JALLATTE Après leur coup de force, les salariés veulent rencontrer les repreneurs
Il est 17h00 ce mercredi, une épaisse fumée noire plane sur l'entrée nord de St Hippolyte du Fort. Une fois encore les pneus brûlent à l'entrée de l'usine Jallatte. Depuis ce matin les salariés sont mobilisés, cette fois parce qu'à la veille de la reprise de l'entreprise, ni le curateur ni la direction italienne n'ont communiqué aux salariés ni les noms des repreneurs ni le contenu leur propositions. Or les salariés, déjà dans l'incertitude depuis de long mois estiment avoir le droit de participer à leur destin. A 14h00 ils ont donc décidé en assemblé générale le blocage du site et de retenir leur DRH, seule membre de la direction sur place, jusqu'à l'obtention des informations (voir notre article). "Or la tache n'est pas aisée" explique Valérie Bruel, la DRH, retenue dans la salle de réunion "car il faut a la fois obtenir les informations mais aussi l'accord du curateur et celui de la direction italienne afin de pouvoir les communiquer". Equipée de son téléphone et de son ordinateur portable où doivent lui parvenir les notes et documents par mail, elle s'affaire tandis qu'autour d'elle les représentants du personnel maintiennent une pression relative en créant un fond sonore au dessus de ses conversations. Le reste du personnel attend sur les marches de l'escalier de pierre, dans la grande cour et dans les ateliers. Le maire , Bruno Olivieri, est également présent. Devant l'entrée les gendarmes sont restés en faction après s'être assuré que l'occupation se déroulait sans heurts.
Des inquiétudes sur les repreneurs
Ce qui inquiète les salariés c'est que sur les trois noms de repreneurs évoqués, le nom d'Upower fait intervenir un ancien du groupe dont les motivations à l'époque ne semblaient pas favorables au maintien de l'emploi en France et à St Hippolyte. L'autre mauvaise nouvelle, c'est que la troisième piste, celle des entreprises Rahman et Delta Plus ne semble pas avoir été pour l'instant retenue comme une véritable proposition de reprise. Reste la proposition des deux entreprises Base et Femegu qui semble sur le papier très inférieure, financièrement parlant, à celle d'Upower. Pour les salariés il est donc essentiel de pouvoir entrer dans le détail rapidement alors que la menace que le curateur prenne une décision sans consultation ni concertation semble réelle.
Vers 17h30, Valérie Bruel semble toutefois confiante, les tableaux comparatifs des deux offres sont en cours de modification et la direction autorise qu'ils soient communiqués après relecture et lors d'un CE extraordinaire qu'elle propose de convoquer à 18h15. Elle demande alors de pouvoir quitter la salle afin de se rendre dans son bureau pour y effectuer les copie qui seront remise à huis clos. Et c'est dans la confiance qu'elle quitte la pièce. Il est plus de 18h30 quand elle réapparait. Il fait déjà noir dans la cour et chacun commence à s'inquiéter. Les représentants du personnel voulaient que le principe d'une rencontre avec les repreneurs figure de manière écrite sur les documents. Ce qui ne semble pas possible. A 19h15 la réunion est terminée. La directrice des ressources humaines quitte l'entreprise non sans nous confier "Je n'ai jamais été inquiète, considérant que j'étais retenue ici par des gens à la fois calmes et responsables et par rapport à une demande précise et réalisable. La principale difficulté est de communiquer avec des interlocuteurs qui sont en Allemagne, en Italie et au Luxembourg et qui n'ont pas vraiment idée de la manière dont se passent les choses ici en France"
La vigilance est maintenue
Après une courte présentation des offres qui confirme le déséquilibre financier en faveur d'Upower qui "serait prêt à investir jusqu'à 20 millions dans l'affaire et n'a posé que très peu de clause suspensives", les salariés décident la reprise du travail pour le lendemain matin. Les représentants du personnel se donnent jusqu'à mardi prochain pour rencontrer les repreneurs, le cas échéant, ils se préparent à une nouvelle mobilisation. Pour le maire de St Hippolyte, Bruno Olivieri, "au delà des différentes annonces quant à l'investissement et la structure financière des propositions, il faut absolument pouvoir aborder l'aspect social et celui de la relance de l'outil. Les collectivités ne peuvent pas être tenues à l'écart de cette réflexion, je rappelle que le Conseil Général et la commune sont déjà propriétaires des bâtiments qu'elles ont rachetés"