C'est un petit sentier, au coeur des châtaigniers, qui augure forcément une immersion. Au hameau d'Elze, Delphine Bocquillon s'est installée il y a douze ans, avec Pierre, rencontré dans les parrages, au cours d'un des multiples aller-retour qu'elle a pratiqué, entre Paris et l'Ardèche. Pour aboutir finalement à sa frontière gardoise, à Malons-et-Elze. "J'ai toujours fait et créé de mes mains", entame rapidement Delphine Bocquillon, sans évoquer un art en particulier. Et pour cause. 

Car après neuf années à Paris, Delphine découvre le grand air dans un parc de 9 hectares où elle grandit, dans le Vexin. "C'est là que j'ai commencé à bricoler, avec de la couture ou de la sculpture. Parallèlement, j'ai intégré l'association Rempart, pour faire tailleur de pierre à Cousy-le-Château." Elle continue d'apprendre le métier en Ardèche, puis "passe le CAP en candidat libre". Le tout, après "des études vétérinaires"...

Retour à Paris, pour deux ans de compagnonnage. Avant de rencontrer l'amour et de s'exiler huit ans en Italie, à proximité des carrières de marbre de Carrare, en Toscane. Un sacré terrain de jeu pour une tailleuse de pierre. Deux enfants viennent s'ajouter au couple. Et l'idée commence à naître de "travailler avec des enfants. C'est ce que je fais depuis 20 ans." Dès 2006, Delphin Bocquillon s'associe à une école et se "forme à la pédagogie Montessori", tout en assurant des ateliers de sculpture et mosaïque, à Joyeuse. 

Puis, direction Rome, "dans un atelier de sculpture qui enseignait la pédagogie Steiner". Avant un nouveau retour au sud de Paris, comme professeure d'atelier en sculpture sur bois et pierre. "Je revenais régulièrement en Ardèche. Il y a douze ans, j'ai rencontré Pierre. Et je me suis installée ici." Dans son élément, à Elze, entourée des matières premières de ses créations, bois et pierre à l'unisson. 

"Le but n'est pas forcément qu'on finisse, mais qu'on donne envie"

Timidement mais sûre de son art, Delphione a lancé un atelier "Je fabrique mes objets en bois". "Et puis, les enfants m'ont proposé de leur apprendre à faire une cabane. Alors, j'ai fait un atelier de construction, pour un groupe de  huit enfants, afin de créer un objet commun." Et le programme s'est étoffé : désormais, chaque été, Delphine Bocquillon tient trois semaines de stage dans la forêt d'Elze (*). Et les familles peuvent loger dans les hameau, un voisin disposant de gîtes. 

La première semaine propose de "fabriquer des objets en bois. Le but n'est pas forcément qu'on finisse, mais qu'on donne envie". Une seconde appréhende le bûcheronnage "sur des arbres morts sur pied" et sous surveillance, évidemment. "Mais quand l'arbre est tombé, on passe ensuite une demi-semaine à l'atelier. C'est très joyeux", constate Delphine Bocquillon, qui ne compte aucun blessé parmi ses stagiaires. Enfin, la troisième semaine, au mois d'août, est dédiée à la construction en bois. Et si les stages sont ouverts de 8 à 18 ans, il est fréquent que, l'âge limite dépassé, "les plus de 18 ans viennent donner un coup de main". 

À Alès, du 14 au 18 avril, l'artiste n'acceptera pas plus de seize enfants, en deux groupes, matin et après-midi, pour fabriquer des objets en bois. Ensuite, du 22 au 25 avril, objets et jouets seront à fabriquer à Elze. Avec, toujours, cette finalité de créer du lien et de la fierté de soi-même parmi les participants. "Le bois est un super outil, plaide Delphine, on peut arriver très vite à quelque chose de satisfaisant. Les enfants viennent avec une idée, ou pas. Je les accompagne à faire leur objet." Un lien que l'artiste ne coupe d'ailleurs pas avec les enfants des villes qu'elle a cotoyées, gardant des ateliers réguliers à Paris et Lyon.

Lien social, nature et pédagogie s'expriment désormais à travers l'association "En forêt", créée il y a deux ans par le couple. Le cadre n'autorisait pas un autre nom... "L'enfant qui arrive ici, il a l'inspiration", constate Delphine Bocquillon. Qui est pétrie, elle aussi, de cette même inspiration...

(*) Le programme complet des ateliers pour 2025 est à retrouver ici