Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 08.03.2021 - stephanie-marin - 3 min  - vu 3188 fois

GARD Le dispositif Angela désormais lancé : à qui le tour après Nîmes ?

Le dispositif Angela a été lancé ce lundi 8 mars en présence du maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, Mylène Mouton, conseillère déléguée au droit des femmes, à l’égalité, à la lutte contre les discriminations et à l’aide aux victimes, et Béatrice Bertrand, directrice du CIDFF 30. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard) - Romain CURA

Boutiques de prêt-à-porter, agences immobilières, épiceries, restaurants, cavistes, animaleries, boutiques de vente de décoration… 150 commerces nîmois ont adhéré au dispositif Angela lancé ce lundi 8 mars par la municipalité en partenariat avec les services de l'État et le Centre d'information sur les droit des femmes et des familles du Gard.

"Ce n'est pas normal de devoir mettre en place ce genre de dispositif. Ça ne devrait même pas exister." Et pourtant, il existe et Julien Dupire, le gérant de la boutique Jeff de Bruges située rue de l'Aspic à Nîmes, n'a pas hésité à y adhérer. "Plus on sera nombreux, mieux ce sera", a-t-il ajouté. Un autocollant "#ouestangela" est désormais visible sur la vitrine de son établissement.

Bien que joli, ce n'est pas gadget décoratif mais un véritable outil d'intervention. Il signifie que les commerçants sont en capacité de venir en aide à une personne victime de harcèlement ou d'une agression sexiste dans la rue, en la mettant à l'abri des regards indiscrets. En fonction de la gravité des faits, charge aux aidants de contacter un proche de la victime, un taxi ou les forces de l'ordre.

Pas question d'improviser, celles et ceux qui ont accepté de prendre part à ce dispositif sont au préalable sensibilisés aux violences sexistes et formés pour savoir comment recevoir et s'entretenir avec les victimes. La mise en place de cette opération est le fruit d'un travail collaboratif mené par un trio féminin : Mylène Mouton, conseillère déléguée au droit des femmes, à l’égalité, à la lutte contre les discriminations et à l’aide aux victimes à la Ville de Nîmes, Sandrine Bonnamich, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité, ainsi que Béatrice Bertrand, directrice du CIDFF 30. C'est cette dernière qui a impulsé le mouvement s'inspirant de ce qui existe déjà en Angleterre depuis 2016 et qui s'est développé depuis dans quelques villes en France (*), à Rennes, Amiens, Reims. Nîmes en fait désormais partie.

Élisabeth Laurent, gérante du Dressing de la nîmoise, fait partie des 150 commerces à avoir adhéré au dispositif Angela. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard) • Romain CURA

"La prise en charge de la victime - que ce soit de harcèlement, d'une agression sexuelle, d'un attouchement, etc. - se passe en deux temps. Il y a l'urgence avec l'intervention du commerçant puis l'accompagnement. La victime aura la liste des associations qui interviennent en matière de violences faites aux femmes, parmi lesquelles le CIDFF qui pourra ainsi l'accompagner", précise Béatrice Bertrand.

La municipalité nîmoise a développé une brique "Angela" sur son application mobile de services aux usagers pour leur permettre de localiser les commerces participants. Reste à savoir si d'autres villes dans le Gard suivront l'initiative. La directrice du CIDFF du Gard le souhaiterait en tout cas et invite les élus du département qui seraient intéressés à se rapprocher de l'association.

"C'est un dispositif qui me semble pertinent parce que le harcèlement est un phénomène important. Toutes les études nous montrent à quel point c'est compliqué pour des jeunes femmes de se promener dans la rue, que ce soit le jour ou la nuit, sans se faire insulter ,voire plus", souligne Béatrice Bertrand. Selon une enquête du Haut conseil à l'égalité, 55% des femmes disent avoir déjà été victimes d'injures dans la rue ou les transports en commun et une sur cinq d'injures sexistes, en 2020.

Stéphanie Marin 

*Lancé par la secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations dans le cadre de la loi du 3 août 2018 pour lutter contre le harcèlement de rue. 

Stéphanie Marin

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