FAIT DU SOIR Comment bien tailler son olivier et apprécier les subtilités des huiles d'olive ?
Quelles sont les particularités des huiles d'olive du Gard ? Et comment bien tailler ses arbres tout en limitant le rique de maladie ? Autant de questions abordées lors de la 9e édition d'Olives en fête qui s'est tenue ce dimanche 14 avril, sur la place aux Herbes, à Uzès.
Le Comité de promotion agricole d'Uzès et le Syndicat des AOP (appellations d'origine contrôlée) olive et huile d'olive de Nîmes ont organisé ce dimanche la 9e édition d'Olives en fête, sur la fameuse place aux Herbes. Le public était nombreux pour ce rendez-vous gourmand et ensoleillé. Différentes animations ont jalonné la journée pour faire découvrir toutes les facettes des olives gardoises. Les visiteurs ont pu découvrir les secrets de la taille de l'olivier mais aussi les différents goûts des huiles du Gard. Si vous détenez un olivier dans votre jardin et vous vous apprêtez à tailler votre arbre, voici quelques conseils prodigués par Hélène Lasserre, directrice du pôle Recherche et conservation à France Olive, l'interprofession de l'oléiculture en France.
"Il y a une relation particulière entre cet arbre méditerranéen, riche en symboles, et les hommes. Ceux qui en ont dans leur jardin aiment le voir beau, bien taillé", pointe Hélène Lasserre. Dans notre région, la taille des oliviers doit être réalisée après l'hiver et jusqu'à la fin avril-début mai. Pas après, car les coups de sécateur pourraient abîmer les boutons floraux qui sont en fait la future production. Côté technique, il faut faire en sorte que toutes les feuilles soient dans la lumière. "Pour cela, il faut créer un puits de lumière au centre de l'arbre. L'objectif c'est de garder un maximum de feuilles et un minimum de bois. Ce sont les feuilles qui vont faire la photosythèse. C'est ce qu'on appelle la taille en gobelet", explique la directrice du pôle Recherche et conservation. Le bois doit être à l'ombre.
Bien tailler pour avoir un arbre plus régulièrement productif et moins sensible aux pathogènes
S'agissant des branches, elle parle aussi de taille RMC (on enlève toutes les branches qui ne poussent pas dans l'espace, donc celles qui rentrent vers l'arbre, celles qui montent et celles qui croisent). Mais attention à ne pas casser l'équilibre de l'olivier : "Il faut s'imaginer que ce qu'on voit de l'arbre en extérieur, il y a autant en racines dans le sol. Il ne faut donc pas enlever plus de 20% du feuillage." Une taille bien menée, avec une bonne aération des feuilles, permet d'obtenir des arbres plus régulièrement productifs et moins sensibles aux pathogènes.
Des pathogènes qui peuvent être favorisés dans certaines conditions. Cette année, l'alternance de chaud et d'humidité a amené la maladie de l'œil de paon sur plusieurs arbres. Pour limiter le risque, il est important de bien alimenter ses oliviers avec de l'engrais et de l'eau, mais aussi de les protéger avec de la bouillie bordelaise, un fongicide à base de cuivre. Le changement climatique peut également perturber le cycle des oliviers. Dans le Gard, les hivers ont tendance à être plus doux et moins rigoureux, alors les ravageurs, "au lieu de mourir, restent en dormance. Parfois, des pupes de mouches demeurent", alerte Hélène Lasserre.
Deux AOP qui fêtent leurs 20 ans
Former les personnes détentrices d'arbres est important, surtout lorsque l'on sait que l'oléiculture "est la seule filière française qui englobe les amateurs et les professionnels ensemble. Beaucoup d'amateurs participent à la production française car ils sont nombreux à avoir hérité d'olivettes", assure la représentante de France Olive, qui est elle-même petite-fille d'agriculteur à Beaucaire et qui a exercé en tant que professeure au lycée de Rodilhan, établissement où elle a contribué à mettre en place la ferme oléicole. C'est encore plus prégnant quand on sait que le Gard est le deuxième département français en termes de production derrière les Bouches-du-Rhône.
Dans notre département, la principale variété se dénomme la picholine, une olive verte reconnaissable pour son ardence et son amertume. C'est elle qui donne toutes leurs particularités aux AOP Olive de Nîmes et Huile d'olive de Nîmes. L'aire de production des deux AOP s'étend actuellement sur 183 communes du Gard et 40 du département de l'Hérault. Alors que les deux appellations doivent fêter leur 20e année en 2024, le syndicat espère faire évoluer le cahier des charges et l'aire d'appellation, et qu'il y ait un renouveau. "On aimerait étendre l'aire du côté est, même au-delà de Bagnols-sur-Cèze", expose Julie Carou, animatrice au sein du syndicat des AOP olive et huile d'olive de Nîmes.
Les goûts des huiles peuvent être différentes. Lorsque le fruit est trituré, le curseur peut aller de subtil à intense. Quand la picholine est conditionnée à l'ancienne avec une étape de macération pour la faire entrer en fermentation, les arômes vont tendre vers ceux de l'olive noire, vers du champignon, du cacao. Aujourd'hui, le cahier des charges de l'AOP ne reconnaît pas le goût à l'ancienne. Le syndicat, et notamment Julie Carou, travaille à l'intégrer, à prouver l'intérêt, à travers un dossier qui sera sous l'égide de l'INAO (Institut national de l'origine et de la qualité). Selon elle, environ 50 000 arbres sont recensés sur l'AOP, ce qui représente 220 producteurs et une dizaine de moulins.
Un élu uzétien intronisé
Comme chaque année, la Confrérie des chevaliers de l'olivier de Languedoc-Roussillon intronise de nouveaux membres, lors de la manifestation Olives en fête. Ce dimanche, c'était au tour de Gérard Bonneau, conseiller municipal uzétien de l'équipe de l'actuel maire, Jean-Luc Chapon. L'homme est élu depuis trois mandats et s'occupe des travaux et des manifestations. Il est aussi vice-président au SICTOMU (Syndicat intercommunal de collecte et de traitement des ordures ménagères de la région d'Uzès).