Publié il y a 1 an - Mise à jour le 10.09.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 687 fois

FERIA D’ARLES Lamelas triomphe des Yonnet et marque les esprits 

Gabian, le troisième de la course, celui qui laissera deux oreilles dans les mains de Lamelas (Photo Anthony Maurin).

Corrida marquée du fer local et emblématique de Yonnet pour Rafaelillo (silence et silence), Alvaro de la Calle (salut et salut) et Alberto Lamelas (deux oreilles et oreilles).  

Le paseo de la corrida de Yonnet (Photo Anthony Maurin).

L’année dernière les toros de cette ganaderia ont fait frissonner l’aficion lors de la clôture de cette feria. Un fer sans concessions, des toros bruts, naturels, rares mais pour qu’ils expriment toute leur beauté sauvage il faut des belluaires qui leur font face.

Gabian, le troisième de la course, celui qui laissera deux oreilles dans les mains de Lamelas (Photo Anthony Maurin).

À corrida dite dure et âpre, maestros dits sérieux et professionnels. C’est l’opposition proposée par Jean-Baptiste Jalabert pour cette dernière corrida du cycle du Riz. Rafaelillo a ses habitudes ici, l’aficion a toujours reconnu en lui un torero vaillant et généreux. Alvaro de la Calle est plus rare. Il se retrouve dans ce genre de course grâce à l’exploit d’un jour, lui, le professionnel de l’ombre, a pris la lumière. La France et Arles en particulier s’en souviennent et, comme l’année dernière il s’était également bien comporté ici, le voilà de retour sur les bords du Rhône. Enfin, Alberto Lamelas est plus habitué des arènes du Tempéras à Alès qu’à l’amphithéâtre romain d’Arles mais le garçon est plus combattif qu’un pitbull ! Tout cela promettait les émotions que l’empresa et les aficionados cherchaient.

Rafaelillo sur son premier (Photo Anthony Maurin).

Rafaelillo accueille son premier adversaire qui le toise de haut les genoux vissés en terre. Une larga de rodillas rapide mais qui a l’intérêt de capter le public. Les trois premiers exemplaires seront marqués du fer de Charlotte Yonnet, les trois derniers du mythique Hubert. Rafaelillo ne trouve pas la solution et bazarde, en restant respectueux, la suite des événements.

Rafaelillo sur son second (Photo Anthony Maurin).

Deuxième passage pour le « blondinet », comme aiment à l’appeler ses soutiens, et deuxième toro costaud. Autant vous dire que tous les toros seront de présentation irréprochable. Le torero, sans lâcher prise ni abandonner le combat, torée un peu à droite mais son lot était sans doute celui qui permettait le moins.

Alvaro de la Calle avec son Charlotte Yonnet (Photo Anthony Maurin).

Alvaro de la Calle est toujours aussi discret. Arrivé aux arènes avec sa fille par le tunnel des arènes, le bonhomme est atypique en tout, pour tout. Il est touché par les marques de respect que lui donne l’aficion française et espère ne jamais la décevoir. Devant une course de Yonnet, dur de se faire briller mais en montant les toros on peut jouer sa carte. Son opposant sort du toril aussi vite qu’une balle de mitraillette et traverse la piste comme s’il faisait un 100m. Une fois les deux premiers tercios passé, sur la droite, le cornu passe et repasse sans souci mais rien, ou si peu, à gauche. Les aciers ne l’aident pas et Alvaro de la Calle saluera à l’issue de son combat.

Bien sur une série à gauche, de la Calle n'arrivera pas à couper d'oreille (Photo Anthony Maurin).

Pour son second duel, le bientôt quingénaire natif de Salamanque espère encore marquer les esprits. Plus à son aise avec cet exemplaire l’Espagnol se relâche et parvient même à lier une paire de série avec un fond de douceur. Le Yonnet offre un peu de jeu mais c’est aux aciers que le maestro perd le trophée… Salut.

Suave... Alberto Lamelas se lie avec son Yonnet pour un ballet étonnant de douceur et de sincérité, deux oreilles (Photo Anthony Maurin).

Le plus jeune en alternative n’est pas le moins agile devant les cornes mais il a connu la blessure et le châtiment plus que nombre d’autres maestros. Alberto Lamelas est un bon gars. Arles l’a un peu découvert et risque bien de s’attacher à lui. Le sourire, la simplicité et le savoir-faire. Il comprend immédiatement que son premier, de Charlotte Yonnet, sera le toro de la course. Son nom ? Gabian ! Une grand tercio de banderilles après de vibrantes piques, le cocktail prend forme. Avec la muleta, la boisson fera grimper l’ivresse. Lamelas se profile et s’offre aux cornes, il baisse la main et prolonge la charge tout en se faisant peu toucher l’étoffe. Lamelas est dans un bon jour et ne veut pas laisser passer sa chance, il a compris qu’une sortie en triomphe se joue maintenant. Il poursuit l’effort quasi jusqu’à la rupture et reçoit un punto lors de l’entrée a matar. Le public se lève, les mains s’agitent. Une oreille ? Non deux ! Se cogner des Yonnet peut avoir de bons côtés et le public et sait reconnaître la valeur de ces hommes comme de ces toros.

Lamelas sur le dernier de la course et donc de la feria... (Photo Anthony Maurin).

Dernière sortie en piste pour ultime toro. Lamelas doit bien clôturer cette feria, et c’est ce qu’il fera en coupant la dernière oreille, synonyme de grande porte pour lui. Un opposant peu évident à comprendre mais Lamelas y arrivera sur quelques bouts de séries. Il veut continuer mais accepte les conseils de sa cuadrilla qui lui propose de prendre l’épée de mort. La prise de décision est la bonne, l’oreille tombe après le toro. Pendant la belle vuelta finale, Lamelas a aperçu un homme qui l’a toujours aidé, Didier Cabanis, quillé dans les gradins. Un moment fort pour une histoire qui continue.

Lamelas les mains pleines ! (Photo Anthony Maurin).

Le deuxième toro de la course, celui d'Alvaro de la Calle sorti comme une balle de mitraillette (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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