NÎMES OLYMPIQUE L'homme de l'ombre, la lumière du vestiaire
Immatriculé dans l'Hérault, fanion de l'AC Arles-Avignon au pare-brise, le véhicule logistique du Nîmes Olympique passe à travers les mailles de l'évolution du club. Son conducteur, l'intendant du Nîmes Olympique, Jean-Luc Allouis, n'est pas un simple chauffeur. Dans les vestiaires ou aux abords du stade, on entend souvent son prénom résonner... On l'aurait même déjà vu faire les lacets d'un joueur, c'est dire. Ici, c'est le chouchou, le "papy" comme on le surnomme affectueusement. Rencontre.
Pour le grand public qui ne vous connaît pas, dites-nous qui est Jean-Luc Allouis ?
J'ai 57 ans, j'ai trois enfants et j'en suis à ma troisième saison avec le Nîmes Olympique. Avant, j'étais à Arles-Avignon et encore avant... Rien ! A Arles, j'ai commencé comme bénévole, je m'occupais des arbitres car j'ai moi-même été arbitre. Quand Arles est monté en Ligue 1, il fallait quelqu'un à l'intendance et comme je connaissais déjà le boulot, je l'ai fait naturellement puis le président Salerno m'a embauché. Je suis arrivé à Nîmes grâce à Jérôme Arpinon et Sébastien Gimenez qui étaient eux aussi à Arles et ont parlé de moi à Christian Perdrier, l'ancien président du Nîmes Olympique. J'ai commencé avec José Pasqualetti et depuis, je m'adapte. Avec Bernard Blaquart, c'est facile, c'est le coach le plus cool que j'ai eu. Il te laisse faire, il te fait confiance, il ne fait jamais de réflexion... C'est sans pression et je pense que c'est l'entraîneur qui trouve la solution à chaque problème.
Que représente le Nîmes Olympique pour vous ?
C'est mythique. On sait qu'il y a un public et de l'engouement. Regardez, on n'est pas loin de la Ligue 1 ! Le club s'est bien structuré, le centre d'entraînement est au top, nous avons de bonnes conditions de travail, un grand stade qui n'est peut-être pas assez rempli mais quand on voit l'accueil que l'on reçoit à la gare... C'est grand. Il n'y a qu'à Nîmes où l'on peut voir ça. Le NO est un vrai club de foot. J'ai tout connu avec Arles mais je suis très fier de travailler ici. Les joueurs sont agréables et les résultats valident cela. Nous avons un bel espoir pour l'année prochaine et une montée en Ligue 1 serait exceptionnelle pour Laurent Boissier et Rani Assaf.
Jour classique et jour de match, votre journée type ?
Pour l'entraînement, normalement, j'arrive le premier avec la presse du jour et le pain qui servira pour le petit-déjeuner des joueurs. Je vais vérifier les ballons, je m'occupe de l'eau mise en place la veille, je floque des maillots si nécessaire et je prépare les déplacements. Il manque toujours quelque chose alors il faut être organisé, on m'appelle cinquante fois pour me demander de penser à un truc ou à un autre. Ce n'est pas du tout un métier ingrat car j'apporte mon aide, c'est un privilège de faire de sa passion son métier.
"Il faut être à l'écoute et connaître les habitudes de chacun, leur caractère aussi."
Pour les jours de match, dès le matin tout doit être prêt. Je vérifie et regonfle nos trente ballons qui serviront lors du match aux Costières si nous ne sommes pas en déplacement. Je prépare la collation que les joueurs prennent à la mi-temps. Je leur propose des barres de céréales, des fruits secs et quelques bananes que je découpe. Ensuite, je m'occupe des tenues. Certains joueurs se changent s'ils sont sales ou trempés, je reste discret, je les observe et je vais vers eux s'ils me cherchent du regard. Il faut être à l'écoute et connaître les habitudes de chacun, leur caractère aussi. C'est une vraie relation. J'essaie de ne pas avoir la pression mais deux heures avant le match, quand je monte dans le bus pour aller au stade, j'ai mal au ventre ! Quand on va en stage, je suis passé un mois plus tôt pour vérifier, pour connaître les lieux... C'est un bon boulot.
Quelques anecdotes ?
Avec Arles, nous avions un blessé dans l'équipe mais je ne le savais pas. On a pris la voiture avec celui qui devait être son remplaçant mais je ne le savais toujours pas et quand on m'a dit qu'il devait jouer, je n'avais pas de maillot pour lui ! Je suis allé faire mes courses dans un magasin de sport, j'ai caché le flocage, bidouillé un truc et c'est passé. Quand ça arrive, je peux vous dire qu'on se sent mal... Depuis, je prends toujours deux maillots vierges avec moi. Heureusement, Thierry Laurey, le coach de l'époque, n'a rien vu.
Avec Nîmes, je me suis trompé dans l'orthographe de Rachid Alioui une fois sur son maillot. Je n'avais pas la plaque automatique alors je l'ai fait manuellement et j'ai écrit Ailoui. C'était contre Bourg-Péronnas d'ailleurs ! Le pire, c'est qu'il a joué comme ça, que personne ne s'en est jamais rendu compte et qu'il a donné son maillot à quelqu'un, un maillot qui est devenu collector.
Vos rapports avec les joueurs et le staff sont-ils bons ?
Pour les joueurs, je suis leur papy. C'est Téji qui a ramené ça d'Arles car il était là-bas avec moi. C'est gentil, affectueux, je le prends comme un compliment. Pour le staff, tout va très bien également, on me laisse travailler, je ne fais jamais les causeries car je ne m'occupe pas du côté tactique mais on s'entend très bien. Lors des déplacements, je joue aux cartes en équipe avec Bernard Blaquart contre Fethi Harek et Pierrick Valdivia. J'adore. En revanche, je n'aime pas perdre. Les soirs de match, je râle, je suis dégoûté. Nous sommes au Nîmes Olympique pour gagner, je peux être désagréable.