FAIT DU JOUR. Le train à vapeur des Cévennes fin prêt à repartir pour une nouvelle saison
Dans un hangar niché à quelques mètres de la gare de St-Jean-du-Gard, le célèbre train à vapeur des Cévennes peaufine son maquillage, avant de repartir pour une nouvelle saison touristique. Après 7 mois de travaux, le voici presque prêt.
C'est un atelier en apparence ordinaire. Ce qu'il cache possède pourtant quelque chose de bien insolite. 4 locomotives à vapeur, une quinzaine de wagons de voyageurs, et une équipe soudée prête à revivre une 19e aventure à bord du train des Cévennes, qui parcours chaque jour 14 km entre St-Jean-du-Gard, la bambouseraie et Anduze.
Depuis novembre dernier, et comme chaque année, sept techniciens travaillent à temps plein pour entretenir, nettoyer, réparer, et repeindre le train avec le plus grand soin. Le travail est presque achevé. Côté design, quelques modifications ont été réalisées. "On a changé la couleur de 3 voitures de voyageurs afin qu'elles soient mieux harmonisées, elles sont maintenant marron et crème, au lieu de bleu", précise François Zielinger, président de la Compagnie Internationale des trains express à vapeur, qui a repris l'affaire derrière son frère il y a 25 ans. De même pour la nouvelle locomotive diesel qui remplace celle tombée en panne l'année passée. Elle sera vert bouteille. "On repeint 3 ou 4 wagons par an, en fonction de leur état", note t-il.
Côté mécanique, le travail de fond est en phase finale. Et c'est le plus lourd : "Tous les ans, nous devons tout ouvrir et tout nettoyer, puis s'atteler aux réparations courantes. On recrute des contorsionnistes dans les cirques pour pénétrer à l'intérieur", s'amuse le président alors que David, employé polyvalent depuis 1999, se glisse pour la énième fois dans un orifice d'un mètre carré à peine : le foyer de la plus grosse locomotive construite lors de la première guerre mondiale en Angleterre. "Nous avons changé les grilles car elles s'usent à mesure. Elles servent à empêcher le charbon de passer. David peaufine les réglages", ajoute François Zielinger. "La grille est encombrante et lourde, mais techniquement c'est facile. Par contre, comme on soude du neuf sur du vieux, la préparation est longue", lance David qui semble savourer ces derniers moments de répit. "Le plus dur, c'est la chaleur, recharger le charbon en plein cagnard. Le reste c'est juste une question d'habitude".
Direction maintenant la locomotive 040 rouge, nommée comme tel parce-qu'elle possède 4 roues. "On a changé les tubes de la cheminée où passe la vapeur (voir schéma). On le fait tous les dix ans car c'est un gros boulot. Il y en a plus d'une centaine", relève le président. "On a également vérifié et contrôlé les embiellages (rotations), comme chaque année. Notre objectif est de maintenir au minimum l'entretien pendant la saison. En tout, nous dépensons environ 300 000€ par an pour l'entretien. En sachant qu'on en a fait un peu moins cette année car on a fait une mauvaise saison en 2013. Il a fait très chaud et les gens ont plus volontiers opté pour la plage ou la rivière".
Reste à attendre le charbon. 25 tonnes devraient arriver la semaine prochaine. "Il vient d'Allemagne ou de Pologne. En France, on n'en trouve plus depuis 15 ans. On teste encore car la qualité n'est pas toujours très bonne. On reçoit un camion toutes les 3 semaines, pour un coût de 80 000€ par an environ".
Pour les visiteurs qui prendront le train cet été, le paysage aura quelque peu été modifié par rapport à l'original. "L'an dernier, beaucoup de visiteurs se sont plaints de ne plus voir le paysage car les arbres avaient pris trop d'ampleur avec les années. Cet hiver, une équipe de bûcherons est venue dégager plusieurs zones. On a coupé une bonne centaine d'acacias et de pins. Ils repartiront. On le refera dans 4 ou 5 zones l'an prochain", affirme Frédéric Zielinger.
Encore quelques réglages, donc, et le 13 avril débutera la saison 2014. "On sera charrette, mais ça va le faire, comme d'habitude!"
Eloïse Levesque