FAIT DU SOIR Villevieille n'aura jamais aussi bien porté son nom !
À Villevieille, les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques et préventives font trouvailles sur trouvailles depuis qu'ils creusent. Protéger l'histoire par l'étude et permettre aux générations à venir de mieux connaître leur passé.
À Villevieille, plus on creuse plus on trouve ! Ici, on fait preuve de bon sens, on s’occupe des interêts privés de chacun, mais surtout de l’intérêt collectif que représentent des découvertes archéologiques. À quelques pas du château, à un saut de puce d’une autre belle domus découverte il y a quelques années, existe une énième trouvaille d’intérêt.
Dans une zone bâtie, à l’habitat moins dense qu’en cœur de village, le chantier bat son plein. À l’intérieur de la ville on change les canalisations d’eau et on retourne le passé pour en faire un avenir. L’antiquité locale n’est pas fantasmée. Bien réelle, elle saute aux yeux de qui s’intéresse à elle.
Philippe Cayn, directeur adjoint technique de l’Inrap répond à la première question, pourquoi creuser ici ? "L’archéologie préventive est générée par l’aménagement du territoire. Ici, c’est en vue de la construction d’une maison individuelle dont les travaux débutent en milieu d’année."
Les fondations du nouvel édifice vont impacter le sol alors la sauvegarde par l’étude, avant la destruction, est actuellement en cours.
"Villevieille est une zone sensible, alors nous effectuons des diagnostics et nous évaluons le potentiel archéologique du sous-sol. En octobre 2022, on nous a demandé de sonder une parcelle de 2 800 m2 dont une prescription pour des fouilles a été faite sur 900 m2. Toutes nos tranchées étaient positives et le site semblait bien conservé. La Drac a ainsi décidé de nous donner le temps d’étudier tout cela en fouillant les lieux de janvier à mars."
L’idée est, depuis le début, d’accélérer les fouilles pour ne pas perturber un chantier dont le propriétaire reste malgré tout passionné par ce que trouvent les scientifiques.
Villevieille, dans le temps, propose diverses histoires et quatre grandes périodes d’occupation. Le néolithique il y a 4 500 ans, l’Âge du Fer entre les VIe et IVe siècles avant notre ère, l’Antiquité évidemment et le Moyen-Âge.
Pour l’Antiquité, on estime que le village est une sorte d’annexe de Nîmes. Une ville mineure mais une cité tout de même. La preuve, une probable enceinte ferme le village sur 20 ou 30 hectares jusqu’à Sommières.
"Nous sommes ici dans un grand laboratoire archéologique comme a pu l’être Nîmes par le passé ou comme le devient Uzès. Rien qu’en 2022, nous sommes intervenus trois ou quatre fois pour réaliser des diagnostics. En tout cas, pour les fouilles du jours, nous sommes dans la même période que les dernières fouilles (Jean-Jaurès-rue du Cadereau à Nîmes, NDLR) à savoir entre le Ier siècle avant notre ère et le IIe après."
Responsable scientifique de l’opération en cours à Villevieille pour le compte de l’Inrap, Olivier Mignot est un homme comblé : "Villevieille est un terrain de jeu assez régulier. Lors des sondages, on a repéré du béton de tuileau, des décors mosaïqués et des tesselles. Bref, de quoi décorer une pièce clinquante !"
Une pièce qui est associée à d’autres au sol en terre, plus basiques voire plus anciennes. Un peu à l’extérieur, deux puits sont creusés dans la roche. Deux puits antérieurs à l’Antiquité. Une fosse dépotoir constituée de nombreux fragments de céramiques place l’abandon définitif du site dans le courant du IIe siècle de notre ère.
"En tout nous avons trois niveaux d’occupations successives. La maison du premier siècle de notre ère vient déjà s’insérer dans quelque chose de plus vieux. Nous sommes en bordure d’une voie empierrée large de 3,5 mètres avec un espace couvert avec des colonnes. Il y a aussi une grande esplanade également empierrée dont les dimensions sont d’environ 20mX8m. Dans la maison, nous avons remarqué que certains enduits étaient encore en place sur 30 à 40 centimètres. Il y a des couleurs comme le rouge cinabre, le bleu égyptien, du jaune, du noir…"
Dans la domus, la trace d’un emblema, une sorte de tableau amovible que l’on mettait au sol, a été découverte tout comme le remploi d’un fut de colonne. Certains sols de la maison étaient peints !
Énigme à venir, un édifice en grand appareil a été mis à jour. "Il n’a pas de lien avec l’eau, mais on ne sait pas encore ce que c’est. Mais on pense qu’il date de la première époque de l’occupation antique. Ailleurs, mais dans la domus, nous avons probablement une citerne qui devait récupérer l’eau. Ailleurs, nous n’avons pas encore trouvé de puits ou de bassin mais la domus n’est pas construite selon le plan traditionnel des maisons italiennes qui sont bâties autour d’une cour et d’un bassin. Les gallo-romains adaptaient leurs constructions à leurs envies ou à la topologie du terrain."
Quoi qu’il en soit, cette luxueuse habitation n’était pas seule dans les parages. Villevieille était une ville à part entière et ce que l’on qualifierait aujourd’hui de campagne n’est qu’une vue de l’esprit. De cette fouille remarquable, nous n’aurons pas les réponses à toutes les questions car l’emprise n’est pas suffisante pour requalifier la totalité des lieux. Cependant, notons d’ores et déjà que cet exemple de collaboration exceptionnelle a permis d’en savoir plus sur l’histoire du territoire.
Commençons par le commencement...
Le Quartier des Terriers
Valoriser le patrimoine
N’hésitez pas et suivez l’histoire reconstituée via une belle animation.