À l'accueil de la mairie, la secrétaire présente ne décolère pas, mise au chômage technique par l'absence de réseau Internet et, donc, de ligne téléphonique, alors qu'elle reçoit une habitante venue chercher des informartions. "Et depuis ce matin, nous sommes sans réseau mobile, quel que  soit l'opérateur."

Sa collègue de mairie est repartie chez elle, relever les mails adressés à la boîte communale. Car c'est le paradoxe : la ligne ADSL ne fonctionne plus mais les particuliers qui ont récemment opté pour la fibre ne sont pas touchés. Un équipement auquel n'a pas encore pu adhérer la mairie, détentrice de quatre lignes internes, ce qui nécessite de passer par une convention. "La semaine dernière, il y a beaucoup de gens qu'on ne pouvait pas joindre", explique l'adjointe au maire, Marion Choquet. Elle-même a vécu un deuil familial, qui nécessitait de prévenir de la famille proche. Mais ce n'était pas possible. 

Le village accueille d'ailleurs un certain nombre de personnes âgées, actuellement coupées du monde parce que logiquement habituées à leur ligne fixe. "Notre employé communal a aussi eu un accident de voiture mais n'avait aucun réseau pour appeler les pompiers", poursuit Marion Choquet. 

"Pour l'ADSL, il y aurait 500 mètres de câbles à changer", indique la maire Nicole Amasse, après avoir échangé avec Armando Melim, responsable des relations avec les collectivités chez Orange. "J'ai donné les numéros de fixe qui ne fonctionnent pas, comme celui de l'agence postale, en panne depuis deux mois... Comme la ligne fixe du maire, ça fait deux mois qu'elle ne marche pas. Et le standard, depuis le 15 août." 

Mercredi, Nicole Amasse a contacté le sénateur Laurent Burgoa pour qu'il aide à accélérer le processus. Ce jeudi matin, elle a pris sa voiture pour appeler, de L'Espérou, Armando Melim, responsable des relations avec les collectivités chez Orange. Vendredi, elle devrait en parler au préfet, Jérôme Bonet, de passage dans la commune limitrophe de Lanuéjols. Elle avait aussi informé un opérateur de la panne du disjoncteur sur le relais de la Croix de Fer, géré par l'opérateur Free. L'opérateur a tenté de renvoyer la responsabilité à EDF, avant de s'en occuper. "Les problèmes sont récurrents", s'exaspère Nicole Amasse. 

"On essaie de voir si on arrive à dégager des prestataires pour la semaine prochaine"

Armando Melim, responsable des relations avec les collectivités chez Orange

"Nos équipes sont déjà intervenues en juillet et août", témoigne en introduction Armando Melim qui ne souhaite pas laisser dire que les villages reculés sont moins bien traités que les villes, alors qu'il passe "les trois quarts de mon temps dans les villages. Le secteur est compliqué, poursuit-il, en faisant une allusion au même type de problème qu'a connu Dourbies l'an dernier (relire ici). Le matériel incriminé a été installé il y a un peu plus de dix ans, pour améliorer le débit dans les zones rurales. Mais il n'est plus vraiment entretenu par le constructeur parce que c'est bientôt la fin du cuivre. Donc, le matériel s'érode."

Armando Melim confirme, "il nous reste 500 mètres de câble à changer. On essaie de voir si on arrive à dégager des prestataires pour la semaine prochaine. Si on n'a pas de mauvaises surprises, tout devrait fonctionner après le remplacement." Armando Melim plaide aussi le problème conjoncturel, malgré des vols de câble moins importants en volume que l'an dernier : il y a les vacances des salariés en été, des fournisseurs qui ferment au mois d'août, et les Jeux Olympiques pour lesquels Orange, seul partenaire Telecom de l'événement, a pioché dans ses techniciens en région pour assurer la bonne tenue de la manifestation. Ce que l'entreprise fera à nouveau pour les Jeux paralympiques. "J'espère pouvoir annoncer une date d'intervention pour la semaine prochaine", conclut Armando Melim pour le volet ADSL. 

En revanche, concernant la téléphonie mobile, le responsable d'Orange plaide non-coupable : deux relais couvrent la zone, l'un géré par Orange, l'autre par Free. Mais les deux relais accueillent tous les opérateurs. Or, celui d'Orange, "mis sous surveillance pendant huit jours", n'indique aucune panne. En fin de matinée de ce jeudi, les téléphones portables se sont finalement mis à vibrer des notifications retardées. En attendant le prochain épisode, craint-on au village.