FAIT DU JOUR Uzès, une destination prisée de l'été
En ce long week-end du 14 juillet, Bison Futé voyait rouge sur les routes. Beaucoup de Français ont choisi ce moment pour partir en vacances. Certains ont fait escale à Uzès, une des villes les plus touristiques du Gard. Le marché a fait le plein, les rues étaient bondées et les restaurants complets. Ambiance.
"On aime toujours autant se promener au milieu de cette belle architecture. La place aux Herbes est très particulière. Avec ses arceaux, on se croirait dans un autre siècle", nous glissent Jean-Claude et Françoise. Ce couple marseillais se rend parfois dans leur maison de famille à côté de la cité ducale. Ce samedi, ils ont profité du soleil pour arpenter le marché. Ils n'étaient pas les seuls à avoir eu l'idée. Véritable carte postale provençale, le marché d'Uzès et ses 200 exposants voient passer dans les allées des milliers de personnes. Entre les stands, on entend parler de toutes les langues. "On a des Anglais, des Allemands et même des Chinois. C'est vraiment un beau marché, il y a toujours du monde", atteste Yann Sarro, un Bollénois qui tient avec son frère, un stand d'olives.
Un Parisien de passage nous confirme : "C'est très coloré et odorant. On ressent plein de sensations. Les gens sont agréables et le site exceptionnellement beau de partout." Son flair l'a attiré jusqu'au stand de Bernard Coudert, producteur de fromages de chèvres installé à Vallérargues. "Crémeux, moyen ou plus sec ?" interroge celui qui est sûrement l'un des plus anciens commerçants du marché. "Je viens depuis avril 1969, cela fait plus de cinquante ans", assure-t-il.
Ce fidèle de la première heure était d'ailleurs à la manoeuvre lorsqu'Uzès était en lice pour le concours du Plus beau marché de France : "On a fini 4e pour notre première participation. On va essayer de recommencer l'année prochaine." Il est convaincu des atouts de ce rendez-vous hebdomadaire bercé par le "soleil, les cigales et avec la belle fontaine." L'émission 66 minutes a d'ailleurs récemment consacré tout un reportage à cette institution uzétienne, le qualifiant de "marché faisant rêver le monde". Rien que cela.
Dans les allées, "des bouchons comme sur l'autoroute"
Ce samedi, les exposants se réjouissent de la fréquentation dopée par ce week-end de départs en vacances : "Ça commence à arriver. Ce n'est pas tant qu'il y a plus de monde mais les gens sont un peu plus acheteurs", constate Maryline Toneguzzo, qui vend nougats, chouchous et pralines au même emplacement rue du Duché depuis six ans. Au stand à côté, Sylvie, qui vend du prêt-à-porter, confirme : "En juillet-août, c'est comme ça. Et encore là, ça circule. Il suffit parfois d'une poussette en travers ou d'un stand qui dépasse et ça bloque. Ça crée des bouchons comme sur l'autoroute", dit-elle en riant.
Installée sur le marché depuis 1981, elle a su fidéliser la clientèle. À l'image de Josy, qui l'a connue il y a plus de trente ans alors qu'elle était en vacances chez sa cousine dans la région. Maintenant qu'elle habite à Uzès, elle passe dire bonjour le samedi. Même l'été. "Je bougonne souvent à cause de la foule. On est bousculé et tout le monde n'est pas toujours aimable. Mais il faut du monde pour faire travailler le commerce", concède cette Uzétienne d'adoption.
Le marché bénéficie aussi aux commerçants permanents installés dans les artères piétonnes. En témoigne Natasha, responsable de la boutique Aloha, sur l'emblématique place aux Herbes : "C'est un melting-pot. On voit la place se vider, se remplir au gré des saisons. Comme une sorte de migration", décrit-elle tout en métaphore. D'origine écossaise, la vendeuse a elle-même eu un coup de foudre pour Uzès 25 ans en arrière. Elle trouve que cette première partie de saison estivale est légèrement plus calme que d'habitude mais "on ne peut pas se plaindre", lâche-t-elle positive en comparant avec d'autres centres-villes.
"Ce n'est pas une nouveauté qu'Uzès est touristique"
Ce petit retard, Tom Graisse le patron du restaurant "Terroirs" depuis 2005, l'a aussi remarqué. "On a fait un très beau printemps, lié aux ponts très bien répartis sur le calendrier et à la météo. En juin, il y a eu des orages et pas de ponts. Il y a eu une baisse par rapport à l'année dernière. Tout comme ce début du mois de juillet qui était en-dessous. Ça a redémarré vraiment pour le 14 juillet", constate le restaurateur. Il a enfin renoué avec ses 200 couverts au service du vendredi soir. Rien d'étonnant s'il se fie à son "baromètre" : Bison Futé.
Il a bon espoir que cette première saison estivale, où le covid semble mis de côté, soit prometteuse. Toutefois, il pressent que les Français vont en profiter pour "partir loin, grâce à l'argent qu'ils ont mis de côté et vu qu'ils n'ont pas pu voyager pendant deux ans et demi". Il s'interroge aussi sur les effets des fortes chaleurs de l'été dernier qui ont pu dissuader les vacanciers de choisir le sud comme destination cette année. Ou encore sur le "problème du pouvoir d'achat" qui pèse dans le budget des touristes.
Sophie Hampartzoumian, elle, ne ressent pas ces fluctuations. Son hôtel familial "La Taverne de Sophie" affiche complet depuis Pâques et cela devrait continuer jusqu'à la Toussaint. Comme toutes les années. "Ce n'est pas une nouveauté qu'Uzès est touristique. Je suis née ici et c'était déjà comme ça. Les parkings saturés, les restaurants pleins, la chaleur l'été. Il y a peut-être plus ces effets de masse", avance-t-elle. Elle ajoute : "C'est une ville touristique mais pas que. Elle vit toute l'année avec ses 8 500 habitants, ce n'est pas une ville dortoir."
Ce n'est pas toujours facile de concilier les deux. L'hôtelière déplore une augmentation des logements uzétiens en location sur Airbnb, qui sont autant d'habitations qui ne sont plus proposées aux familles d'ici et les poussent parfois à vivre ailleurs. "J'ai arrêté de compter les annonces, ça me déprimerait sinon", avoue-t-elle. Mais elle comprend l'attrait que dégage Uzès en France et à l'étranger. Une ville à taille humaine avec du cachet, du patrimoine, de la culture et la possibilité de pouvoir tout faire à pied... "On ne part jamais en vacances. On a ici ce que les gens cherchent", conclut Sophie Hampartzoumian.