NÎMES Agression au couteau dans le train : deux ans et demi de prison pour le sans-papier
Profondes marques de coups sous des yeux striés de rouge, teint cireux et tignasse noire ramenée en arrière, Miloud, d’origine algérienne, est condamné à deux ans et six mois de prison, vendredi 6 mai en comparution immédiate, pour avoir volé une valise dans un train, mardi 3 mai, puis asséné deux coups de couteau à son propriétaire, avant de menacer de mort un contrôleur SNCF.
Des blessures apparentes que le prévenu s’est infligé lui-même, en se tapant la tête contre un mur au moment de son interpellation, en gare de Nîmes, mardi 3 mai. Après avoir dérobé une valise, il est suspecté d’avoir porté deux coups de couteau à la hanche et à la joue à un autre voyageur. En garde à vue, l’homme de 32 ans jure pourtant ne pas s’être servi de son couteau. « Je n’ai rien volé, j’étais simplement debout à côté d’une valise, mais je n’y ai pas touché. Mais lorsque son propriétaire est sorti des toilettes, il est venu droit sur moi et m’a donné un coup de boule, avant de sortir un couteau », maintient-il dans le box des détenus du tribunal, vendredi 6 mai.
Le président l’interrompt. « Les témoins et le contrôleur vous ont pourtant vu sortir un couteau », objecte Denis Weisbuch. « Ils mentent, soutient le prévenu. Quand les autres voyageurs sont arrivés, j’ai réussi à lui prendre son couteau et tenté de le rendre au contrôleur. » Le juge lui demande alors pourquoi il s’est tapé la tête alors que les policiers l’interpellaient. « J’étais accusé à tort, c’est moi qu’on arrêtait alors que les voleurs étaient de l’autre côté… », soutient l’homme.
« Quelles menaces de mort ? Il ne parle même pas français ! »
Condamné pour vols, en février dernier, le prévenu était sous le coup d’une interdiction de territoire français pendant 10 ans. « Trois mois après un cambriolage, on le retrouve pour des faits extrêmement violents toujours en rapport avec un vol », observe le procureur. Adrien Roux requiert contre lui entre 18 mois et 2 ans d’emprisonnement, ainsi qu’une révocation de sursis de 3 mois, et l’interdiction de porter une arme pendant 5 ans.
« Il a certes une mention à son casier judiciaire, mais les versions de la victime et du contrôleur se contredisent. Où sont les images de vidéosurveillance du train et les autres témoins dans le wagon ?, pointe son avocate, Anne-Catherine Viens. On ne sait pas à qui appartient réellement ce couteau. Quant aux menaces de mort, comment est-ce possible ? Il ne parle même pas français ! » Le tribunal le condamne à un total de deux ans et six mois de prison, et une interdiction de territoire pendant 10 ans.
Pierre Havez