La première caisse à savon venait de "mon papy", à 8 ans et demi. Et puis, Lily est allée voir la course historique de Bordezac, où même les tracteurs en plastique sont autorisés dans les catégories les plus jeunes. En rentrant, "mon père a dit "on va faire une caisse à savon". C'était il y a plus de trois ans. Il n'aura donc fallu que trois ans à Lily pour atteindre la troisième marche du podium du championnat de France. 

Un championnat qui devait emprunter, fin juin, les pentes du col Saint-Pierre à Saint-Jean-du-Gard. Mais les législatives anticipées en ont décidé autrement. C'est finalement les 31 août et 1er septembre, sur les pentes du mont Lozère, que s'est tenue la compétition, au Bleymard. Lily a couru en catégorie C2 Sport, réservée aux 12-13 ans, loin de la catégorie "folklorique" qu'elle fréquentait auparavant. "À Bordezac, ce n'était qu'une petite pente, compare Lily. Aux championnats de France, c'était la plus grande descente que j'aie jamais faite, de deux kilomètres."

Lily consacre désormais presque tous ses dimanches à une course. Ce samedi, par exemple, ce sera à Saint-Martin d'Ardèche, avant Branoux-les-Taillades le dimanche. Il faut dire que, dans les dernières années, les occasions se sont multipliées, beaucoup d'associations ayant créé leur propre épreuve dans leur village, signe d'un engouement généralisé qui a même atteint les pentes de l'Ermitage à Alès. Lily multiplie donc les courses, avec les désagréments inévitables que sont les blessures. "Mon premier accident, j'étais tombée sur le côté dans un virage. Je me suis fait mal au pied. Puis, à Gailhan, je m'étais cassé le doigt et mon ongle avait sauté." 

"Aux championnats de France, je suis montée à 64 km/h"

Lily Calais, pilote de caisse à savon

Pas de quoi, pour autant, décourager la compétitrice qui dit avant tout apprécier "la vitesse" dans ses épreuves. "Je vais de plus en plus vite. Mais la dernière fois que je me suis blessée, malheureusement, j'ai écouté mon père qui disait à un adulte qu'il pouvait lâcher les freins dans un virage. Moi, je suis rentrée dans le mur." Pas de quoi, pour autant, instiller le doute dans la tête de Lily. "J'ai un compteur sur ma voiture. Aux championnats de France, je suis montée à 64 km/h." 

Après ce premier essai - réussi - Lily se projette déjà dans les prochains championnats de France, qui auront lieu à Lyon en juin. Cette fois-ci, elle descendra la piste dans la catégorie C3, en raison de son âge. Son père aura peut être déjà imaginé une nouvelle caisse à savon, lui qui en est à sa troisième réalisation pour sa fille et répond, en écho à sa femme Kelly qui décrit certains véhicules originaux : "La seule chose qui arrête dans la création de la caisse, c'est l'imagination." 

Toute la famille, qui s'est elle aussi prise au jeu, accompagnera Lily. D'ailleurs, sa petite soeur, Ambre, après avoir fait quelques descentes à côté de Lily et de sa mère (pour conduire ou arroser le public), s'est mise elle aussi à piloter à l'automne 2023, sur un ancien véhicule de sa soeur. La championne de Gagnières aura peut être de la concurrence dans sa propre famille... Mais d'ici là, il n'est pas dit que Lily n'ait pas eu des envies d'ailleurs. Interrogée sur un éventuel attrait pour le rallye automobile, elle qui adore la vitesse, Lily répond, sourire aux lèves : "Bah, si on me le propose, oui..." Avis aux pilotes, la concurrence est en germe.