TOROS Christian Parejo et Solal sortent en triomphe de la corrida provençale
La corrida provençale de Blohorn a tenu ses promesses pour El Rafi (oreille et salut), Christian Parejo (deux oreilles et oreille) et Solal (salut et deux oreilles).
Saint-Gilles fête les 55 ans de la corrida dans les arènes Émile Bilhau et les dix ans de Toro Pasión à leur tête alors pour ouvrir la feria il fallait « un cartel avec beaucoup de piquant car ça sera la première confrontation des deux jeunes matadors nîmois » avait annoncé l’empresa Pierre-Henry Callet.
Pour la corrida de la Chaquetilla d’or, que Christian Parejo remportera logiquement, les choses étaient bien faites. Laurent Arpinon avait décoré burladeros et capotes de paseo, la Ville avait mis de la saladelle et des Indiennes un peu partout et les Arlésiennes étaient venues pour lancer le paseo qui s’est achevé par La Marseillaise et une minute d’applaudissements en hommage à Thomas Guzman, proche de la ganaderia parti bien trop tôt.
Les toros de Blohorn étaient justement au centre des discussions. De belle présentation pour Saint-Gilles, les cinquième et sixième étaient au-dessus du lot.
Premier en piste, El Rafi. Le Nîmois a montré une envie discrète mais sincère. Son opposant est quelque peu violent et le Rafi a du mal à le canaliser sans partir à la faute. Une épée un peu tombée et une pétition minoritaire lui offrent la première oreille de la tarde.
Deuxième toro et second essai pour le maestro qui ne fera que saluer. Pourtant, si le Nîmois avait montré les dents, il les montrera encore plus en accueillant, les genoux à terre, ce quatrième de chez Blohorn, un peu plus faible mais qui donne du jeu et qui a une charge vibrante. Hélas le feu qui l’anime ne brillera pas plus et la monotonie de la faena n’aidera pas le piéton à aller gratter la sortie en triomphe. Le Rafi fait ce qu’il peut mais cela ne suffit pas. Salut.
Le jeune espagnol qui est aussi Biterrois, Christian Parejo, est à Saint-Gilles un peu comme chez lui. Moins d’un an après son alternative il y revient en taille patron. Le pitchounet prouve que la gestuelle qu’il dégage plaît aux tendidos qui voient en lui un torero de douceur et de détails. Avec son premier il n’y va pas par quatre chemins et décide de tout. Les sitios sont les bons, en tout cas l’opposant les accepte et se livre. Deux oreilles tombent du palco après une épée « moyenne ».
Deux oreilles à son premier et la certitude de sortir en triomphe. Soulagé, le jeune accueille son second avec classe et pouvoir. Face à un toro de qualité, dans l’esprit des Blohorn, le torero se montre et montre son adversaire. On toro comme on aime les voir sortir du côté de Carrelet. Notons aussi le brindis au raseteur Joachim Cadenas (qui tientait ici même hier soir avec Lalo de Maria). Oreille et vuelta al ruedo pour le piéton et la dépouille du toro après une faena complexe et plaisante, directive mais douce. Étrange refus de la seconde oreille par un palco « spécial » qui en avait donné une au Rafi et déjà deux à Parejo…
Pour finir, c’est le jeune Solal qui était appelé en piste. Il saluera à l’issue de son premier duel mais on aura pu le voir à son avantage. Décidé, à l’écoute des conseils, attentif à tout et plutôt relâché. On aime le voir tomber le masque et baisser la main, oublier son bras gauche, avancer la jambe droite, banderiller avec allégresse mais respecter les choses. Un duel de qualité qui est oublié après les trois envois à l’épée… Salut.
Dernière chance pour la troisième corrida de Solal. Il y a quelques jours à Villeneuve de Marsan le Nîmois avait raté les deux oreilles, cette fois il les coupe devant un excellent dernier toro qui fera lui aussi la vuelta al ruedo. Un toro qui peut sortir n’importe où et un Solal qui a appris énormément en quelques mois. Il ne le laisse pas passer, il comprend vite que le triomphe est proche s’il se joue de l’animal dans les règles de l’art. Il y parvient avec un certain brio et le soutien inconditionnel du public. Solal complète son toreo, ouvre sa palette, fait d’excellents choix et avance dans la bonne direction !