NÎMES Les Femmes du square avec Léa Drucker : un plaidoyer pour les nounous
Les Femmes du square, le dernier film de Julien Rambaldi a été projeté en avant-première hier soir au Kinepolis de Nîmes en présence du réalisateur et des actrices Léa Drucker et Eye Haïdara. Dans le XVIIIe arrondissement de Paris, deux mondes complètement différents se côtoient et ne se comprennent pas...
Angèle (Eye Haïdara), magnifique jeune femme ivoirienne d’une trentaine d’années, survit et subvient aux besoins de son fils Moussa, resté au pays. Sur la recommandation de sa voisine, Wassia, elle devient la nounou des enfants d'Hélène (Léa Drucker), bébé Marius et Arthur, 8 ans. Elle est confrontée au petit monde de la riche bourgeoisie bohème française incarnée par la mère des enfants, enfermée dans son divorce...
Objectif Gard : Nous avons reconnu Barbès, le sacré-cœur ainsi que le square d’Anvers. Alors pourquoi le XVIIIe arrondissement ?
Julien Rambaldi : J’habite le XVIIIe donc je le connais bien. Je suis moi-même un "bobo". François Truffaut y avait tourné Les 400 coups. Comme le IXe, ce sont des quartiers dans lesquels les milieux sociaux se mélangent bien. Il y a des rencontres qui peuvent donc se faire. Le square d’Anvers est campé entre le Trudaine bourgeois et Rochechouart plus populaire. Il est une transition sociale entre ces deux mondes-là.
Il y a clairement un monde d'écart entre l'univers d'Angèle, jouée par Eye (prononcer éyé), exploitée par des gens plutôt sympathiques comme la bourgeoise Hélène, qui cependant oublie de la payer sans se rendre compte des enjeux...
Léa Drucker : Oui, c’est cette petite inconscience qui fait quand même du dégât. C’est la légèreté. Une négligence lourde de conséquence. Et finalement c’est le petit garçon qui fait prendre conscience à sa mère qu’elle ne traite pas bien sa nounou.
Eye Haïdara : On joue les bien-pensants mais lorsqu’il faut mettre la main au portefeuille, on essaye de gratter et on ne pense pas à l’humain qui est en face de nous.
En fait, c'est aussi un film qui pointe du doigt les dérives autour du métier de nounou ?
Julien Rambaldi : Il y a très peu de considération pour ces femmes qui font un travail incroyable pour nous. Elles nous permettent de réaliser nos rêves. C’est une sorte de pouvoir occidental inconscient sur ces femmes-là que nous avons. Ce qui n’arrive pas dans d’autres métiers car il y a ici un flou artistique et les employeurs en profitent.
Léa, vous incarnez une femme enfermée dans son divorce, pour qui rien d’autre ne compte finalement. Elle a un poste important, on l'imagine chez l'Oréal, et ne voit pas sa nounou ni son propre fils, ses besoins, ses sentiments. En une seule scène dans un appartement parisien, avec peu de mots, vous nous faites ressentir tout cela...
Léa Drucker : Lorsque l’on fait un second rôle, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas racontées. Le personnage d'Hélène est décrit en un seul moment, dans son propre salon... Tout se passe dans cette scène. Le personnage d’Angèle fait face à des enjeux de survie énormes. Le divorce d’Hélène paraît futile à côté. Mais pour Hélène, le divorce c’est une catastrophe. C’est là où l’on voit qu’il y a deux mondes différents.
Julien Rambaldi : Je ne juge pas ces deux univers. Ces gens qui vivent côte à côte, qui se regardent à peine et ne communiquent pas. Je veux simplement montrer ces deux mondes, c’est un constat. L’un dans le square et l’autre en face, et il y a des choses à faire pour améliorer ça. On est enfermés dans notre façon de vivre puissante et dominatrice.
Sans lien avec ce qui précède, que faut-il faire selon vous pour sauver le cinéma français ?
Julien Rambaldi : Rien de particulier. Il faut retourner au cinéma et ça va très bien se passer.
Yannick Pons
Les Femmes du square. Dès le 16 novembre en salle Kinepolis à Nîmes. Réalisé par Julien Rambaldi.
Avec Vidal Arzoni, Eye Haïdara, Ahmed Sylla, Élodie Navarre, Léa Drucker, Marc Zinga, Bwanga Pilipili, Jisca Kalvanda, Pascal Reneric et Louis-Do de Lencquesaing.