FAIT DU JOUR Oignons doux : la récolte s'annonce bonne mais il en manque encore
Président de l'AOP Oignons doux des Cévennes, Gaël Martin commençait la récolte ce mercredi matin... jusqu'à ce que l'orage matinal empêche le travail. Si les plans ont eu du mal à partir sous le régime pluvieux du printemps, la récolte s'annonce plutôt bonne. Mais, selon Gaël Martin, il manque 200 à 300 tonnes pour que la coopérative passe l'année sereinement, tandis que la question des retenues d'eau avance (très) lentement.
Gaël Martin reste prudent en évoquant la récolte attendue. "Pas trop mal", résume-t-il, tout en concédant que la récolte 2024 aura évité la sécheresse qui avait apporté la cicadelle en 2022, et la crainte du manque d'eau en 2023, finalement rattrapé par des pluies de printemps tardives. "Ce n'est pas régulier, poursuit-il, certains ont eu de grosses attaques de mildiou".
"On a surtout eu des problèmes au moment de la reprise du plan. Les conditions étaient humides, ç'a mis du temps à reprendre." Après le repiquage, la pluie est arrivée autour de l'Aigoual et sur la vallée Borgne, pour ne s'arrêter vraiment qu'en juillet. Les attaques de mildiou ont même concerné les coteaux, poursuit Gaël Martin, "où d'habitude on ne traite jamais".
La récolte qui part vers la coopérative Origine Cévennes, devrait être à peu près similaire à celle de l'an dernier, soit environ 2 200 tonnes, sur une surface équivalente. "Mais on fait tout pour inciter les producteurs à produire, car il manque environ 200 à 300 tonnes pour couvrir les frais généraux de la coopérative, explique le président de l'appellation, dont les parcelles sont situées dans l'emblématique vallée de Taleyrac à Val-d'Aigoual, qui concentre la plus grande partie de la production. Idéalement, la coopérative est calibrée pour 2 500 tonnes. Du coup, on limite les charges, on ne transporte plus la production que du lundi au vendredi, on a supprimé le samedi." Ce qu'il a fallu expliquer à certains clients, tout en continuant d'assurer le départ d'environ 70 tonnes par semaine.
"C'est bien la preuve qu'on a un produit adapté au climat : fin juillet, on arrête d'irriguer"
Gaël Martin, président de l'AOP Oignons doux des Cévennes
Si l'eau n'a pas manqué cette année, les producteurs d'oignons doux des Cévennes gardent bien en mémoire la sécheresse de l'année 2022 et ses conséquences, et la frayeur de 2023 quand il n'était déjà plus possible d'arroser avant les pluies salvatrices de la fin du printemps. 2024 ressemble à une année "normale". L'occasion, pour Gaël Martin, de souligner que "c'est bien la preuve qu'on a un produit adapté au climat : fin juillet, on arrête d'irriguer". Une forme de réponse aux politiques locaux qui demandent aux producteurs d'adapter leurs cultures au changement climatique. En août, pommes ou châtaignes ont encore besoin d'eau, alors que les bassins proches des faïsses à oignons affichent des taux de remplissage importants.
Au coeur de leurs discussions avec la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, lors de la foire de la pomme et de l'oignon (relire ici), les retenues d'eau continuent donc d'animer les débats. "On a donné notre dossier à Jérôme Despey (*), explique Gaël Martin. On a fait travailler un cabinet d'études d'Isère." Pour un montant de 40 000 € que la profession cherche à faire financer en partie. "On attend de boucler cette étude, mais il faut que ça avance, insiste Gaël Martin. On a un partenariat entre la coopérative, AD'OCC (l'agence de développement économique de la Région) et le CIRAD (centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) pour mener une adaptation au changement climatique et améliorer la résistance de l'oignon à la sécheresse et aux maladies."
En attendant, Origine Cévennes cherche un nouveau producteur hors AOP : avant chaque récolte des oignons de la zone d'appellation, la coopérative fait partir des premiers oignons "primeurs", sans appellation d'origine. Mais le producteur de Cazilhac, qui assurait la production de cette avant-saison arrête. Quant aux véllétités d'achat du Mas de Cluny (relire ici), les discussions entre Origine Cévennes et la mairie de Saint-André-de-Majencoules ont capoté. Mais la coopérative lorgne déjà sur un nouveau bâtiment, entre Pont-d'Hérault et l'embranchement vers Sumène, sur la RD 999. Ce qui permettrait à la boutique de récupérer aussi le flux des voitures allant sur Le Vigan, et non plus seulement vers Valleraugue et l'Aigoual.
Avant d'acheter, les professionnels voudraient être certains que le Département autorisera un accès sur la route départementale. Ce qui, au vu de la doctrine du conseil départemental évoquée notamment à propos de la caserne de pompiers du Vigan (relire ici), risque de prendre un temps administratif certain...
(*) Viticulteur héraultais, Jérôme Despey est président de la chambre d'agiriculture de l'Hérault et premier vice-président de la FNSEA