Publié il y a 8 h - Mise à jour le 23.01.2025 - Thierry Allard et Anthony Maurin - 6 min  - vu 866 fois

FAIT DU JOUR Rénovation urbaine : à Nîmes et Bagnols, "les premiers résultats sont enfin visibles"

Ce mercredi, au pied de la tour G2, à Bagnols

- Thierry Allard

Anne-Claire Mialot était en visite dans le Gard ce mercredi, à Nîmes puis à Bagnols, pour parler du Nouveau programme national de renouvellement urbain avec le préfet du Gard Jérôme Bonet et les collectivités locales.

Il y en a six à Nîmes, deux à Beaucaire, deux autres à La Grand'Combe puis un à Alès, Anduze, Saint-Gilles, Bagnols-sur-Cèze, Pont-Saint-Esprit, Saint-Ambroix et Uzès… En tout ? Près de 80 683 gardois habitant dans les quartiers prioritaires de la Politique de la ville (dont 37 000 rien qu’à Nîmes) ! Autant dire qu’il y a du boulot dans un département qui était pauvre et qui se paupérise toujours plus vite.

Le Petit Archimède en 2022 (Photo Archives Anthony Maurin)
Le Petit Archimède en 2022 (Photo Archives Anthony Maurin)

L’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) finance et accompagne la transformation de quartiers de la Politique de la ville dans toute la France et donc dans le Gard. Anne-Claire Mialot en est la directrice générale depuis quatre ans et a pris pour habitude de sillonner la France et de revenir sur des chantiers qu’elle peut ainsi voir évoluer.

Lancé en 2014, le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) prévoit la transformation profonde de plus de 400 quartiers prioritaires de la Politique de la ville en intervenant fortement sur l'habitat et les équipements publics, pour favoriser la mixité dans ces territoires.

Les travaux de l'Anru à la résidence Le petit Archimède Valdegour Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)
L'inauguration de la résidence Le petit Archimède à Nîmes, à Valdegour (Photo Archives Anthony Maurin)

L’Agence porte des projets forts pour réussir la transformation des quartiers concernés par le programme. Les buts sont divers mais il s’agit d’augmenter la diversité de l’habitat, d’adapter la densité du quartier à son environnement et aux fonctions urbaines visées, de favoriser la mixité fonctionnelle et consolider le potentiel de développement économique.

Le NPNRU est acté pour renforcer l’ouverture du quartier et la mobilité des habitants, il doit viser l’efficacité énergétique et contribuer à la transition écologique des quartiers. Enfin, le NPNRU doit réaliser des aménagements urbains et des programmes immobiliers de qualité prenant en compte les usages, les enjeux de gestion et de sureté et anticipant les évolutions et mutations futures.

Anne-Claire Mialot de l'Anru lors de son dernier passage à Nîmes, au Chemin Bas D'Avignon en mars 2023 (Photo Archives Anthony Maurin)
Anne-Claire Mialot de l'Anru lors de son dernier passage à Nîmes, au Chemin Bas D'Avignon en mars 2023 (Photo Archives Anthony Maurin)

L’ANRU finance et accompagne les collectivités et les bailleurs sociaux pour mettre en œuvre de vastes projets de rénovation des quartiers les plus vulnérables. Il s’agit de transformer ces quartiers en profondeur, en intervenant sur l’habitat, mais aussi en les désenclavant et en favorisant la mixité sociale.

La directrice générale de l'ANRU était donc de passage dans la cité des Antonin avant de se rendre à la Tour G2 des Escanaux à Bagnols. À Nîmes, c’était à Valdegour que la visite était prévue. Pour l’inauguration de la résidence réhabilitée le Petit Archimède à Valdegour.

Les travaux de l'Anru à la résidence Le petit Archimède Valdegour Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)
Julien Plantier, Jérôme Bonet et Anne-Claire Mialot (Photo Archives Anthony Maurin)

Le projet de réhabilitation en site occupé de la résidence de 143 logements « Le Petit Archimède » à Nîmes a même été reconnu bâtiment durable Occitanie niveau argent en décembre 2022 dès sa phase de conception.

