Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 31.05.2022 - pierre-havez - 3 min  - vu 13620 fois

FAIT DU SOIR Piqûres sauvages : la feria de Nîmes sous surveillance

Intervention de police lors de la feria à Nîmes (Photo : Boris de la Cruz)

Après les boîtes de nuit, les bars et les concerts, les fêtes votives gardoises sont à leur tour touchées par la vague de piqûres sauvages qui gagne l’Hexagone. Même s’il est pour l’instant inoffensif, ce phénomène inquiète à l’approche de la feria de Nîmes.

La vague de piqûre montre crescendo dans le Gard. Une jeune femme de 23 ans a subi une première piqûre dans le bas du dos, lors de la fête votive de Saint-Hilaire-de-Brethmas, samedi 21 mai. Prise d’un malaise, elle s’est rendue dans la nuit à l’hôpital d’Alès, avant de porter plainte au commissariat, le lendemain. Mais aucune toxine, ni produit particulier n'a été retrouvé dans son organisme.

Aucune injection constatée

Mais avec quinze piqûres recensées par la police nationale au cours de la feria d’Alès, ce week-end, le phénomène semble s’accentuer. « Beaucoup de ces plaintes émanent néanmoins de victimes alcoolisées, et certaines s’avèrent en fait de simples hématomes, alors que d’autres marques pourraient provenir de n’importe quel objet piquant, tempère le procureur d’Alès, François Schneider. Il existe un effet d’entraînement, c’est certain. Mais jusqu’ici, aucune injection n’a été constatée et nous ne sommes même pas sûr que les auteurs utilisent des seringues. »

Dans des bars et des boîtes de nuit nîmoises, une demi-douzaine de cas ont aussi été constatés depuis le début du mois de mai. « Et dans l’espace publique, deux jeunes filles ont déclaré avoir été piquées lors de la Prima fresca, le week-end du 1er mai, à Nîmes, ajoute Richard Schieven, l’adjoint à la Sécurité de la Ville. Mais un dermatologue a infirmé les piqures et leurs analyses toxicologiques se sont avérées négatives. » Sur environ 150 plaintes, au mois de mai, sur l’ensemble du territoire national, seulement deux cas, à Roanne et dans les Pyrénées orientales, ont abouti à la découverte d’une toxine nocive - en l’occurrence du GHB, un puissant psychotrope -, selon une enquête de nos confrères de France Info publiée lundi 30 mai. Des chiffres susceptibles de relativiser le risque de psychose que redoutent les autorités. « Pour l’instant, dans le Gard, aucun auteur n’a été identifié et aucune substance n’a été découverte chez les victimes, qui sont en général des jeunes hommes et femmes », confirme le procureur de la République de Nîmes, Éric Maurel.

Jeu d’adolescent inconscients

Mais à l’approche de la feria de la Pentecôte, avec ses foules massées dans les rues et dans les bodégas nîmoises, l’inquiétude monte d’un cran du côté des organisateurs. « Avec l’affluence, c’est vrai qu’il est difficile d’agir concrètement contre ce qui ressemble pour l’instant à un jeu d’adolescents inconscients jouant sur la peur, constate Richard Schieven. Mais on ne va pas sortir en côte de maille ! C’est pourquoi nous appelons chacun à être vigilant et à signaler toute description ou comportement suspect aux forces de l’ordre sur le terrain. » La Ville proposera néanmoins des couvercles de protection anti-drogue pour les gobelets, comme l’a fait celle d’Alès, en réaction à cet autre mode d’injection de toxines actuellement en cours en France.

Comme d’habitude, le niveau de sécurité sera porté à son maximum pendant toute la feria de Nîmes. Du côté de la police municipale, une vingtaine d’agents patrouilleront en matinée, puis une quarantaine l’après-midi et le soir, sans compter les agents de sociétés de sécurité privées postés par la Mairie au niveau des croisements et des barrières amovibles anti-véhicule bélier. De son côté, la préfecture a fait appel en renfort à deux compagnies de gendarmes mobiles pour sécuriser la manifestation. « Nous serons particulièrement vigilant, grâce à des patrouilles en civil ou mélangées à la foule, et en sensibilisant les professionnels, comme les gérants de bodégas qui pourront nous alerter en cas de doute, ajoute le commissaire Emmanuel Dumas. Enfin, si quelqu'un ressent une douleur, nous lui conseillons d'appeler le 17, de déposer plainte, et de procéder à un examen toxicologique à l’hôpital

Pierre Havez

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