VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON Ouverture en catimini pour l'exposition "Buffet des anciens élèves"
Le "Buffet des anciens élèves" est ouvert. C’est le nom de la nouvelle exposition d’art contemporain de Pablo Garcia qui a débuté ce 1er avril à la Chartreuse, au fort Saint-André et au musée Luxembourg. Malheureusement, au vu du contexte sanitaire, elle n’est accessible qu’aux professionnels et aux étudiants.
Mais l’artiste gardois de 37 ans, qui est basé à Saint-Victor-la-Coste, a bon espoir que le calendrier permette au grand public de la découvrir d’ici quelques semaines. Cette exposition prend la forme d’un parcours artistique entre plusieurs lieux culturels de la Ville : la Chartreuse, le fort Saint-André et le musée Pierre-de-Luxembourg. Un moyen de casser l’image de l’art contemporain cantonné aux murs d’un blanc neutre et de le contempler dans un écrin empli d’histoire.
Ce mélange des genres est possible grâce au partenariat avec le Frac Occitanie-Montpellier (Fonds régional d’art contemporain) qui a invité Pablo Garcia à suivre son programme annuel de résidence de création. L’artiste est d’abord resté quelques jours en résidence au lycée Jean-Vilar à l’automne 2020 puis à la Chartreuse.
"Buffet des anciens élèves", c’est un savant mix entre « le patrimoine villeneuvois, le quotidien des lycéens aujourd’hui et ses souvenirs d’adolescent », indique Pablo Garcia. À cela, il a ajouté une couche culturelle populaire, donnant à ses œuvres des noms de titres de films ou de chansons rap. "Buffet des anciens élèves" est d’ailleurs le nom d’un des albums du collectif de hip-hop L’Atelier.
La Tour Philippe-le-Bel, quatrième lieu d'exposition ouvert en juillet
Au fil de l’exposition, le public pourra trouver des œuvres quasi toutes inédites. À l’entrée de la Chartreuse, une bande-son tourne en boucle où on entend des lycéens de Jean-Vilar dans leur vie quotidienne mais aussi parler de harcèlement sur les réseaux sociaux. On voit aussi des photos-gravures des tables de pique-nique maculées de gribouillis et graffitis, repris sur des normographes.
À travers un triptyque, Pablo Garcia provoque l’oxymore entre art et marques, mettant au centre de ces panneaux la bière 8.6, BMW ou Nike. Comme si elles étaient élevées au rang d’icônes. Certains repéreront peut-être le clin d’œil irrévérencieux accordé au "Couronnement de la Vierge" conservé à la livrée cardinalice Pierre-de-Luxembourg. On vous l'a dit, l’artiste valse avec les codes.
À l’étage de la Chartreuse, on voit des mini-monuments faits de formes géométriques noircies. S’y méprenant avec les fameux cubes de construction de notre enfance. Certains sont brisés telles des ruines, d’autres évoquent des lieux connus comme le Pont du Gard. Qu’est-ce qui est beau, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Pablo Garcia interroge ici une forme de catégorisation esthétique sur l’architecture.
Un quatrième site d’exposition s’ajoutera à ce cheminement artistique à partir du 3 juillet : il s’agit de la Tour Philippe-le-Bel. Pablo Garcia a endossé le costume de commissaire d’exposition et a sélectionné quelques œuvres de la collection du FRAC Occitanie-Montpellier pour les disposer ici. Espérons que d’ici cette date, le contexte sanitaire permettra au grand public de s’y aventurer.
Marie Meunier