FAIT DU JOUR Vincent Bury, enseignant : "Parler des attentats en classe, c'est mon rôle"

Six jours après les attentats qui ont touché Charlie Hebdo, Vincent Bury, enseignant dans un quartier sensible d'Alès, a décidé d'ouvrir le débat avec ses élèves de CM2. Objectif : apprendre la tolérance et éviter l'émergence d'éventuelles tensions.
Ils ont entre 10 et 11 ans. Ce mardi, les 25 élèves de la classe de CM2 de M. Bury rentrent calmement en classe. Ils s'apprêtent à échanger avec leur professeur des attentats qui ont touché la France. Déjà la semaine dernière, tous ont observé une minute de silence en mémoire des victimes. "Le maître nous avait demandé de penser aux familles des victimes. Ça m'a permis de me mettre à leur place", précise Zaïra, marquée par cet instant.
Expliquer, comprendre, définir
Aujourd'hui, il est question de faire le bilan de ces quelques jours riches en événements. "Pour moi, c'est une évidence d'en parler. On débat dès qu'il se passe quelque chose d'important. J'aime ça", note M. Bury. La plupart de ses élèves ont regardé les informations en boucle sur BFM ou I Télé mais seulement un tiers en a discuté en famille. Pour certains, des détails essentiels restent flous. "Pourquoi a-t-on assassiné ces personnes?", interroge le professeur. "A cause de Charlie", lâche un élève au fond de la classe. "Qui est Charlie ?", rétorque M. Bury. "Je ne sais pas", répond l'élève embarrassé. "Attention, il faut être précis. Charlie est un journal. Comment donne-il l'information ?", relance l'enseignant. "En se moquant des gens connus", affirme furtivement Myriem. Une nouvelle fois, le maître demande plus de concision. "Se moquer pour se moquer, ça n'a pas d'intérêt. Il y a autre chose". "Pour faire passer un message", ajoute la jeune Myriem après quelques secondes de flottement.
Puis émergent progressivement des notions difficiles mais essentielles à la compréhension des événements. "Amalgame", "subjectif" ou "liberté d'expression". "Ce journal écrit de manière subjective, avec sa propre vision. Mais est-ce qu'on peut tuer parce qu'on est pas d'accord?" "Non", répond en chœur une poignée d'enfants. Puis, Myriem particulièrement motivée par le débat, renchérit : "Dans la rue, il y avait des pancartes "même pas peur"". "Oui, à qui s'adressent-elles?". "Aux terroristes!", lance la fillette sans hésiter.
Du rôle fondamental de l'école
Cet exercice d'échanges est un choix pédagogique pour Vincent Bury. Chaque matin, tout au long de l'année, il consacre vingt minutes à l'explication orale d'un fait historique ou d'actualité. "L'écrit est souvent un effort pour eux. Ils retiennent beaucoup d'informations grâce au verbal. C'est plus stimulant", indique-t-il. Un travail qui semble porter ses fruits. Les écoliers se mêlent au débat avec intérêt et discipline. "Je n'avais pas compris les liens entre les tueurs. On l'a expliqué en cours", souligne Zaïra. "On a pensé aux proches et à ce qu'ils ressentaient", ajoute Aymen.
La méthode de l'enseignant n'est toutefois pas partagée par tous les établissements. Le collège Jean Moulin d'Alès a refusé de communiquer sur ce sujet et nous a fermé la porte. "On ne maîtrise pas tout et certains professeurs ont observé l'apparition de tensions après en avoir discuté. Tout dépend de la classe. De mon côté, j'affiche ouvertement que je ne crois pas en Dieu. Tout se passe bien", soutient Vincent Bury qui n'a constaté aucune réaction négative au sein de ses effectifs. "J'ai demandé à ma mère ce qu'elle en pensait. Elle est contre les dessins de Mahomet mais elle dit que ce n'est pas une raison pour tuer des gens", commentent en chœur une poignée d'élèves.
Pourtant, en sondant les 25 élèves, aucun ne s'est rendu aux manifestations d'Alès. "J'aurais bien voulu mais ma mère travaillait", assure Zaïra. "Mes parents ont dit qu'il faisait trop froid", renchérit Aïcha. Un seul enfant lève alors la main pour affirmer qu'il n'aurait pas aimé venir. "Peu d'élèves en ont parlé en famille. Ça ne m'étonne pas. Certaines ne sont pas à l'aise avec ces événements. Notre rôle éducatif est d'autant plus important en ce moment", conclut le professeur.
Eloïse Levesque
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