NÎMES Le CHU Carémeau convaincu par l'hypnose
Pour promouvoir le 7ème congrès international sur l'hypnose et la douleur qui se tient dans un mois à Saint-Malo, le CHU Carémeau de Nîmes a été choisi pour parler de cet outil thérapeutique. L'établissement hospitalier est précurseur dans ce domaine et l'utilise depuis près de 10 ans.
Quand on parle d'hypnose, dans l'imaginaire collectif on pense au magicien à tendance sorcier avec son pendule qui nous fixe dans les yeux. En médecine, l'hypnose existe aussi et le principe est le même : faire voyager la personne en lui donnant l'impression d'être ailleurs mais sans bouger. Dans le but de faire passer la douleur d'une coloscopie ou de points de suture chez les enfants, en utilisant au minimum des produits médicamenteux.
C'est le docteur Guylaine Tran, en 2008, qui a été une des premières à expérimenter l'hypnose à l’hôpital de Nîmes, comme solution pour éviter la douleur. Implantée dans plusieurs services comme la gynécologie, l'ORL, l'oncologie et la pédiatrie, la tendance est à la propagation de cette pratique grâce à des sessions de formation dédiées au personnel soignant.Plus de trente sont ainsi formés chaque année. Un diplôme spécialité hypnose-médicamenteuse est désormais disponible en lien avec l'université de Montpellier.
"On va principalement utiliser l'hypnose pour les endoscopies. Des personnes viennent de Perpignan et même de Toulon pour profiter cette technique", détaille le docteur Tran. De manière concrète, l'hypnose va être utilisée comme alternative aux produits anesthésiants ou parfois simplement associée. Le docteur évoque deux aspects à pratiquer l'hypnose : "redonner de l'humanité aux soins en reconnectant le patient à ses propres ressources et un avantage medico-économique." Avec l'hypnose, qui va de pair avec la chirurgie ambulatoire, le patient est vraiment acteur de son soin . "Il ressort avec une énergie supplémentaire", conclut Guylaine Tran.
Qui de mieux placé pour donner son ressenti qu'un patient, endormi à trois reprises par l'hypnose. "Je ne voulais pas subir les effets secondaires des produits chimiques. Avec l'hypnose, on se retrouve dans un état second, à la fois ici et ailleurs", témoigne Aimé Fages, 74 ans. Une technique qui s'applique également avec les enfants.
Tout un processus hypnotique en pédiatrie
Le professeur Tu-Anh Tran part du principe que la médecine est un concept global où il faut prendre en compte la dimension psychologique pour soigner l'homme. "L'hypnose, c'est exploiter les capacités psychiques de l'humain. On vous transporte dans un contexte qui vous fait du bien pour oublier la douleur", résume le chirurgien pédiatre. Une formule qui résonne d'autant plus chez l'enfant où il est nécessaire de détourner son esprit de la douleur.
En pédiatrie, l'hypnose ne se résume pas à raconter une histoire aux enfants. Cela s'inscrit dans un processus global pour le faire voyager et le mettre en confiance dès son arrivée à l’hôpital. "Tout est imagé, avec des super-héros dessinés sur les murs. Tout est fait comme dans un conte de fées", explique le professeur. C'est tout une atmosphère qui se crée et qui est maintenue par tout le personnel avec un vocabulaire et des gestes spéciaux. "Tout le monde y gagne, parce que ce contexte de rêve fait secréter au corps de l'endorphine qui aporte une sensation de bien-être".
La tête se trouve sur la plage ou en train de nager avec les dauphins alors que le corps subit une intervention médicale. Des résultats positifs pour l'hypnose qui risquent de captiver l'attention de d'autres professeurs pour l'implanter dans leur service.
Corentin Corger