GARD Sécheresse, grêle, commercialisation : Denis Bouad au chevet des vignerons
Le sénateur du Gard Denis Bouad a terminé ses visites de caves gardoises à la rencontre des vignerons, ce jeudi à Euzet puis Saint-Siffret. L’occasion d’échanger sur les problématiques d’un secteur qui n’en manque pas.
Au sortir d’un été sec comme rarement, « les problèmes de sécheresse inquiètent tout le monde », pose le sénateur, qui a prévu d’en parler avec la préfète la semaine prochaine. Denis Bouad a prévu d’évoquer notamment la question des retenues collinaires, réclamées par les agriculteurs de longue date, pour conserver l’eau de l’automne et de l’hiver pour les périodes sèches. « J’ai écrit au ministre cette semaine sur ce sujet, il faut que l’État s’assouplisse sur cette question », avance le sénateur.
Car le manque d’eau reste le problème numéro un. À la Cave des Vignerons des Capitelles, qui regroupe 69 coopérateurs de Fournès à Vézénobres, si la récolte de l’année a été « moyenne, avec 33 000 hectolitres », précise le président de la cave Didier Pascal, « on a été impactés par la sécheresse », ajoute la directrice de la cave Aude Tisseraud. Et ce après une année fortement touchée par le gel tardif sur une bonne partie du vignoble de la cave. Une certitude pour Didier Pascal : « il nous faut de l’eau. »
Pour en avoir, trois solutions sont envisageables : « les retenues collinaires, les forages profonds et l’eau du bas-Rhône, mais elle ne va pas encore jusqu’à l’Aigoual », note le sénateur. Avec des blocages réglementaires sur les deux premières solutions. Le président de la Communauté de communes du Pays d’Uzès et président de BRL, qui gère l’eau du bas-Rhône, Fabrice Verdier, précisera que certes, « le bas-Rhône n’ira pas partout, par contre rien n’est arrêté, on travaille sur le schéma d’eau brute. » Concrètement, aucun obstacle technique insurmontable ne se dresse pour amener l’eau du bas-Rhône au nord de Nîmes, d’autant que de l’eau, on pourrait en pomper plus dans le fleuve. « Nous pouvons aller jusqu’à 75 mètres cubes par seconde, et nos projets actuels nous feraient aller jusqu’à 30, nous avons des marges de manoeuvre », avance Fabrice Verdier.
Toutefois, BRL ne représente pas la solution unique, « et certains territoires devront faire avec les moyens du bord », ajoute-t-il. Mais quelque soit la solution choisie pour parvenir à irriguer tout ou partie du vignoble, « le premier handicap va être de savoir qui porte le projet, explique Denis Bouad. Je suis capable de vous accompagner, mais quelle structure va le porter ? » Un ange passe. En clair, les vignerons doivent soit se mobiliser, soit convaincre les intercommunalités d’aller sur le sujet. « S’il y a une volonté politique, il y a un chemin », affirme le conseiller départemental Frédéric Gras.
« Il y a des vins qui ne partiront pas »
À Saint-Siffret, la situation est encore pire. « Entre la grêle et la sécheresse, c’est le merdier », résume Luc Reynaud, à la tête d’une cave particulière. L’impact est grand, avec une récolte réduite de plus de moitié cette année. Et avec la sécheresse, les raisins récoltés ont moins de jus. Si on rajoute à ça les inquiétudes sur la mise en marché, le constat dressé est inquiétant. « Il y a des vins qui ne partiront pas, et même sur le bio, il n’y a pas de demande », explique Michel Souchon, vigneron à la cave de Durfort et président de l’appellation Duché d’Uzès.
En cause d’après lui, « la baisse du pouvoir d’achat, les gens préfèrent acheter des BIB (bag in box, ndlr) bien moins chers ». Et si les négoces achètent, ce sera à un prix moindre, redoute-t-il. Bref, « on n’a ni garantie de prix, ni de récolte avec les aléas climatiques », résume Michel Souchon.
Sur les aléas climatiques, il y a tout de même eu du nouveau, avec un système d’assurance récolte revu au Sénat. Car encore aujourd’hui, très peu de vignerons sont assurés contre la grêle ou le gel. « Il doit y en avoir 15 % dans le Gard, et nous sommes la région où il y en a le plus », note le sénateur, qui a beaucoup travaillé sur cette question. Désormais, la franchise est de 20 % de pertes, l’assurance prend en charge la tranche allant de 20 à 50 % de pertes, et l’État les 50 % restants. Les non assurés n’ont, en cas de pépin, que la part de l’État.
Mais le chantier n’est pas fini : pour évaluer les pertes, le calcul est effectué sur cinq années, moins la meilleure et la pire. Ce système de moyenne olympique, c’est son nom, est décrié par les vignerons. Didier Blanc, du domaine Saint-Firmin à Uzès, le rappelle, « on sort de quatre mauvaises récoltes. » De quoi sérieusement gréver la moyenne olympique, système défini par les accords de Marrakech en 1994, que certains voudraient revoir. Parmi eux, Denis Bouad, qui a signé une question écrite au Sénat sur le sujet.
Thierry ALLARD