NÎMES Ouverture d'un bistrot thérapeutique : partager et se souvenir des belles choses
Créé en 2013 dans le quartier de Vacquerolles à Nîmes, l'accueil de jour Les Jardins d'Aloïs a inauguré, jeudi dernier, son bistrot thérapeutique conçu par et pour les personnes atteintes d'une maladie neuro-évolutive, accompagnées par les équipes de l'association Vivadom.
"Depuis que papa vient aux Jardins d'Aloïs, il vit une deuxième vie", assure Myriam, 59 ans, accompagnée par son époux Jack, 63 ans. Trois fois par semaine, Jean-Pierre, âgé de 82 ans, atteint de la maladie d'Alzheimer, passe la porte de cet accueil de jour et participe à des ateliers sur-mesure aux côtés des équipes de l'association Vivadom. "Sur-mesure", ce mot est important car la distraction n'est finalement qu'un prétexte pour tenir en éveil des souvenirs qui sans implication, sans stimulation, sommeilleraient dans la tête, jusqu'à se perdre dans l'oubli.
Sourire aux lèvres et non sans un brin de fierté (bien méritée), l'octogénaire pointe du doigt un tableau sur lequel des bouchons en liège forment un coeur, un autre portant l'inscription "bar", une étagère, un plan de travail sur lequel repose une cafetière... Jean-Pierre, comme d'autres résidents de cet accueil de jour, a participé à la création, à l'installation et à la sélection de tous les éléments qui constituent le nouveau bistrot thérapeutique des Jardins d'Aloïs(*). Parmi ces éléments, le chouchou du papa de Myriam, le babyfoot. Et en attaque comme en défense, Jean-Pierre n'a pas perdu la main.
"Ce sont les hôtes de cet accueil de jour qui ont eu l'idée farfelue de créer ce bistrot", s'est amusé Guillaume Natton, le directeur général du groupe Vivadom, jeudi dernier. Un petit grain de folie qui a fait naître sinon un projet novateur - car il en existe déjà un petit peu partout en France - tout au moins original : un lieu de vie animé et géré par les personnes accueillies aux Jardins d'Aloïs aidées par leurs trois aides soignantes, Émilie Andreux, Laetitia Bombled et Guylaine Garaud.
"Redonner le sentiment d'être utiles"
"L'objectif est d'impliquer tout le monde, de leur redonner le sentiment d'être utiles et capables de faire des choses comme la gestion des stocks, le service etc", indique Aurélie Fournel, psychologue sur la plateforme de répit et l'accueil de jour chez Vivadom. Et ce lieu ne se veut pas cloisonné, réservé aux résidents et à leur famille, mais ouvert à tous dans un avenir très proche. "Ce qui permettra aussi de changer l'image que certains peuvent avoir de l'accueil de jour, de ne plus avoir peur de ce que ça représente", souligne la psychologue. De temps en temps, le bistrot se transformera en guinguette, Jean-Pierre révise déjà son répertoire. "Padam, padam, padam, il me fait le coup du souviens-toi..."
Stéphanie Marin
*Le Bistrot des Jardins a bénéficié d'une subvention attribuée par la Conférence des financeurs de la prévention de la perte d'autonomie du Gard présidée par Christophe Serre.