, à Nîmes. Elle aussi a dû agir dans la précipitation : « On s’est retrouvé isolés. On a seulement reçu un courrier nous demandant de mettre en place des cours virtuels. » Heureusement, elle reçoit dans la foulée un tutoriel pour lui expliquer comment procéder. Elle développe : « J’ai voulu conserver les horaires habituels. Je donne des cours virtuels à onze élèves le mardi après-midi et le mercredi matin. »
Une nouvelle formule qui semble plaire à ces étudiants âgés de 18 à 20 ans et qui ont vocation à intégrer dans quelques mois des écoles de commerce, sciences po ou l’école normale supérieure… « Ils sont ravis de tout ce qu’on propose. Et puis, ils se voient tous, ça leur donne des repères. Même quand je leur ai proposé de travailler pendant les vacances de Pâques, ils ont bien réagi ! », assure Agnès le Corre.
Si ses étudiants se disent prêts à travailler plus, ils ne sont pas les seuls : depuis la fin des cours "traditionnels", l’enseignante accumule les heures supplémentaires. « Cela me demande un boulot énorme car j’ai dû refaire des cours. Il faut que j’adapte sans cesse mes exercices, surtout qu’un professeur de langues a besoin d’interaction avec ses étudiants. »
121 850 élèves et professeurs gardois confinés
Au rectorat de l'académie de Montpellier, le personnel est lui aussi dans l'adaptation permanente. Les équipes éducatives, on l'a vu, maintiennent un lien pédagogique avec les élèves via un dispositif d’enseignement à distance et/ou des outils numériques sécurisés (ENT, Cned, Ma classe à la maison, classes virtuelles, logiciels de vie scolaire).
Pour autant, ceux qui ne bénéficient pas de ces outils numériques n'ont pas été oubliés. Certains récupèrent les supports pédagogiques au format papier auprès des établissements. D'autres profitent de dons d’ordinateurs proposés aux familles les plus fragiles. D'après le rectorat, 64 000 élèves du premier degré et 48 350 du second degré sont touchés par les mesures de confinement dans le département, ainsi que 9 500 professeurs. Tout ce petit monde pourrait se retrouver sur les bancs de l'école le 4 mai prochain, si l'on en croit les dernières déclarations du ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer.
Tony Duret