FAIT DU SOIR Réforme des retraites : participation en légère baisse à la veille du verdict du Conseil constitutionnel
Ce jeudi 13 avril a été marqué par la 12e journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites. Une journée qui survient la veille de la décision du Conseil constitutionnel. Dans le Gard, plusieurs manifestations ont été organisées. Les cortèges sont un peu moins fournis mais la colère est encore présente.
À Bagnols-sur-Cèze, 2 000 personnes selon les syndicats
Ce jeudi 13 avril, les syndicats ont compté 2 000 personnes dans le cortège bagnolais contre la réforme des retraites. Selon les renseignements généraux, ils étaient 700. Ce sont des chiffres qui restent hauts à l'échelle du Gard rhodanien. "On vient de vivre trois mois de mobilisation exceptionnelle, dans le calme et la détermination. (...) C'est historique. On a eu entre 2 500 et 5 000 personnes à chaque manifestation", atteste Patrick Lescure, secrétaire général de l'union locale CGT.
Même s'il n'attend pas grand-chose de la décision des Sages de demain, il est persuadé que la mobilisation est loin d'être terminée : "Les gens se sont emparés du sujet. Ce n'est pas qu'une affaire de militants et de syndiqués (...) Il y a une colère accumulée. Les gens ont du mal à finir leurs fins de mois. Avec cette réforme, on va faire des vieux retraités encore plus pauvres." Il ajoute : "On ne va pas s'arrêter là, la mobilisation prendra peut-être une forme différente, mais les sujets de l'égalité femme/homme, de la reconnaissance des pénibilités et du partage des richesses, resteront sur la table."
Ce vendredi 14 avril, à midi, l'intersyndicale appelle à se mobiliser autour d'un casse-croûte revendicatif sur l'esplanade du monument aux morts bagnolais. Les syndicats espèrent aussi marquer le coup le 1er mai. "Le régime des retraites n'est pas au bord de la faillite. L'exécutif s'arqueboute", a tonné au micro Louisette Moulas (FO) au nom de l'intersyndicale.
3 000 manifestants à Alès
Depuis les scores historiquement hauts pour la capitale des Cévennes affichés en janvier dernier au début du mouvement contre la réforme des retraites, les standards alésiens sont particulièrement élevés. Ainsi, avec environ 3 000 personnes dans les rues de la ville ce jeudi matin, la participation est en légère baisse, bien qu'elle reste forte compte tenu des circonstances. "En décembre, on aurait signé pour être 3 000 au bout de la douzième manifestation", clame un militant CGT, qui se souvient de plusieurs déambulations dans les rues d'Alès l'automne dernier où les manifestants ne se comptaient qu'en dizaines.
Car si la perspective d'un épilogue imminent avec le verdict du Conseil constitutionnel attendu ce vendredi après-midi en a boosté certains, à l'image de Cédric, ouvrier d'une usine salindroise, qui participait à sa première manifestation ce matin après s'être dit que "c'était maintenant ou jamais", d'autres commencent à exprimer des signes de lassitude. C'est le cas d'Aurélie, enseignante dans le second degré, qui a pris part aujourd'hui à sa huitième manifestation depuis le début du mouvement. "La dernière", prévient la mère de famille, qui affirme que "ça commencer à tirer à la fin du mois".
D'autres ont trouvé la parade pour limiter la casse sur le plan financier. À l'image des ouvriers postés en "3x8" de l'usine Grap'Sud basée à Cruviers-Lascours. Ceux qui sont de matin ne débrayent qu'à partir de 9h, de sorte à ne perdre "que" trois heures sur leur salaire, quand ceux d'après-midi démarrent leur installation avec une paire d'heures de retard à leur retour d'Alès. En revanche, "à l'hôpital, beaucoup de gens en repos restent à la maison alors qu'ils râlent", se désole Romain Sabran, secrétaire général de la CGT des hospitaliers.
Ce jeudi matin, comme elle en a pris l'habitude depuis le début de la lutte pour illustrer une union inédite qui ne se délite pas, l'intersyndicale a invité l'un de ses représentants à délivrer au micro le message écrit par l'ensemble des syndicats. Cette fois, David Perrier, délégué syndical CFE-CGC chez SNR, s'en est chargé. Il était précédé au micro par un représentant anonyme de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), "menacée" ces derniers jours par Gérald Darmanin et Élisabeth Borne. Le premier cité aurait notamment "remis en cause les subventions publiques remises à la LDH", ce qui a particulièrement déplu à l'association qui y a vu "une accusation d’une particulière gravité".
