CONNAUX Avec « Le loup du Liban », Jean-Jacques Morize signe son premier polar
On le connaissait photographe de charme et réalisateur de films pour adultes : avec « Le loup du Liban », publié début décembre aux éditions Maïa, Jean-Jacques Morize, installé à Connaux près de Bagnols, ajoute une nouvelle corde à son arc.
Il n’y a pas d’âge pour signer un premier roman. Dans le cas de Jean-Jacques Morize, ce moment arrive à 74 ans après une vie bien remplie, vécue principalement à Paris, sa ville d’origine, où il a mené une longue carrière pour le moins atypique. Photographe de charme pour les plus grands titres du genre, il réalisera par la suite 150 films pornographiques sous pseudonyme avant de prendre sa retraite à Connaux. C’est là que l’écriture va pointer le bout de son nez.
« En arrivant ici, j’ai perdu tous mes contacts, j’ai fait une déprime », rejoue-t-il sans détour. L’écriture va lui permettre de remonter la pente. D’abord en duo avec son ami écrivain Serge Koster, avec qui il signe en 2021 chez Sydney Laurent « Figures de style », recueil de photos de charme mises en regard de textes, puis en solo son autobiographie « Le coeur battant » quelques mois plus tard aux mêmes éditions. Le polar arrivera naturellement derrière : « J’en lis plein, et Serge Koster m’avait dit "écris si tu as envie d’écrire" », glisse-t-il.
Depuis, porté par une envie de « raconter des histoires », il « écri(t) tous les jours », et a donc publié « Le loup du Liban », polar à la double intrigue. L’une familiale, avec les retrouvailles entre deux jumeaux qui ne se connaissaient pas, tirant ainsi le fil d'un lourd secret de famille. L’autre autour d’une série de meurtres de notaires par de mystérieux libanais. L’écriture est fluide et très cinématographique. « J’ai réalisé des films, certes un peu chauds, mais il y en a certains où il y avait des histoires, rigole-t-il. Quand j’écris je me représente la scène telle que je la verrais au cinéma, un peu comme un scénario. »
Le livre est à l’image du personnage, à la fois sérieux et facétieux. Sérieux, car documenté, tant sur les lieux, que Jean-Jacques Morize connaît et a fréquenté (« toutes les brasseries, tous les restaurants, tous les menus existent vraiment ») que sur le Hezbollah, présent dans l’intrigue. Un gros travail de documentation permettant au lecteur de s’immerger plus facilement dans un récit vraisemblable, mais qui n’empêche pas l’auteur de se livrer à des traits d’humour et des anecdotes savoureuses, mais vraies. Par exemple, celle sur ce diplomate dominicain, Porfirio Rubirosa, ayant donné son nom aux grands moulins à poivre pour une raison facile à imaginer pour les esprits mal tournés. On ne se refait pas… « Ce genre de détails me fait marrer », avoue-t-il.
Jean-Jacques Morize se montre aussi imaginatif, notamment dans les manières qu’ont les tueurs d’exécuter leurs victimes. « J’ai trouvé ça marrant », glisse-t-il. Le lecteur aussi, au fil des pages d’un premier polar réussi. Un autre suivra : Jean-Jacques Morize travaille déjà sur le prochain.
« Le loup du Liban », par Jean-Jacques Morize, a paru aux éditions Maïa, collection Regards noirs, 182 pages. 20 euros. Plus d’informations ici.