Publié il y a 4 ans -
Mise à jour le 15.10.2020 - boris-de-la-cruz - 3 min - vu 8529 fois
FAIT DU JOUR Deux enfants assassinés par leur père : témoignage d'une maman seule et abandonnée
Mis en examen pour l'assassinat de ses deux enfants, le papa vient d'avoir deux expertises psychiatriques favorables...
L'homme qui a tué deux enfants en août 2019 à Beaucaire sera-t-il un jour jugé ? Pas certain... D'autant que deux expertises psychiatriques parvenues récemment sur le bureau de la juge Déborah Cohen évoquent une abolition du discernement pouvant laisser entrevoir une irresponsabilité pénale et donc lui éviter un procès aux Assises...
Vincent, 7 ans, et sa petite sœur, Marie, 5 ans, sont décédés probablement après la prise de médicaments administrés par le père, indiquait au surlendemain du drame une source judiciaire. Leurs parents étaient séparés et avaient la garde alternée une semaine sur deux.
Vincent était scolarisé à l'école Nationale de Beaucaire, en classe de CP. Il venait de passer en CE1. "Il aimait courir, nager et surtout lire. On avait un rituel. Tous les soirs, je lui lisais des livres avant qu'il ne s'endorme", raconte la mère de famille, rencontrée mardi 13 octobre à la sortie du tribunal judiciaire de Nîmes où elle avait été reçue par le magistrat instructeur pour faire un point sur le dossier criminel.
"Marie était tout le temps joyeuse. Comme son frère d'ailleurs. Mes deux enfants souriaient tout le temps. Marie aimait les spectacles, la danse. Elle aimait colorier et faire de la couture pour ses poupées. Elle était en grande section à l'école du château".
"Pour eux je suis la sorcière"
Cette femme dévastée a quitté Beaucaire après le drame. "C'était devenu trop lourd et puis je rencontrais régulièrement mon ex-belle famille. Ils ne sont jamais venus me voir, me demander comment je pouvais aller après un tel drame. Bien au contraire, pour eux je suis la sorcière", indique sur les marches du palais cette femme qui a tout perdu un soir d'été 2019.
"Elle est seule. Elle n'a même pas bénéficié d'une aide psychologique, d'une prise en charge. Si elle veut aller voir un psy c'est à ses frais. La victime, dans notre système judiciaire, est parfois considérée comme une moins que rien", dénoncent en chœur maître Rémy Nougier et Angélique Gallucci. "Dans certaines affaires les médias sont présents, les autorités sont aux petits soins pour la famille des victimes. Là, cette dame est seule et abandonnée", poursuivent les deux avocats.
Une mère de famille vit aujourd'hui dans un autre département et continue à travailler dur comme aide-soignante dans un Ephad. "Pour moi, aujourd'hui c'est un coup de poignard. On me dit qu'il est irresponsable pénalement. Ça veut dire qu'il n'y aura pas de procès si le dossier en reste là, que mes enfants ne seront jamais reconnus comme des victimes. Si moi demain je prends une arme contre lui je vais passer pour folle aussi, alors qu'il savait très bien ce qu'il faisait. La mort de mes enfants était préméditée. Il m'a appelé avant le drame en me disant que puisque je ne voulais pas revenir avec lui, il allait s'en prendre à nos enfants. J'ai encore son message", indique-t-elle en nous le faisant écouter.
"Et puis je ne comprends pas pourquoi la juge aux affaires familiales, des semaines avant la mort de mes enfants, s'est opposée à l'expertise psychiatrique de mon ancien compagnon. Une expertise que je demandais et que son avocat voulait aussi. La juge n'a pas voulu de l'expertise, c'est qu'elle considérait à l'époque qu'il n'était pas fou. Pourquoi le serait-il devenu quelques jours après avoir tué nos enfants ? Pour moi c'est une stratégie de défense, pour ne pas avoir de compte à rendre à la justice, pour sortir de prison rapidement", poursuit cette mère inconsolable ravagée par la douleur d'avoir perdu ses plus précieux trésors. La juge Déborah Cohen a demandé qu'une troisième expertise psychiatrique du père de famille meurtrier soit réalisée dans les prochains jours...