FAIT DU JOUR Pêche, Abricot et toreros de saison
Le programme est clair, limpide comme de l'eau de roche aux portes des troubles marécages de Camargue. Saint-Gilles, où Hercule passa pour ramener le troupeau de Géryon, va justement accueillir quelques belles bêtes à cornes ce week-end aux arènes Émile Bilhau.
Deux courses sont prévues aux arènes sans oublier le concours de l'agglo qui verra le courage d'une jeune gloire montante récompensé. Le samedi une belle petite novillada et le dimanche une grande corrida. Commençons par le commencement.
Ce samedi à 17h30, six novillos (toros de plus de trois ans mais de moins de quatre) de six ganaderias (élevages) françaises différentes fouleront le sable des arènes. Comme la cité fait dans le local, autant aller jusqu'au bout des choses et promouvoir le savoir-faire longtemps railler de nos éleveurs qui n'ont pas à rougir de leur travail. Chaque élevage présente un intérêt et aura à cœur de présenter à Saint-Gilles un digne exemplaire de son fer afin de faire briller sa devise.
Les Héritiers de François André ont leurs habitudes à Saint-Gilles, idem pour les frères Gallon qui ne cessent de connaître de grands et vifs succès (encore cette année à Mauguio notamment). Bruno Blohorn va lui aussi envoyer un novillo qui sera à coup sûr synonyme de succès et de qualité. Jalabert, ganaderia des deux frangins éponymes même s'il n'en reste plus qu'un, a déjà gracié l’un de ses becerros pour la feria 2016 pendant la finale du bolsin de Nîmes Métropole. Enfin, deux autres devises, celle de Malaga, ganaderia qui fera sa présentation à Saint-Gilles et dont un exemplaire a gagné le prix du meilleur novillo lors de la dernière feria d’Arles et une autre plus rompue à l'exercice, La Paluna, élevage Saint-Gillois. En parlant de La Paluna, on retrouve encore une grâcedonnée par Andy Younes en 2014 à Pirata, le nouveau semental (étalon) de la ganaderia.
Passons aux piétons qui devront les affronter. Deux jeunes Nîmois et une surprise. Premier en piste, Adrien Salenc. Il revient à Saint Gilles après son triomphe de 2016. Si sa temporada n'est peut-être pas à la hauteur de ses espérances, le jeune accumule les contrats et l'expérience qui lui servira en ce samedi de feria. Chef de lidia de qualité, il saura guider ses deux compañeros et prendre soin de l'aficion qui aura fait le déplacement.
S'il en est un autre qui prend soin de l'aficion, c'est bien Diego San Roman. Visiblement, les organisateurs ont eu le nez creux et ont senti la belle affaire avant le reste du monde. Ce novillero est la surprise du chef, la cerise sur le gâteau, la pêche ou l'abricot sans noyau. Véritable pépite mexicaine, après avoir connu une carrière de novillero sans picadors de haute volée, il a débuté dans la catégorie en janvier dernier, toujours au Mexique, et fait forte impression depuis le début de l'été.
Enfin et pour satisfaire tout le monde, les passionnés locaux vont retrouver un torero qui leur est cher, El Rafi. Le jeune nîmois vient tout juste de débuter avec picadors (à Arles pour Pâques). Il est encore un peu vert et doit parfaire ses connaissances mais son engagement est tel qu'il rappelle quelqu'un. Une passion folle, une gueule d'ange, un toreo libéré et l'envie d'aller plus loin, toujours plus loin. Son esprit est dégagé, sa vision est panoramique. Emplie d'allégresse, sa tauromachie ne demande qu'à plaire.
Le lendemain à 11h, finale du bolsin (concours pour apprentis toreros) de Nîmes Métropole mais c'est bien l'après-midi que se jouera le théâtre de la grande corrida. Là encore, Toro Pasion (organisateur) a réservé quelques belles surprises. Au cartel des toros peu vus en France, les pupilles de Luis Algarra Polera. Du sang Juan Pedro Domecq, toréable et très noble donc. Parfois un peu de faiblesse mais c'est le lot de tout toro qui penche vers cette souche sanguine.
Face à eux, trois hommes, deux Français et la révélation de la saison taurine en Europe. Commençons par lui d'ailleurs, Emilio de Justo sera le chef de lidia de cette course. Pour lui, rares sont les corridas où il peut toucher un tel lot de toros. Habitué des arènes rugueuses où les cornes dépassent l'étroitesse du toril, à Saint-Gilles Emilio de Justo pourrait montrer un visage tout en douceur, suave et courbé, une tauromachie de quiétude et d'amplitude.
Thomas Joubert, autre habitué de Saint-Gilles et de ses arènes, sera lui aussi de la partie. D'une année sur l'autre il est programmé car il y triomphe constamment. Un toreo de vérité, un physique de brindille. Thomas est un maestro, il tient à ce statut et quand il enfile son costume, il change de peau. Introverti, calme et plein de réflexion, l'Arlésien est très apprécié par l'aficion qui voit en lui le reflet d'une génération oubliée. Émouvant, il l'est souvent, tiraillant il l'est toujours.
Enfin, autre maestro, plus récent en alternative, Andy Younes. Il est lui aussi Arlésien. Il aime Saint-Gilles et la cité camarguaise lui rend volontiers. On se rappelle avec gourmandise quelques bons moments passés en le regardant toréer aux arènes Émile Bilhau. Younes est dans une période cruciale de sa jeune carrière. Doctorat en poche, certains mettent dix ans à refaire surface, lui n'a pas envie de cela, vous allez voir.
Samedi 18 août 17h30 : novillada concours. Six novillos des ganaderias François André, Gallon, Blohorn, Jalabert, Malaga, la Paluna pour Adrien Salenc, Diego San Roman et El Rafi
Dimanche 19 août 11h : finale du bolsin taurin de Nîmes Métropole. Trois becerros de la ganaderia Jalabert et 3 becerros de la ganaderia Cuillé.
Dimanche 19 août 17h30 : corrida de toros. Six toros de la ganaderia Luis Algarra Polera (Séville) pour Emilio de Justo, Thomas Joubert et Andy Younes.
Réservations par téléphone au 06.22.54.59.22.