Publié il y a 1 an - Mise à jour le 10.09.2023 - Lïana Delgado - 2 min  - vu 1373 fois

L'INTERVIEW Alain Bourdereau, président départemental des Restos du Coeur : "Nous sommes obligés de refuser des familles"

Alain Bourdereau 

- Photo Norman Jardin

Les Restos du Coeur du Gard sont gravement touchés par la crise financière. Alain Bourdereau, président départemental de l’association, fait le point sur la situation locale.

Objectif Gard : Patrice Douret, le président des Restos du Coeur, a évoqué la semaine dernière le déficit de l’association au niveau national. Le Gard a-t-il été touché par ce manque de moyens ?

Alain Bourdereau : Tout à fait. Aucune association départementale ou structure des Restos du Cœur n’échappe à la règle. Patrice Douret a alerté les pouvoirs publics sur les difficultés qu’on allait rencontrer. De tout évidence, il était écouté mais pas entendu. Depuis l’année dernière, nous avons eu une augmentation très conséquente des familles qui nous sollicitent. C’est compréhensible dans le contexte actuel avec l’inflation et l'augmentation des prix. Sur le département du Gard, par rapport à l’an dernier, on a eu 79% d’augmentation du prix de l’électricité et 32% du carburant.

Depuis la déclaration de Patrice Douret, l’association a perçu de nombreux dons notamment de la famille de Bernard Arnault ou encore de la Fondation TotalEnergies. Au niveau départemental, le Gard a-t-il bénéficié de certains dons ?

Non, au niveau départemental nous n’avons rien perçu. Pour le moment nous ne sommes pas sollicités. Bien évidemment les dons sont toujours possibles sur le site des Restos du Coeur départemental. Nous percevons environ 40 000 € chaque année de dons qui nous sont faits par des particuliers gardois. Le geste est très valorisant mais le coût du fonctionnement structurel comprenant les loyers des locaux, l’électricité, les frais des véhicules s’élève à 36 000 € par mois. C’est donc l’association nationale qui s’occupe de nous subventionner. Nous avons aussi besoin de bénévoles. Parce que lorsque l'on reçoit plus de monde, ça veut aussi dire des bénévoles plus fatigués. Au niveau du Gard, on aide régulièrement un peu plus de 10 000 personnes. Notre volonté est d'avoir le temps pour réserver un accueil, une écoute, une attention et savoir accompagner les familles. Nos besoins sont aussi à ce niveau-là. Si je devais résumer, on a besoin de moyens et besoin de bras.

"25% de familles en plus"

Avez-vous observé une évolution du nombre de bénéficiaires depuis le début de l’année ?

Oui, depuis un an nous l’avions noté, dans le Gard comme dans tous les départements de France. Nous avons 25% de familles en plus qui nous sollicitent par rapport à l’année dernière. Nous sommes en manque de moyens donc nous devons prendre des mesures dès maintenant. Nous allons réduire le nombre de repas par personne et nous ne pouvons plus augmenter le nombre de bénéficiaire. Nous serons obligés, cet hiver, de refuser des familles. C’est un crève-cœur et c’est hyper compliqué pour les bénévoles. C’est terrible mais on a pas le choix sinon on va dans le mur.

Actuellement, combien de bénévoles y a-t-il aux Restos du Coeur gardois ?

Sur le département du Gard, nous avons un effectif relativement stable, environ 600 bénévoles. Mais ils ne sont pas tous là du lundi au vendredi. Chacun donne le temps qu’il souhaite, une journée, une demi-journée, deux jours, certains donnent plus. Tout dépend de la disponibilité de chacun. Je précise : nous avons 600 bénévoles et 2 salariés. C’est important de faire le ratio, nous fonctionnons essentiellement et exclusivement grâce à l’aide et à la mobilisation des bénévoles.

Pour consulter le site internet des Restos du Coeur du Gard, cliquer ICI

Lïana Delgado

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