UZÈS Au cimetière, des herbes pour lutter contre les mauvaises herbes
La ville d’Uzès est passée depuis deux ans au « zéro phyto », comprendre l’arrêt de l’utilisation des produits phytosanitaires dans les lieux publics. Dans certains lieux, comme les cimetières, cette décision, rendue obligatoire par la loi, amène la municipalité à être inventive.
Car après un premier arrêt des produits phytosanitaires dans les cimetières, la ville a été obligée de revenir en arrière dans un premier temps, sous la pression de certains usagers agacés par la prolifération d’herbes sauvages. Elle a finalement de nouveau supprimé les produits phytosanitaires des cimetières, et travaille sur des solutions pour le pas les voir envahis d’herbes sauvages. Ainsi, le bureau d’études Enfora, qui a travaillé sur le Plan d’amélioration des pratiques phytosanitaires et horticoles de la ville, dont l’objectif est de stopper l’utilisation des désherbants et de réaliser des économies d’eau, a produit plusieurs préconisations.
Parmi elles, il y a l’enherbement des allées des cimetières. Semer de l’herbe pour lutter contre les herbes sauvages, voilà qui peut paraître paradoxal. À première vue seulement : « l’idée est de garder un sol toujours relativement dur, en tout cas peu boueux, mais régulier en semant des graines d’herbe qui vont tenir les graviers entre eux, ne vont pas pousser trop en hauteur et vont asphyxier les mauvaises herbes », présente le responsable du centre technique municipal Alex Wasselin. Un mélange de graines principalement composé de fétuque, « les herbes les moins gourmandes en eau », explique Alex Wasselin, et de Ray-Grass, « dont les racines à plat vont étouffer les mauvaises herbes. » À terme, l’idée est d’avoir « des allées végétalisées, sans trop d’entretien puisqu’il n’y a pas d’arrosage, et jolies », résume le responsable du centre technique municipal. Il faudra seulement tondre de temps en temps, sachant que ces herbes « ont un développement très lent et sans hauteurs disparates », précise Alex Wasselin.
Un test
Ça, c’est pour la théorie. Pour vérifier en pratique, le jardinier chargé des cimetières de la ville Sylvain Di Nardo ensemencé ce vendredi une allée test dans le cimetière catholique. « On va analyser en 2019, et si ça fonctionne, on continuera sur d’autres allées », ajoute Alex Wasselin. Par ailleurs, une autre zone test, au fond du cimetière, sur une parcelle où il n’y a pas de sépultures, va être ensemencée au printemps prochain. Il s’agira d’y mettre une prairie fleurie, « avec des herbes beaucoup plus hautes, pour que le cimetière soit agréable », explique le responsable du centre technique municipal.
Pour Florence Binesse, du bureau d’études Enfora, ces actions sont « symboliquement très importantes, elles marquent l’arrêt total des pesticides et la volonté des élus. » Il faut dire que, d’après elle, « la commune est une vitrine des bonnes pratiques, ce qui peut aider à toucher les particuliers, les jardiniers amateurs, qui sont le deuxième consommateur de pesticides après l’agriculture. » D’autres actions vont suivre à Uzès, comme l’agrandissement de la zone de fauchage différencié — un fauchage plus tardif, lorsque les plantes ont fleuri et fructifié, qui permet à la faune de se reproduire — à la vallée de l’Eure.
Thierry ALLARD