Après plusieurs réunions en pied d’immeubles lors desquelles les habitants ont partagé leurs besoins et avis, deux espaces distincts seront proposés. Un premier dédié aux jeunes enfants, et un second aux jeux de ballons pour les plus grands. S’ajoutent à ces aires de jeux de nouveaux espaces végétalisés pour apporter une touche de verdure à la résidence. Il a fallu désamianter le site qui était occupé, isoler par l'extérieur, moderniser les équipements techniques, améliorer l’acoustique du bâtiment… Le coût des travaux est estimé à 8,23 millions d’euros.

Les travaux de l'Anru à la résidence Le petit Archimède Valdegour Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)
L'inauguration de la résidence Le petit Archimède avec les officiels (Photo Archives Anthony Maurin)

Jour d’inauguration oblige, des jeux pour les enfants et un stand de barbe à papa étaient de la partie sous un ciel brumisateur. Une résidence un U un peu difforme. Pour occuper le centre, un parking, un city-stade et une aire de jeux pour les pitchounets. Au pied des quatre étages, des médecins, kiné et une agence du bailleur Erilia qui a mis quelques millions d’euros dans l’affaire. Le bailleur social est dans le quartier depuis les années 1960 et le rachat de Languedoc Logis.

Pour le premier adjoint à la ville de Nîmes, Julien Plantier : « C’est un plaisir et une fierté, car c’est une des premières opérations qui s’achèvent sur Valdegour. Le projet était important et nécessaire. Il fallait engager des travaux, mais les réhabilitations ne sont jamais simples. En tout, ce sont près de 600 millions d’euros qui sont engagés pour Nîmes, cet argent sert l’intérêt collectif et l’ANRU a une oreille attentive. »

Les travaux de l'Anru à la résidence Le petit Archimède Valdegour Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)
Le sous-sol de la résidence Le petit Archimède laisse à désirer... (Photo Archives Anthony Maurin)

Les riverains, eux, sont contents. Relativement. « Oui, les façades sont belles, propres pour le moment, mais tout dépendra de la durabilité dans le temps des matériaux utilisés ! Les sous-sols sont horribles, aucun chantier, les caves sont ouvertes, ça squatte, ça fume, il y aura un mort un jour… Il y a des déchets partout et personne ne fait rien ! Et plein sud, sur nos façades, ils ont mis des brise-soleil… En métal. Ça chauffe encore plus qu’avant ! Dans la cour, il y a des grands carrés de paillage sans verdure et on ne peut même pas s’assoir. Idem pour les arbres… Il n’y a que des petits oliviers en pots, ça va être dur de rester dehors l’été avec tout ce béton ! »

Anne-Claire Mialot, directrice de l’Anru est quant à elle satisfaite : « Voir des réhabilitations, c’est important car ces logements sont dignes, isolés, faciles d’accès, confortables et agréables. Je viens régulièrement à Nîmes et je suis heureuse parce qu'on voit les choses avancer. Le renouvellement urbain est important ici et pour Pissevin et Valdegour, on parle de 100 millions d’euros. »

Et Anne-Claire Mialot de poursuivre : « Les premiers résultats sont enfin visibles. Il y a eu la galerie Richard-Wagner, symbolique. Ici, on voit la renaturation des lieux, on s’occupe de l’écoulement des eaux, on remet des services publics pour redonner de la qualité de vie à ces quartiers. »

Les travaux de l'Anru à la résidence Le petit Archimède Valdegour Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)
Les caves de la résidence Le petit Archimède sont à l'abandon... (Photo Archives Anthony Maurin)

