JOURNEE DE LA FEMME Léa Vicens " On pardonne moins les erreurs aux femmes "
À Séville, sa terre d’entrainement, Léa Vicens, torera née à Nîmes et qui a reçu son Alternative lors des dernières férias de vendanges, est une des seules femmes dans le milieu de la tauromachie. De plus en plus populaire, elle vient de couper trois oreilles et de recevoir un triomphe lors de la corrida d’Artafe en Andalousie, le 1er mars dernier, elle fait le point sur la condition de la femme dans sa profession.
Objectif Gard : Le nombre de femmes est très faible en tauromachie, comment l’expliquez-vous ?
Léa Vicens : En Espagne, la discipline est 100% masculine. C’est peut-être une raison. On dit souvent que les hommes sont plus courageux et que l’esthétique de cet art est plus masculine. Je ne partage évidemment pas cette analyse. En France, il y a plus de femmes car l’équitation est très appréciée des filles. J'ai moi même débuté très jeune puisque je monte à cheval depuis que j'ai quatre ans.
Objectif Gard : Est-ce plus difficile pour une femme de percer ?
Léa Vicens : Le taureau ne laisse pas de place aux incompétents. Il ne fait pas la différence entre un homme et une femme. Pour aller dans une arène, il faut un grand parcours et si on ne travaille pas à 100% et que l'on ne se donne qu'à moitié, c’est impossible de réussir. Une femme doit donc travailler autant qu’un homme pour réussir. Même si j'ai été plus inspiré par un homme, Pablo Mendoza, Marie Sara a démontré avec son courage et son élégance, qu'une femme est tout aussi capable.
Objectif Gard : Quel rapport entretenez-vous avec le public ?
Léa Vicens : Il faut toujours satisfaire le public présent dans l'arène. J’essaye de le faire avec ma technique faite de pureté et d’élégance sans oublier l’affrontement avec le taureau. Cela a l’air de marcher car j’ai de plus en plus de soutiens mais il est vrai que parfois, on pardonne moins les erreurs aux femmes.
Objectif Gard : Comment cela se caractérise-t-il ?
La Vicens : Cela ne s’est pas beaucoup produit mais quand il m’est arrivé de rater quelque-chose, j’ai pu avoir quelques réflexions. Il y a toujours ce préjugé que les femmes ne peuvent pas tuer les taureaux mais il ne s’agit pas de force mais de technique. Je peux le dire car je le pratique tous les jours. Ce sont des préjugés liés à de la méconnaissance. Moi je n'ai rien à prouver à personne. La seule chose que je dois de faire, c'est de bien faire mon travail.
Propos recueillis par Jean-Marie Cornuaille
jeanmarie.cornuaille@objectifgard.com