Objectif Gard : Qu'est-ce que la pédagogie de demain ? 

Franck Bertucat : Si je devais retenir une seule chose, ce serait de laisser plus de place qu'aujourd'hui au développement de l'autonomie, des compétences des individus pour qu'ils puissent être autonomes devant l'information et s'en nourrir en bon escient. On peut dire que la vision traditionnelle de l'enseignement est une vision transmissive, je sais donc je t'enseigne et je pense qu'aujourd'hui, cette transmission est toujours nécessaire, mais en plus il faut avoir le souci des stratégies d'apprentissage des étudiants. Et alors chercher à les aider à qualifier l'information. 

Concrètement, qu'est-ce que cela entraîne dans la manière d'enseigner ? 

Aujourd'hui, on enseigne dans un amphithéâtre. Ce n'est plus simplement la parole qui prime, il faut apporter des images. Si je veux mettre mes étudiants en action pour les faire réfléchir sur les concepts et leur faire chercher de l'information, il faut qu'ils aient accès à Internet pour apprendre à qualifier la source. Il y a vraiment des changements dans tous les sens. On ne peut plus parler comme je suis en train de le faire dans un tunnel, c'est trop long. Il faut s'interrompre, mettre en activité, pour que les étudiants restent engagés sur votre propos. 

Cela signifie qu'il faudrait presque faire apparaître de nouvelles matières ? 

Cela existe déjà ! La prise de conscience a déjà été faite. Il faut développer davantage l'esprit critique, faire monter en puissance les questions d'autonomisation. Cela ne veut pas dire changer les disciplines. Mais dans chaque discipline, on doit s'attacher plus qu'avant à développer l'esprit critique et la recherche de l'autonomie. 

"On a toujours besoin d'apprendre par cœur"

Peut-on dire que la formule "Apprendre sans comprendre" est dépassée ? 

Attention à ne pas trop réduire le propos. On a toujours besoin d'apprendre par cœur. Mais effectivement, chercher à travailler le sens sera un facteur d'engagement et de motivation. 

Les professeurs en France sont-ils prêts à appliquer cette pédagogie de demain ? 

La réponse immédiate, c'est oui. J'en veux pour preuve avec mon compte Twitter que je consacre uniquement à ces aspects professionnels. Je vois passer sans arrêt des dizaines et des dizaines de tweets sur ces questions-là. Beaucoup de gens font de la recherche sur leur propre pédagogie, ce sont des praticiens réflexifs. À l'Éducation nationale, il y a beaucoup de propositions de formation. On est assez en avance sur ces questions d'évolution. Là où je pointe quelque chose, c'est dans l'enseignement supérieur, les enseignants devraient être plus formés qu'aujourd'hui. 

Retrouvez ci-dessous le programme complet de cette première édition des Entretiens de d'Alzon :