Le préfet du Gard, Jérôme Bonet, est, lui aussi, heureux de ces avancées : « Votre présence marque l’importance que donne l’ANRU à nos projets gardois. L’ANRU n’est pas qu’une machine à financer, il y a de véritables projets, parfois infiniment complexes. La phase actuelle n’est plus trop à la destruction, on construit et réhabilite. Les habitants doivent vivre cela comme un espoir et nous devons y être attentifs ! Nous devons assurer la sécurité dans ces quartiers, on doit essayer de compenser tous les handicaps connus ici et là. »

À Bagnols, la visite d’Anne-Claire Mialot était l’occasion de donner le coup d’envoi de la déconstruction de la tour G2. Située à l’entrée de la ville, cette tour de 40 mètres de haut est « pour beaucoup, le symbole d’une époque, de choix urbanistiques des années 1960 », rappelle le maire de Bagnols, Jean-Yves Chapelet. Une époque où le CEA, qui était en train de bâtir le site nucléaire de Marcoule, a construit une ville à côté de la ville pour y loger son personnel.

La déconstruction de la tour G2 a démarré ce mercredi à Bagnols • Thierry Allard

Depuis, les Escanaux ont vieilli et se sont paupérisés. Aujourd’hui, Bagnols compte 30 % de logements sociaux, pour la plupart concentrés sur ce quartier. « Pendant trop longtemps, ce lieu a été le symbole de difficultés, de fragilités, il faut faire table rase pour reconstruire mieux », estime le maire, évoquant le trafic de drogue qui gangrène le quartier et contre lequel il a fait poser des blocs de béton pour perturber le quotidien des dealers et des clients. Alors, pour un éventuel troisième programme de rénovation urbaine, Jean-Yves Chapelet souhaite « une attention toute particulière sur la sûreté, la sécurité des habitants. »

"Le calandrier s'est accéléré" pour la rénovation urbaine du quartier des Escanaux, note le maire Jean-Yves Chapelet • Thierry Allard

Mais on n’en est pas encore là. À Bagnols, la barre de Carcaixent est tombée en 2023, la résidence Mayre Nord en décembre dernier, et désormais c’est au tour de la tour G2 de redevenir poussière. Des opérations qui ont pris du temps, celui du relogement des habitants, qui ont parfois vécu des décennies dans ces bâtiments. « La tour G2 est sans doute l’opération la plus symbolique de la rénovation urbaine à Bagnols », avance la présidente d’Habitat du Gard, le bailleur social de tout le quartier ou presque, Laurence Barduca-Fauquet. En tout, la rénovation urbaine à Bagnols représente pas moins de 56 millions d’euros, « dont près de 43 millions financés par Habitat du Gard », rappelle l’élue.

Il faut cela pour mener « un projet d’ensemble », souligne Anne-Claire Mialot, avant de rappeler que l’ANRU met 10,7 millions d’euros et 3 millions de prêts bonifiés par Action logement sur le projet bagnolais. Avec « un objectif ultime, améliorer la vie des habitants dans les quartiers », rajoute-elle, avant d’évoquer « la déségrégation et la mixité sociale » comme buts poursuivis.

Le maire de Bagnols Jean-Yves Chapelet et la directrice de l'ANRU Anne-Claire Mialot • Thierry Allard

La démolition de la tour G2, qui doit s’achever fin mars, est une étape « d’un projet cohérent, politique », souligne le directeur de la Direction départementale des territoires et de la mer Sébastien Ferra, projet qui comporte aussi la construction du nouvel espace culturel de la ville, la Pyramide, ou des projets plus modestes, comme ces jardins partagés en pied d’immeuble menés avec des associations locales. « Un projet exemplaire », renchérit le sous-préfet Mathias Nieps, qui salue « une action résolue en faveur du cadre de vie et de la dignité des habitants. »

Un projet encore loin d’être terminé : la tour G1 et la résidence Mayre Sud doivent être déconstruites en 2026 avant, pour un hypothétique programme NPNRU 3, la tour F, dite tour des Nuages.

Thierry Allard et Anthony Maurin

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio