Jour 1 avant le jour d'après. Une quinzaine dans un confinement plus ou moins absolu. Avant cette période, en gare de Nîmes, certains voyageurs s'apprêtaient au grand voyage, celui qui les libère des bâtiments urbains pour les rapprocher des prairies en bourgeonnement de la campagne.

7h en gare de Nîmes. Il y a du monde, mais bien moins que d'habitude. Évidemment ni élève ni étudiant mais pas beaucoup de voyageurs non plus. Quelques petits groupes, souvent encapuchonnés ou avec un foulard devant la bouche.

Quelques éclats de voix, des rires souvent mais une réelle solennité régnante. Dehors, sur l'avenue Feuchères, là aussi, nous sommes loin des grandes foules quotidiennes. Le flux des travailleurs matinaux n'est plus symbolisé que par quelques grappes de porteurs de valises et de sac-à-dos. En direction de la gare on croise une petite famille de Nîmois ayant des attaches cévenoles comme tout bon Nîmois qui se respecte, d'ailleurs !

" J'ai décidé de prendre le train et de partir me retirer en Lozère ", annonce Martin. " Oui, on sera mieux là-haut pour ce confinement et nous ne violons aucune règle car tout démarre ce midi. " Il est certain que rester en ville peut paraître encore plus anxiogène qu'être au grand air frais de la campagne mais est-ce bien raisonnable ?

" Nous n'avons aucun symptôme. Certes nous ne savons pas si nous sommes contagieux mais nous prendrons des mesures identiques à celles que nous aurions prises ici donc pas de souci. Nous ne sommes pas bêtes ! Ce que nous voulons, c'est surtout éviter la cohue, l'attente dans les files au supermarché et les images déshumanisantes de notre société que nous avons pu voir ces derniers jours... Nous ne sommes pas fiers d'être Français ", conclut le papa.

À la gare, les espaces sont clairsemés mais les agents sont au travail. On informe, on aiguille, on discute aussi. " Je ne m'attends à rien de particulier ce matin mais le Président a été clair et le confinement commence à midi donc nous serons vigilants à partir de ce moment. Avant, nous continuons de respecter les consignes. Nous allons vite y voir plus clair mais j'espère que les Gardois seront à la hauteur des enjeux ", confirme un employé de la SNCF à la gare de Nîmes.