Après quoi, le cortège s'est mis en ordre de bataille vers le quai Boissier-de-Sauvages. Arrivés au bas de celui-ci, les manifestants ont été invités à s'asseoir symboliquement sur la réforme des retraites en posant leurs fesses au sol, à l'heure où "Macron s'assied sur nos revendications" (notre vidéo). Ils en avaient fait de même la semaine dernière à hauteur du pont Vieux. Dans la deuxième moitié du cortège qui avançait très tranquillement vers l'arrivée, Jean-François Bouteille, DJ du camion de la CFDT, tentait d'haranguer les siens à coup de saillies bien senties. "Vous pensez que votre chef va vous supporter jusqu’à 64 ans ?", interrogeait-il en s'adressant à des dames vêtues du gilet orange de la CFDT.
Sur les coups de midi, le début du cortège faisait son arrivée au point final, tandis qu'une soixantaine de CRS avait pris possession de la place Pierre-Semard et du toit de la gare routière. Quand l'intersyndicale bifurquait sans un regard vers le local des cheminots où le casse-croûte allait être dévoré, quelques militants antifas se montraient un peu plus belliqueux à l'égard des forces de l'ordre dont la présence massive n'était pas appréciée. Quelques slogans anti-flics fusaient alors, puis un statu quo de plusieurs longues minutes opposait les deux "camps". Après s'être regardé en chien de faïence pendant un bon moment, chacun regagnait son rang tranquillement. Demain, vendredi (18h), l'intersyndicale appelle à un nouveau rassemblement devant la sous-préfecture pour "attendre collectivement" le verdict des "Sages" du Conseil constitutionnel.
Mobilisation lycéenne une nouvelle fois à Uzès
À Uzès, ils étaient "349,3" selon les syndicats, 230 selon la gendarmerie, à défiler ce matin sur le tour des boulevards. Une mobilisation en recul pour cette douzième journée nationale. "Peu importe le nombre, la mobilisation est toujours présente", balaie Philippe Alby de la CGT pour l’intersyndicale. Car même s’il y a moins de manifestants, la mobilisation reste importante dans une ville comme Uzès, une mobilisation toujours dopée par la présence de nombreux lycéens.
Ici aussi, la décision du Conseil constitutionnel est très attendue, et on prépare déjà l’après. "Je vous propose de nous retrouver demain (vendredi, NDLR) à 16 heures devant la mairie soit pour fêter la décision du Conseil constitutionnel, soit pour parler de la suite", annonce Philippe Alby en fin de manifestation. Car les manifestants sont déterminés à ne rien lâcher, même si d’aventure le Conseil constitutionnel validait la réforme. "On ne peut pas dire que tout sera terminé demain, car même si elle est promulguée, le peuple ne veut pas de cette loi", reprend le syndicaliste qui estime que "après tout ce qu’on a construit collectivement, on ne peut pas concevoir d’arrêter comme ça, nous allons réfléchir aux suites."
À Nîmes, environ 10 000 personnes selon les syndicats
À la veille de la prononciation du Conseil Constitutionnel sur la réforme des retraites, les manifestations ont continué dans le Gard ce jeudi 13 avril, pour la 12e fois depuis la présentation du projet de loi par le Gouvernement en janvier dernier. À Nîmes, les syndicats annoncent environ 10 000 personnes. Contrairement à la semaine dernière, le cortège a pris sa source sur l'avenue Jean-Jaurès et non au Colisée.
L'intersyndicale a ensuite poursuivi sa route du côté du boulevard Gambetta, avec pour objectif, comme à chaque fois, de se positionner devant la préfecture du Gard sur l'avenue Feuchères. Présents derrière la banderole de la Nupes, le jeune Insoumis Nicolas Pellegrini et la membre du Parti socialiste, Fatima El Hadi, ont défilé ensemble : "Les manifestations ne vont pas s'arrêter comme ça, on va voir comment on va les continuer. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne se mettra pas autour de la table avec Emmanuel Macron pour discuter, tant que la réforme n'est pas retirée", détaille Fatima El Hadi. Sa camarade, Laurence Choimet, explique que la mobilisation aujourd'hui est cruciale : "On est à la veille de la décision du Conseil constitutionnel après tout !", s'exprime-t-elle.
Figure incontournable du syndicalisme alésien, le militant CGT Alain Martin était également de la partie. Toutefois, il doute que le Conseil constitutionnel s'oppose à la loi : "On ne se fait pas trop d'illusions quand on voit qu'il est composé de deux anciens ministres d'Emmanuel Macron". Toutefois, il martèle vouloir continuer à manifester jusqu'au retrait et appelle à ne pas tomber dans ce qu'il appelle "le piège tendu par Emmanuel Macron", avant d'ajouter : "Si la réforme passe, ce serait contredire le peuple".
Le secrétaire départemental du Parti de Gauche, François Seguy, a lui aussi manifesté. Il estime cependant que la réforme a toutes ses chances d'être retirée : "Selon moi, il y a assez d'éléments pour que la réforme ne passe pas. Il y a des articles qui n'ont rien à voir avec une loi de finance rectificative", détaille-t-il.