Elle a fêté son 89 ème anniversaire le 7 février dernier et défie le temps qui passe. Hier soir, sur la grande scène du théâtre Bernadette Lafont, Juliette Greco a enveloppé de sa grâce un public venu lui dire au revoir.

Avec les artistes de cette envergure, on n'est jamais certain que leur "tournée d'adieux" soit vraiment la dernière. Pour Juliette Gréco, comment balayer d'un trait une carrière de 65 ans, débutée dans le Saint-Germain-des-Prés des existentialistes de l'après-guerre. Elle qui a tout connu, vécu l'amour aux côtés de Miles Davis et interprété les premiers textes de Serge Gainsbourg, n'a eu de cesse de rendre hommage à ces grands noms. "Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole. Et moi, mes Seigneurs, ce sont les écrivains et les musiciens. Je suis là pour servir, je suis interprète" a-t-elle toujours déclaré. Hier soir, face à une salle comble - seules quelques places vacantes au dernier rang - la Gréco n'a pas trahi cette règle et n'a eu de cesse que d'habiller de sa voix chaude la prose de Brel (Ces gens-là) ou celle de Léo Ferré (avec le temps), sans oublier les classiques comme le déshabillez-moi de Robert Nyel et Gaby Verlor écrit pour elle en 1967. "Je sais que je ne devrais pas la chanter, je le sais. Mais je vais le faire quand même" a-t-elle lancé à l'auditoire.

Difficile d'imaginer cette native de Montpellier quitter définitivement la scène après sa tournée d'adieux, sobrement intitulée "Merci". À Nîmes, Greco a une nouvelle fois montré que le temps n'avait que peu d'importance.

Baptiste Manzinali